Chaque 14 juin, le monde célèbre la journée mondiale du donneur de sang. Au Burundi, un pays où la culture du don de sang n’est pas du tout ancrée, des vies sont sauvées quotidiennement grâce à quelques volontaires. Comme celle d’Anicet Ndarubonye.
« Urgent urgent urgent! En service de réanimation de l’hôpital militaire de Kamenge, il y a un malade du groupe sanguin O¯ dans un état critique et qui a urgemment besoin du sang. On n’a pas pu en trouver au Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS) car il y a rupture totale du sang O¯. Quiconque du même groupe sanguin voudrait bien nous aider pour sauver notre malade est prié de nous rendre ce service si louable. Dieu seul saura le récompenser »
Ce message est apparu le 17/06/2016 dans différents groupes Whatsapp venant d’un membre de la famille du magistrat Anicet Ndarubonye qui, à l’époque, souffrait d’une cardiopathie exigeant une transfusion sanguine au vu de son état hémodynamique instable.
Le désespoir
Le magistrat Ndarubonye devait attendre une commission médicale pour aller subir une intervention chirurgicale pour une maladie du cœur à l’étranger. Mais un certain 16ème jour du mois de juin en 2016, son état de santé se détériore. Il est vite admis en réanimation et l’urgence de transfusion sanguine s’impose.
« Ma famille craignait pour ma santé, j’étais en état de choc, et petit à petit je sentais mon cœur me lâcher », confie le magistrat avant d’ajouter : « Quand on m’a dit que le sang compatible à mon groupe sanguin est rare et qu’il n’y en avait pas dans tous les stocks, mon désespoir a augmenté et je me voyais mourir.»
Mais le matin du 18/06/2016, plusieurs personnes du groupe sanguin O¯ ayant vu le message d’alerte via whatsapp arrivent au CNTS et sept d’entre elles sont éligibles pour donner du sang. Elles en donnent assez pour que la vie du magistrat soit sauvée. Quelques mois plus tard il est opéré à Khartoum et revient chez lui sain et sauf pour finir par se marier quelque temps après.
La naissance de l’Association des Donneurs Universels de Sang (ADUS)
Ce jour où la vie d’Anicet fut sauvée a vu aussi naître une initiative louable. Les donneurs O¯ réunis au CNTS ce jour-là se sont alors dit de créer un groupe whatsapp qui deviendra plus tard l’association des donneurs universels de sang. « Nous avons créé un cadre nous facilitant de venir en aide aux patients pour lesquels il y a rupture de sang et dont le besoin de transfusion se révèle urgent. Nous avons déjà aidé et sauvé pas mal de malades et nous ne comptons pas arrêter », assure Ferdinand Yamuremye, aujourd’hui le représentant de l’ADUS, qui est devenue depuis une structure solide.
Si de telles bonnes initiatives sont à encourager, il revient quand même à souligner que le minimum pour mes compatriotes est de savoir son groupe sanguin. Car imaginez-vous, lorsque Anicet Ndarubonye faisait face à la mort à cause de son anémie, sa sœur, qui était en même temps sa garde-malade, apprendra plus tard qu’elle était du même groupe sanguin que son frère et était aussi éligible à lui donner du sang, donc à le sauver.
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