La crise que traverse le Burundi depuis plus deux ans crée de plus en plus d’ennemis. Après le Rwanda et la Belgique accusés par Bujumbura d’être la source de tous les maux du monde, c’est le tour de l’Union européenne d’être maintenant l’ennemi public numéro un. Le dessinateur Alif se demande si s’attaquer à cette communauté n’équivaut pas d’une certaine manière à mordre la main qui te nourrit.
Le week-end passé aura été rythmé par une série de tweets des supporters du pouvoir de Bujumbura où le représentant de l’UE était la cible. Un site web ira même jusqu’à « révéler » que l’UE a soutenu les opposants du 3ème mandat, vu que les faits dont elle est accusée datent d’avant la crise électorale.
«Nous réfutons formellement ces accusations. Elles se basent sur une interprétation volontairement erronée d’un programme de soutien aux défenseurs des droits de l’homme », a récusé par après l’UE.
Et de préciser que la politique extérieure de l’UE est fondée sur la promotion des droits de l’Homme à travers le monde, et la protection de leurs défenseurs.
Mais quand l’on sait déjà que l’UE paie les frais des militaires en mission de la paix en Somalie et que le gouvernement du Burundi est aux abois à cause du manque des devises, ne peut-on pas se demander si le geste posé par Bujumbura aura sans doute un effet boomerang. N’est-ce pas ce qu’on appelle cracher dans son assiette ou cracher sur la main qui te nourrit ? La sagesse burundaise nous dit: «Umwana abisha (asohoka) mu ngovyi bwaca bagasubira bakayimuhekamwo », pour dire qu’il n’est peut-être pas prudent de se lancer dans un conflit ouvert avec plus fort que soi.