Malgré leur majorité numérique, les jeunes Burundais restent sous représentés dans les instances politiques de prise de décision. Ce contexte de précarité dans la participation des jeunes dans les instances décisionnelles ne consacre pas leur exclusion à la gouvernance du pays alors que le passé prouve que jeunesse n’est pas synonyme d’impuissance. Ce blogueur réfléchit sur cette réalité préoccupante.
À seulement 26 ans, Quesnay de Jésus Akabahinga est devenu directeur général de l’Office Burundais des Mines et des Carrières (OBM). Sa nomination a surpris le public, peu habitué à voir des jeunes à la tête de secteurs stratégiques. Cela met en lumière la faible participation des jeunes dans les instances décisionnelles, malgré leur représentation de plus de 60 % de la population burundaise. Examinons leur présence dans ces instances.
Pourquoi les jeunes sont-t-ils sous représentés ?
Les partis politiques jouent un rôle clé dans la définition des priorités politiques. Ainsi, l’implication ou la participation des jeunes à la vie politique peut commencer dans ces partis. Pourtant, ces derniers ne précisent souvent pas la place des jeunes dans leurs statuts.
La Coalition burundaise des défenseurs des droits de l’homme souligne que, les jeunes sont souvent cantonnés à des rôles de mobilisation et de démonstration de force dans des activités spécifiques. Ils sont rarement présents dans les organes de décision de leurs partis politiques ou du pays.
Selon une récente étude de l’Association des femmes rapatriées du Burundi, les jeunes présents dans les postes électifs représentent une moyenne de 6,7 %.
Le politologue Denis Banshimiyubusa explique que l’absence de cadre légal dans les partis empêche les jeunes d’accéder aux instances décisionnelles, créant une barrière institutionnelle. Ce politologue aussi ajoute qu’il n’y a aucune loi qui oblige les partis politiques à intégrer les jeunes dans leurs organes de décision à un pourcentage déterminé.
De plus, une étude de l’association Burundi Leadership Training Program (BLTP) identifie d’autres facteurs comme le manque d’expérience, l’égoïsme des aînés, les conflits générationnels, le découragement, les préjugés et l’absence de leadership transformationnel chez les jeunes.
Des jeunes leaders ont pourtant marqué l’histoire du Burundi
Malgré cette perception sociétale qui tend à infantiliser les jeunes, l’histoire burundaise prouve que ces derniers peuvent jouer un rôle crucial dans le développement du pays.
Par exemple, le Prince Louis Rwagasore, dans la vingtaine, a été un acteur clé dans la lutte pour l’indépendance. Melchior Ndadaye, quant à lui, est devenu le premier président démocratiquement élu du Burundi à 39 ans en 1993. Ces exemples peuvent nous amener à reconsidérer les conditions légales qui exigent un âge minimum pour accéder à certains postes de responsabilité. Peut-on imaginer un jeune de 25 ans occupant efficacement un poste de responsabilité ? Oui, mais à condition d’une préparation adéquate en leadership, couvrant plusieurs volets. Les jeunes sont l’avenir de toute démocratie. Ils peuvent déjà apporter de nouvelles idées pour bâtir un Burundi prospère et fort dans sa diversité.