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Cooptation des Batwa, une question qui divise

La Constitution de la République du Burundi promulguée le 7 juin 2018 et le code électoral burundais de 2019 accordent 6 places aux Batwa au Parlement par cooptation. Néanmoins, cette question de cooptation pose un certain nombre de problèmes. Pourquoi ? Que faire ? Analyse. 

18 février 2021. Pierre Claver Kazihise, président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) présente le rapport général sur le processus électoral de 2020 devant le président de la République Evariste Ndayishimiye et le Parlement. Il soulève le problème de cooptation des parlementaires de l’ethnie Twa. Il demande aux autorités compétentes de régler ce problème, car cela crée des malentendus au sein des associations des Batwa.

Les députés et sénateurs d’ethnie Twa doivent provenir de leurs associations les plus représentatives selon la loi, mais Dr. Kazihise déplore que cette représentativité reste très difficile à apprécier, car toutes les associations affirment être en règle par rapport à cette condition. 

Que dit la loi ?

Au Burundi, les Batwa sont considérés comme une minorité. Selon un recensement de l’Uniproba (Unissons-nous pour la Promotion des Batwa) effectué en 2008, le nombre de Batwa au Burundi est estimé à 78.071, soit environ 1% de la population.

L’article 108 du code électoral de 2019 précise que : « L’Assemblée nationale compte au moins 100 députés à raison de 60 % de Hutu et 40 % de Tutsi, […], la Commission Electorale Nationale Indépendante procède également à la cooptation de trois députés de l’ethnie Twa provenant de régions différentes. La cooptation des députés de l’ethnie Twa se fait sur base de listes présentées par leurs organisations les plus représentatives reconnues par l’autorité de tutelle, en tenant compte de la dimension ‘’genre’’ et de la répartition géographique. »

Idem pour les sénateurs à l’alinéa 2 de l’article 142 du code électoral : « Trois membres de l’ethnie Twa cooptés par la Commission Electorale Nationale Indépendante et provenant des régions différentes ».

Les articles 169 et 185 de la Constitution de la République du Burundi reviennent aussi sur les quotas ethniques au Parlement.

Les opinions sont divergentes

 « Je me demande pourquoi ils [les Batwa] ne veulent pas adhérer dans les partis politiques, préférant créer des organisations apolitiques, mais tout en aspirant à des places politiques. », s’interroge Isaac Bakanibona, président et représentant légal de l’Association pour la consolidation de la paix au Burundi « Acopa-Burundi ».

Selon lui, le fait que ces Batwa proviennent des organisations civiles, cela a causé des malentendus dans le processus électoral de 2020, puisque le nombre de leurs associations s’accroît de plus en plus. Certains Batwa se plaignent que ce soient les mêmes figures des mêmes associations qui reviennent. Il est d’accord sur le fait que la cooptation soit importante, car « elle permet à toutes les ethnies d’être représentées », mais elle devrait concerner ceux qui sont sur les listes bloquées au lieu de venir des organisations civiles. « Ne soyez pas étonnés si bientôt les églises aussi demandent des places au Parlement. », ironise-t-il.

Quant à Evariste Ndikumana, député twa copté en 2010 et 2020, il propose que 10 % soient réservés aux Batwa. Quant à Jean Baptiste, député Twa de la circonscription de Kirundo qui représente légalement l’Ujedeco (Union des jeunes Batwa autochtones pour le développement communautaire), il dénonce des coups bas : « Il y a plusieurs personnes qui sont contre le fait que les Batwa soient représentés au Parlement. Certains parlementaires disent que nous, les Batwa, recevons des places sans peiner comme eux. » 

Pour lui, il est impossible de changer quoi que ce soit tant que la Constitution et le code électoral restent les mêmes. « Comment est-ce qu’un parti politique pourra mettre sur la liste un Twa tant que la Constitution et le code électoral ne sont pas encore révisés ? Sont-ils prêts à réviser ces deux lois ?»

Dr. Pierre Claver Kazihise, président de la CENI propose aussi que des dispositions relatives à cette cooptation soient amendées pour mettre fin à ces situations de mésentente.

 

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