Ce 13 juillet 2023 au stade Royal de Muramvya, les porte-parole ont fait ce qu’ils sont appelés à faire, c’est-à-dire, porter la parole de leurs institutions. Jugés trop légers, trop simplistes et peu convaincants, ce blogueur a été courroucé par leur manière d’éclairer l’opinion publique. L’émission publique, cette belle occasion de mettre la redevabilité au cœur de la gouvernance est-elle en train de tomber dans une affligeante routine ?
A quoi cela sert-il encore ? Cette question, je me la suis posé mille fois en suivant les porte-parole des institutions répondre aux questions des journalistes et de la population. C’était affligeant de banalités. Mais avant de passer aux choses sérieuses, mettons les pendules à l’heure.
L’initiative part d’une bonne intention. Pour la redevabilité, les institutions doivent communiquer et répondre directement aux sollicitations de la population. C’est même très intéressant vu sous l’angle de la bonne gouvernance. Mais que ceux qui sont censés communiquer pour des institutions déblatèrent des réponses d’une telle légèreté, voilà qui m’a mis en rogne. Je me suis dit : « On se fout vraiment de notre gueule ! »
« Twokwizeza Abarundi ko igitoro gihari ku bwinshi cararanguwe ku bwinshi ariko kiri mu bubiko bw’igihugu muri Tanzaniya. Intambamyi nini rero ni ingene igitoro gishika hano mu Burundi », voilà ce qu’a trouvé mieux de dire la porte-parole du président de la République. Où est la solution ? Mais madame, cela le Président l’avait déjà dit et sur un ton plus convainquant ! Avec la galère que vivent les Burundais au quotidien, en quoi cette réponse va les aider ?
Prosper Ntahorwamiye, porte-parole et secrétaire général du gouvernement, interrogé sur les mécanismes envisagés par le gouvernement pour combler le déficit budgétaire et pour mobiliser les dons prévus dans le budget 2023-2024, il a été on ne peut plus bref : « Je vais vous expliquer. Le budget est prévisionnel. La mobilisation sera également faite pour combler le déficit. Je vous remercie. »
Quand on sait que cette émission est préparée dans une sorte de rédaction ‘’ad hoc’’ la veille et que même les questions des journalistes sont transmises aux porte-parole (je n’ajoute rien), on a du mal à comprendre cette légèreté. C’est presque un bon quiproquo digne du film « La vérité si je mens », d’où le choix du titre, vous l’aurez compris.
Toutefois, je reconnais que la porte-parole de la Cour suprême a été très précise et clarifié les charges qui pèsent sur ancien Premier ministre qui croupit dans la geôle de Ngozi. Au passage, deux infractions se sont ajoutées sur la liste des accusations, à savoir l’injure au chef de l’Etat et la détention illégale d’armes.
Les journalistes, ces moutons de Panurge…
Messieurs les porte-parole, la prochaine fois que vous organiserez cette séance, dites-nous au moins quelque chose d’intéressant : combien coûte cette mascarade aux contribuables ? Quelqu’un à qui je racontais mon malaise par rapport à tout ce tralala m’a dit : « Les journalistes y vont pour ramasser les 72 000 Fbu de perdiem ». Là au moins vous faites des heureux, d’ailleurs vous devriez revoir cette somme à la hausse, parce que la monnaie burundaise a perdu 38 % de sa valeur. Quant à la qualité de votre émission, je préfère de loin suivre un Barushenguhere ou Ninde.
Certes, les journalistes sont logés et nourris, puis ils ramassent un bon perdiem, mais se rendent-ils comptent qu’ils sont bernés par leurs interlocuteurs ? Se rendent-ils compte qu’ils sont embarqués dans une communication institutionnelle bâclée ? Ils font leur part, c’est vrai et certains d’ailleurs ont posé des questions incisives, comme Norbert Rucabihari de Net Press ou Egide Ndayisenga de Bonesha.
Là où le bât blesse est que ces communicateurs qui se plient en quatre pour répondre aux questions durant l’émission publique sont muets comme une carpe quand les journalistes ont besoin d’eux dans leur travail quotidien. Un peu de réciprocité ne ferait que du bien à tout le monde.
Quel bon article ! Gusa vous vous êtes trompés un peu, Norbert n’a pas eu la chance de poser sa question. L’autre erreur réside ds le traitement des journalistes participants à cette messe sans le saint esprit
Le metier des journalistes est plus difficiles au Burundi.