article comment count is: 0

Je veux que mon enterrement se déroule ainsi…

La mort surprend. Elle vous trouve au beau milieu de votre train-train quotidien, et vous arrache au monde des vivants. Ensuite, c’est à d’autres que revient la tâche de préparer vos obsèques. Moi, je ne le souhaite pas. Voici mes instructions. Objectif: éviter que ma mort laisse un gouffre financier chez mes proches. 

Ce jour-là, je ne veux pas une tombe classique. Je ne veux aucune tenue extravagante qui ne me servira strictement à rien. Je souhaite être enveloppé dans un drap blanc et enterré dans un trou à ma taille. Pas de dallage, ça coûte une fortune et honnêtement, ça ne sert à rien. Le défunt n’en a rien à secouer pour la simple et bonne raison qu’il est mort et ne peut rien apprécier. Il ne peut pas se plaindre de ne pas avoir de dallage ou de toit au-dessus de sa tombe.

Où en étais-je ? Ah oui, pas de dalles, ni de grosse croix. Je veux une pierre tombale. Et sur ce rocher seront gravés mon nom et prénom, ma date de naissance et de décès ainsi qu’une petite citation drôle qui dessinera un sourire sur le visage de quiconque s’arrêtera pour regarder ma dernière demeure. Ces constructions rocambolesques sans utilité autre que faire dépenser sa famille, je n’en veux fichtre pas !

Ce jour-là, il faudra piocher dans ma playlist préférée pour agrémenter la cérémonie. Je fais confiance à mes frères et sœurs et à mon meilleur ami pour ça. Je veux des chansons joyeuses, dansantes, qui remontent le moral.

J’écrirai au plus tôt une lettre à toutes les personnes qui comptent ou ont compté dans ma vie, missive qu’il faudra lire à l’assemblée. Je ne peux pas exiger que personne ne pleure à mes funérailles. Je sais à quel point il est douloureux de perdre un être cher et ô combien herculéen il peut être de ne pas verser ne serait-ce qu’une seule larme.

A propos de fleurs ?

Pourquoi diantre une telle dépense pour une personne qui ne les verra même pas ? Je le dis à l’avance. De grâce, au lieu d’acheter ces fioritures, il sera préférable de donner l’argent leur consacré à ma famille. Il leur sera d’une plus grande utilité que quelques bouquets qui faneront après quelques jours.

Puisque les coutumes ont la peau dure et ne peuvent être changées par ma seule volonté, ma famille sera obligée d’organiser une levée de deuil. Après tout, nous vivons dans une société régie par une culture multiséculaire et surtout construite sur les ragots. Mais si cela ne tenait qu’à moi, je ne ferais rien de tout cela. Enterrement et puis zou, à la maison !

Et enfin, quand viendra le moment, après toutes les cérémonies de se remplir la panse, ma volonté serait que ceux qui viennent manger apportent chacun un plat, afin d’alléger la charge pour ma famille. Par ailleurs, dans le Burundi traditionnel, n’étaient-ce les proches de la famille éprouvée qui cuisinaient pour cette dernière ? Les temps ont bien changé.

Mais en attendant, je pète la forme, je suis encore de ceux que la mort surprend. Je sais qu’elle peut survenir à n’importe quel instant, la Faucheuse. Alors je me prépare, essaye de vivre le plus honnêtement possible, en paix avec ma conscience et mon entourage et en perpétuelle quête du but de ma vie. Que Dieu me vienne en aide pour le trouver. Quitte à ne rien regretter le moment venu.

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion