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Le village où le cannabis pousse comme du chiendent

Il est au menu des meilleurs coffee shops des Pays-Bas: le Malana Cream, l’une des meilleures variétés de haschich au monde. Il est fabriqué à Malana, un petit village indien de montagne qui a ses propres us et coutumes. Mais aussi bien la production de haschich que la culture séculaire sont menacées. Le monde moderne est en marche.

Moti est assis sur un escalier de pierre à côté du temple, à côté d’un tas de plantes à cannabis. L’homme effeuille les branches une à une afin de frotter les feuilles entre ses mains pour en faire du cannabis. Un touriste espagnol coiffé de dreadlocks s’approche de lui, mais Moti proteste vivement à cette approche. Il indique au touriste une affiche qui est accrochée au temple. « Ne pas toucher ». Le touriste veut s’en aller, mais Moti ne le laisse pas partir si vite : « Veux-tu acheter du charras (hasch)?  »

Les visiteurs de Malana entendent couramment cette phrase prononcée d’emblée. Avec d’autres hommes du village, Moti est assis toute la journée près du temple, fume sa pipe bourrée de hasch et vend du charras.

 

Malana Cream

Le « Malana Cream« , ainsi se somme la spécialité locale, est réputée dans le monde entier. Dans le village il est vendu pour environ 20 euros par 10 grammes, trois fois plus que les autres sortes de haschich de l’état de Himachal Pradesh. Aux Pays-Bas, il est revendu pour trois fois plus cher, c’est-à-dire 12 euros par gramme, 10 fois plus que les sortes de haschich les moins chères.

 

Les touristes viennent du monde entier, mais principalement d’Europe, d’Israël et d’Inde. Ils pardonnent la façon avec laquelle ils sont traités. Les étrangers n’ont le droit de toucher ni à rien ni à personne à Malana. Les 1.600 habitants croient qu’ils sont si purs qu’ils considèrent tous les non-Malanais comme indignes d’être touchés.

 

Légende

Selon une légende, les Malanais descendent de soldats de l’armée d’Alexandre le Grand, qui s’est retiré de la région en 326 avant J.C.
Une langue spécifique, une architecture particulière, une démocratie séculaire et la peau claire de quelques habitants semblent confirmer cette théorie.
Les habitants eux-même croient qu’ils descendent du saint Jamdagni Rishi, leur dieu, qui a aussi le dernier mot au parlement de Malana.

Mais Jamdagni Rishi perd un peu de sa puissance à Malana. Les antennes paraboliques de télévision remplacent sa photo dans plus d’une maison. Le changement s’est amorcé en 2005, quand une entreprise d’énergie a creusé un petit lac. Le projet a apporté l’électricité au village, une petite école et un médecin, ainsi qu’un chemin qui rapproche les habitants un peu plus chaque jour du reste du monde. Pour arriver à pied à Malana, il faut maintenant une demi-heure à la place de plusieurs jours auparavant. L’année prochaine, le chemin sera entièrement terminé.

 

Ambiance exotique

« C’est un tout autre Malana maintenant », raconte un touriste indien qui vient dans le village chaque année depuis dix ans pour le hasch et l’ambiance exotique. « Les gens s’habillent différemment, il y a de plus en plus de touristes. C’en est terminé de la tranquillité.  »

La police rompt le calme plus souvent. « Ils viennent au moins une fois par an. Le mois dernier encore, ils ont coupé toutes les plantes qu’ils pouvaient », dit Moti.

 

Chiendent

Mais malgré le chemin, le combat avec les autorités contre la production de hasch est difficile. Le cannabis pousse comme du chiendent, haut de plusieurs mètres dans tous les jardins autour des maisons. Les plantes poussent aussi dans les montagnes qui entourent Malana et n’appartiennent officiellement à personne.

Un ex-agent de la brigade des stupéfiants essaie d’utiliser une autre tactique. Il propose des semences subventionnées de haricots et de petits pois pour décider les habitants de Malana à changer de type de culture. Bien qu’une poignée de familles ait signé pour cultiver ces légumes, ce projet semble une peine perdue. « Nous cultivons bien des légumes et des épices, mais rien ne rapporte autant que le hasch », confesse le paysan local Shubb Ram.

Contrefaçon

Le Malanais se fait du soucis sur l’avenir du Malana Cream. « Le chemin apporte beaucoup de saletés. La qualité du sol s’en ressent.  » Il pense également qu’une augmentation du tourisme à Malana n’apportera pas que du bien. « Il n’y a pas asses de haschich. Maintenant il y a beaucoup de contrefaçon sur le marché. C’est mauvais pour notre nom.  »

 

« En prenant du Malana Cream, vous n’êtes pas « stoned » mais « high ».

 

Une petite enquête dans les coffee shops à Haarlem et à Amsterdam démontre que le Malana Cream est au menu des meilleurs cafés. Selon Jason den Enting, le directeur de « de Dampkring » à Amsterdam, il s’est vendu très bien dans les années 70 et 80. « Mais maintenant, ce sont surtout les vrais connaisseurs et les Italiens ainsi que les Israélites qui veulent avoir le hasch. C’est aussi l’un de mes favoris.  » Chez Willie Wortel à Haarlem, on ne le trouve plus sur la carte. « il y a deux ans encore, il se vendait bien, mais la personne qui l’apportait depuis l’Inde n’est pas venu depuis un certain temps », raconte un vendeur. Au coffee shop amstellodamois Greenhouse Namasté, on peur encore le trouver.

 

Le gérant du Dampkring raconte que le haschich indien est fabriqué d’une autre manière que celui du Maroc. « La plante n’est pas séchée pendant son traitement. Les bouts sont roulés entre les mains et ce qui reste entre les mains est utilisé pour faire des petits bâtonnets. »

 

C’est pour cela que le prix moyen du Malana est plus haut que la moyenne. Le Malana moyen coûte 5 à 8 euros par gramme. Le Malana Cream se négocie entre 12 et 15 euros lê gramme. Le Cream est selon Jason den Enting réellement une sorte exclusive. « C’est un hasch sucré, délicieux. Vous n’êtes pas « stoned », mais « high ».

Belinda van Steijn

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