La récente mesure d’interdiction des files aux stations-service avant qu’elles ne soient approvisionnées, en raison des pénuries de carburant intrigue. Qu’est-ce qu’elle va changer puisque la racine du mal est la carence des produits pétroliers, se demande cette blogueuse.
Cher Ministre,
Tout d’abord, permettez-moi de saluer cette initiative prise par les autorités pour garantir la sécurité routière. Les longues files d’attente aux stations-service ont trop souvent été le théâtre d’incidents tragiques, mettant en danger la vie des conducteurs, ainsi que celle des autres usagers de la route. Cette interdiction est un pas courageux vers un environnement routier plus sûr pour tous, et je vous en suis reconnaissant.
Cependant, je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’inquiétude quant aux implications de cette mesure pour la vie quotidienne des citoyens. La pénurie de carburant est une réalité difficile à ignorer. De nombreux travailleurs dépendent de leur véhicule pour se rendre au travail, amener leurs enfants à l’école et effectuer d’autres tâches essentielles, sans négliger les transports en commun. Face à cette interdiction, il est crucial que des solutions alternatives soient envisagées pour garantir la continuité de ces activités vitales.
Cher Ministre,
Je vous implore de considérer avec empathie les préoccupations légitimes de la population. Il est essentiel que chaque citoyen soit informé et sensibilisé à la gestion responsable de leur consommation de carburant. Les propos du Colonel de Police Désiré Nduwimana, porte-parole de la police nationale du Burundi, sont non seulement pertinents, mais également empreints de bon sens : chaque propriétaire de véhicule doit être encouragé à vérifier régulièrement le niveau de carburant dans son réservoir et à planifier ses déplacements en conséquence. Cependant, il est crucial de reconnaître que la pénurie de carburant est devenue une routine. Les propriétaires des véhicules restent aux aguets pour savoir où il y a du carburant. Cette décision ne remue-t-elle pas le couteau dans la plaie ou ne va-t-elle pas empirer une situation qui était déjà très compliquée ?
Les conducteurs ne vont-ils pas être désorientés par cette interdiction de faire la queue aux stations-service lorsque celles-ci ne sont pas approvisionnées en carburant ? Les conducteurs ne font pas la queue par plaisir, mais par nécessité. Le secrétaire général de l’Atrabu exprime des inquiétudes légitimes quant à l’impact sur les véhicules de transport en commun, qui risquent de manquer davantage de carburant, réduisant ainsi leur capacité à assurer efficacement leurs fonctions essentielles.
Cher Ministre,
Malheureusement, cette interdiction semble n’être qu’un pansement sur une plaie béante. Par le passé, d’autres initiatives ont été prises pour tenter de gérer la pénurie de carburant. Mais elles n’ont pas apporté de solutions pérennes. Ainsi, la création de la Société de Gestion des Produits Pétroliers du Burundi (SOPEBU) qui visait à rationaliser la distribution et l’approvisionnement en carburant sur l’ensemble du territoire avait suscité une lueur d’espoir. Cette société avait été créée par décret du 20 février 2024 avec un capital de 120 milliards BIF. Son impact actuel est discutable, c’est le moins que l’on puisse dire.
Pour toutes ces raisons, je vous exhorte à explorer une approche holistique et des solutions à long terme pour répondre à ce défi récurrent. Investir dans des infrastructures de stockage et de distribution de carburant plus efficaces, promouvoir l’utilisation de sources d’énergie alternatives et encourager la mise en place de politiques de transport durable sont autant de pistes à explorer pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles et garantir une mobilité durable pour tous.