Le 20 mars 2025, Yaga célébrera ses dix ans d’existence. J’ai pu attraper le train en marche : aujourd’hui je travaille pour cette organisation. Cet anniversaire n’est donc pas seulement qu’un chiffre. Mis à part le travail, cette aventure m’a fait grandir au-delà de ce que j’espérais. Voici mon histoire.
Les années passent vite ! C’était en 2018, lorsque j’ai entendu parler de Yaga pour la première fois. J’étais encore à l’université. Des affiches annonçaient un débat organisé par Yaga à l’Université de Ngozi. Curieux, j’y ai assisté. Pour la petite blague, les Yagistes qui montaient pour organiser le débat étaient bien habillés, parfumés. Vous imaginez déjà l’admiration que cela a suscitée dans ma tête nk’umwana wa ruguru.
J’ai été captivé par ces jeunes qui débattaient avec passion sur des sujets de société.
Quelques mois plus tard, un appel à candidatures pour un camp d’été organisé par Yaga a été lancé. J’ai postulé, mais malheureusement ma candidature n’a pas été retenue. Honnêtement, je souris à chaque fois que j’ouvre ma candidature que j’avais soumise à l’époque. J’ai honte de le relire aujourd’hui.
Les histoires du genre ngo upostuye rimwe ntibicemwo il faut continuer, ce n’était pas pour moi. J’ai mis Yaga de côté et j’ai poursuivi ma vie d’ingénieur. Diplômé la même année, j’ai décroché un emploi. Je suis entré dans une routine bien rodée : travail, maison, cuisine, films et bière. La lecture ne faisait plus partie de mes habitudes, et mes parents avaient souvent tout tenté, vyari vyaranse. Mais tout changa lorsque je suis venu vivre à Bujumbura.
Une deuxième chance inattendue
J’habitais à Gasenyi et j’avais un ami qui était blogueur à Yaga. A chaque fois que je passais chez lui, il était en train de lire et d’écrire des articles sur son ordi. Un bon matin, je lui ai demandé de me partager certains de ses textes. J’ai commencé à lire les billets de Yaga et, à ma grande surprise, ntangura kuzikunda, vu que les sujets politiques et économiques m’intéressaient beaucoup.
Un jour, alors que j’étais dans un bar, mon ami m’a envoyé un appel à candidatures pour rejoindre Yaga. Sans trop réfléchir, je l’ai partagé avec mes amis. Boom, ils m’ont tous découragé : « Yaga, ce n’est pas pour tout le monde, surtout pour quelqu’un comme toi, uva ruguru ». Découragé, j’ai mis l’appel de côté.
Le jour du deadline, mon ami m’a relancé :« As-tu envoyé ta candidature ? ». J’ai répondu, un peu fataliste : « À quoi bon ? On m’a dit que Yaga, ce n’est pas pour tout le monde ». C’est là qu’il m’a raconté son propre parcours : lui aussi avait entendu la même rengaine, et pourtant, il avait été sélectionné. « Ce qui compte, c’est d’être bon. Prends ton temps, prépare ton dossier ».
Motivé, j’ai finalement soumis ma candidature. Quelques semaines plus tard, un mail tombe dans ma boîte : je suis sélectionné.
Des débuts difficiles…
Après une formation à la Maison de la presse, certificat en main, je suis rentré chez moi, déterminé mais aussi inquiet. Quelques jours plus tard, j’ai contacté un aîné de Yaga, Égide Nikiza, pour lui demander conseil. Il m’a dit : « A Yaga, il faut bosser dur. Il y a de la compétition, les éditeurs choisissent les meilleurs textes. Un faux pas dès le début, et c’est fini ». Ces paroles m’ont terrifié. Je me souviens un jour, je passais au bureau de Yaga, et j’étais paralysé. Autour de moi, des jeunes qui parlaient un français impeccable, avec des analyses pointues. Je n’ai pas ouvert la bouche.
Petit à petit, j’ai commencé à bosser sérieusement à sacrifier des nuits et des week-ends pour me concentrer pleinement. Au fil du temps, j’ai pris l’habitude de produire des articles régulièrement. Néanmoins, je me suis éloigné de Yaga, m’aventurant vers d’autres horizons. Néanmoins, je continuais à écrire des textes.
L’homme que je suis devenu grâce à Yaga
Aujourd’hui, je peux rédiger des articles de qualité, faire des analyses approfondies, concevoir et gérer des projets et des partenariats, suivre et évaluer des projets. Tout ça, je l’ai appris à Yaga. Ce dernier pour moi est un véritable espace d’apprentissage, un tremplin pour les jeunes talents de tout horizon. Comparé à d’autres structures où j’ai évolué, Yaga m’a permis de grandir, de m’épanouir au niveau professionnel.
J’espère qu’un jour, un autre jeune pourra bénéficier de cette opportunité, aiguiser ses capacités et s’épanouir professionnellement. Joyeux anniversaire Yaga ! Que ta vision continue de transformer des vies ! C’est tout le mal que je te souhaite.