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Les Mayibobo, une bombe sociale à retardement ?

Mayibobo, les enfants en situation de rue sont nombreux dans la ville de Bujumbura ; résultat de l’échec des politiques publiques et des gouvernements qui se sont succédé qui, chaque année, organisent des rafles afin de les réinsérer dans leur famille ou dans les centres d’accueil. Quelles solutions durables ?

Au centre-ville de Bujumbura, une scène déchirante se livre, comme chaque nuit, aux habitants de ce quartier huppé de la capitale économique : un Mayibobo vole un sac à main d’une femme et disparait dans le canal d’évacuation des eaux usées situé devant le Building de la ZEP. 

Pendant la journée, chaque boulevard, chaque carrefour ou rond-point est remplit de ces enfants de rue qui se frayent un chemin au milieu de la circulation. Ils s’agrippent à l’arrière des camionnettes, quémandent ou agressent les automobilistes et les piétons.

Ces scènes révoltent les citadins. Certains perdent les documents de voyage, les téléphones portables, etc. D’autres sont blessés par ces gamins quand ils tentent de se défendre. 

Victimes et acteurs de violences

Ne vous trompez pas. Même s’ils vivent en bande, chaque enfant a sa propre histoire. Certains se retrouvent dans la rue parce qu’ils sont orphelins, d’autres parce qu’ils sont dans une famille recomposée et qu’on ne soucie plus d’eux. La troisième catégorie regroupe tous ceux qui sont une charge économique trop lourde pour leurs parents. 

Le calvaire de la rue ne freine pas leur croissance. Les Mayibobo grandissent et deviennent adultes dans les rues. Cependant, leur présence provoque un sentiment de rejet et d’insécurité qui grandit au fur et à mesure que leur nombre augmente.

Victimes de violences, des injustices et des crimes, les Mayibobo en sont aussi des acteurs actifs. Par dizaines, ces damnées du centre-ville se constituent en groupe pour se protéger contre les adultes, qui résument à leurs yeux tout le mal qui se lit sur leurs visages. A toute tentative d’approche d’un inconnu adulte, leurs traits se crispent et leurs voix se nouent de vibratos.

La vie de ces enfants est aussi sombre que la nuit épaisse qui tombe sur Bujumbura. C’est la raison pour laquelle beaucoup sombrent dans la drogue. Quel type de drogues consomment-ils ? De la colle ou de chanvres, c’est en fonction de la « recette » encaissée pendant la journée. Avec des petites bouteilles en plastique collées au nez, ils sniffent la colle à longueur de journée. 

Depuis quelques années, l’Etat fait des rafles pour ramener ces enfants dans leurs familles d’origine. Pourtant, au vu de l’envergure de ce phénomène, les résultats se font encore attendre. En dehors du sentiment d’insécurité que leur apparition à tout coin de rue ou boulevard provoque pour les citoyens, ces enfants et adolescents qui n’ont pas de raison de vivre deviennent trop nombreux et cela représente une bombe sociale à retardement. 

 

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