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Le massacre de 1995 à l’UB : comment rebâtir un avenir plein d’espoir ?

En juin 1995, l’Université du Burundi a connu un massacre des étudiants. 28 ans après, cette institution académique héberge une génération qui n’a pas vécu cette tragédie et qui n’est donc pas responsable de ce passé douloureux. Mais la transmission des mémoires, elle, ne s’est pas arrêtée pour autant. Quelle attitude devrait être celle des étudiants qui n’ont rien à voir avec cette histoire ? Quelques pistes de réflexion.

En janvier 2020, je suis entré à l’université du Burundi, au campus Mutanga. J’avais une immense joie d’arriver enfin à cet endroit qui habitait mes rêves depuis l’école secondaire. Pendant les premiers jours, les honorables ‘’poillissimes’’ (les anciens étudiants) nous ont initiés à la vie estudiantine, une fierté, en tout cas pour moi. 

Quand approchait le mois de juin, j’ai commencé à entendre parler de la journée commémorative des massacres des étudiants commis le 11 juin 1995. J’ai été étonné, car je ne savais rien de cette triste histoire. Cette année-là (2020), un monument en mémoire des étudiants massacrés en 1995 a été érigé au campus Mutanga. Sur ce dernier, est écrit : « Abanyeshure bagandaguwe bazira ko ari abahutu », « Zirikana ivyabaye ntibize bisubire ».

Pour en savoir plus, j’ai cherché où trouver des écrits qui peuvent me renseigner sur la genèse de ce massacre. J’ai profondément cogité sur comment cet endroit réputé être le réservoir du savoir est descendu si bas. 

Mais le plus important était de savoir comment mes condisciples qui n’ont pas vécu ces moments appréhendent cette histoire tragique. Sauf que je me suis abstenu de demander leurs sentiments à ce sujet. Trop sensible. 

A la découverte des autres sentiments

Trois ans après mon entrée à l’UB, je viens de participer à une conférence animée par deux anciens présidents, Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye, avec quelques autres étudiants de cette même institution. Lors de cette conférence, la confiance régnait. Pendant les échanges, deux catégories de questions sont parues. L’avenir de la jeunesse d’aujourd’hui et le comportement que cette dernière devrait adopter face aux mémoires divergentes. La participation à cette conférence m’a permis de découvrir ce que pensent certains étudiants sur la question des ethnies. 

Une étudiante s’est prononcée en ces mots: « Nous sommes une génération qui n’a pas vécu des moments de crise, mais les maux en rapport avec les crimes ethniques existent encore. N’est-il pas important de nous apprendre à cohabiter pacifiquement ? »

Complétée par sa consœur : « Nous voulons des conseils, savoir comment nous comporter face au passé jalonné par des crises ethniques ».

Un avenir libre de toute chicanerie ethnique 

L’ancien président Ntibantunganya, exhorte les jeunes à la prudence : « La jeunesse d’aujourd’hui n’a pas été responsable des crises qu’a connues le Burundi. Leur parler du passé, c’est mieux. Mais, il est plus qu’important de leur montrer comment prendre en mains leur avenir ». 

Je joins M. Ntibantunganya pour lancer ce conseil aux nouvelles générations d’étudiants. Pour ceux qui se trouvent à l’Université du Burundi actuellement, la majorité est née entre 1996 et 2000 ou plus. Ils n’ont pas du tout vécu ce passé rempli d’amertume qu’a vécu certains de nos ainés.

Cependant, chaque fois qu’ils entrent à l’université, ils ne manquent de lire une partie du message écrit sur le monument que j’ai déjà évoqué plus haut. Ce message mentionne l’ethnie qui a subi ce massacre, ce qui sous-entend l’autre ethnie qui l’a commis. Est-ce un bon message en ces temps où la réconciliation devrait être le maître-mot ? 

« Que ces actes ignobles ne se reproduisent pas », voilà la morale de cette triste histoire sur laquelle nous devrions bâtir un avenir libre de ces chicaneries ethniquesC’est peut-être ce message sur lequel nous devrions insister. Inutile de ruminer le passé. Bien sûr, il ne faut pas oublier, mais encore faut-il que malgré ce passé, nous construisions un avenir plein d’espoir pour la communauté estudiantine  dans son ensemble. 

 

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Les commentaires récents (2)

  1. Il faut que nous restions vigilants,bien sûr nous,qui avons subi ces moments si douloureux ! L’importance de ce monument !

  2. Toute vérité est bonne à dire mais à condition de prendre en considération cette construction :
    1) à qui la dire ?
    2) Quand la dire ?
    3)comment la dire ?
    Je rejoint ma communauté pour dire « plus jamais ça »
    Que Dieu protège notre nation.