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Pourquoi nos compliments attendent-ils les funérailles ?

Au Burundi, il est de coutume d’adresser de bonnes paroles aux personnes qui nous étaient très chères le jour des funérailles. Pourquoi ne pas exprimer ces sentiments bienveillants à nos proches pendant qu’ils sont encore là pour l’entendre ? « Cette interrogation revient à questionner le sens de la valorisation mutuelle dans notre société », semble conclure notre contributrice à travers ce récit.

 Nous sommes le 20 janvier 2024 au cimetière de Mpanda. Nos cœurs sont lourds. Alourdis par le fardeau de la perte de notre cher Nzojibwami. De nombreuses personnes ne peuvent s’empêcher de fondre en larmes. La douleur de la perte de cet être cher est palpable. Difficile de trouver des mots pour apaiser les âmes tourmentées par sa disparition. La pièce est remplie de regrets, comme nôtre disparu pouvait revenir.

Aussitôt, un membre de la famille du défunt, apparemment le plus âgé de la salle, prend la parole. Que de douces paroles. Des mots qui exacerbent la tristesse qui étreint déjà la foule. Il parle du défunt avec une force tendresse, évoquant ses qualités, ses actions et sa bonté : « Aho mubona Nzojibwami yari umuntu w’urukundo rwinshi, yitangira abandi, yakoreye ibikorwa vyinshi vyiza abaryango. Ubutore bwiwe nta wundi tuzobukurako, iyo Imana isubira ikamudutiza nk’imisegonda 20 twomushimiye tukamubwira ko tumukunda eka mbere tukamutera intege ku bikorwa vyiza n’ubutore vyamuranga ». Si seulement la personne était encore vivante pour l’entendre parler.

Nous buvons religieusement les éloges concernant la générosité, la gentillesse et les bonnes actions du disparu. Sauf qu’il s’agit là d’une célébration à titre posthume. Les éloges ont attendu le décès du disparu pour affluer. Triste ironie !

Mais, pourquoi ?

Pendant que le vieux parle, je suis assise dans un coin. Moi aussi, je n’ai pas su retenir mes larmes. Dans l’entretemps, une question étrange me taraude l’esprit : pourquoi maintenant ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour lui dire combien il nous était si cher ?  Pourquoi sommes-nous si réservés quand il faut dire des mots aimables à ceux qui comptent pour nous de leur vivant ?

L’idée que nous retenons nos éloges pour les funérailles me semble amèrement ironique. Des parents aux enfants, entre frères et sœurs, entre époux, collègues, colocataires, etc., pourquoi nous est-il aussi difficile d’exprimer nos sentiments les plus bienveillants les uns envers les autres pendant qu’ils sont encore là pour les entendre ? Pourquoi attendre que la vie nous sépare pour leur rendre hommage ?

« Il faut dire je t’aime à toux ceux qu’on aime »

Alors que la cérémonie se poursuit et que le vieux continue de parler avec éloquence des nombreuses vertus du défunt, la chanson de Frédéric François me vient à l’esprit. « Il faut dire je t’aime, à tous ceux qu’on aime, tant qu’il en est temps ». Il ne croyait pas si bien dire, l’artiste. Des paroles qui résonnaient dans mon cœur comme une piqûre de rappel. Un rappel à l’humanité.

Cette réflexion me rappelle l’importance de la gratitude et de l’expression de l’amour.  Je me promets alors de ne plus oublier cette leçon acquise dans la douleurs et de changer d’habitude. Les compliments ne devraient pas attendre la fin, mais être semés tout au long de la vie.

 

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Les commentaires récents (1)

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