La discipline des chauffeurs de bus de la ville de Bujumbura laisse à désirer. On dirait qu’ils sont engagés dans une course contre la montre, au grand dam des autres automobilistes victimes parfois des accidents causés par leur imprudence. Mais pourquoi cette mauvaise conduite, qui menace la sécurité routière ? Un blogueur est remonté contre les mauvais chauffeurs.
Comme d’habitude, un jour ouvrable, je quitte mon domicile situé dans le quartier Asiatique, récemment rebaptisé quartier Ratiro, pour me rendre au travail. J’enfile mes écouteurs pour savourer de la musique sur mon trajet jusqu’à l’arrêt de bus connu sous le nom de «Kiosque », sur le boulevard du 1er novembre, en bas de l’immeuble L’Orée du Golf, pas loin du cercle hippique. Depuis peu, nous sommes nombreux à utiliser les transports en commun en raison des prix exorbitants des taxis individuels. C’est qu’avec la pénurie de carburant qui perdure depuis bientôt trois ans que les prix ont quadruplé, voire quintuplé. Par exemple, un trajet de 5 km, qui coûtait entre sept et dix mille BIF, peut aujourd’hui atteindre jusqu’à trente mille. Avec une telle hausse, le choix devient vite évident.
Ils s’en foutent du reste du monde
En général, il me faut environ cinq à dix minutes pour attraper mon bus. Dès que le conducteur aperçoit un client de loin, il fait signe en allumant brièvement les phares. C’est un geste qu’il répète deux ou trois fois.
Une fois monté à bord, je trouve une place à côté d’une femme connue sous le nom de Maman Leke, qui est vêtue d’une robe en pagne (ikanga). À peine le dernier passager est-il monté que le conducteur reprend la route, sans se soucier de savoir si tous les passagers sont bien installés. Agacée, Maman Leke se permet de faire une remarque au conducteur.
À mesure que nous nous rapprochons du centre-ville, près des feux de signalisation devant l’immeuble Old East, un embouteillage commence à se former. Un passager demande à descendre, mais le conducteur et son convoyeur feignent de ne pas entendre. Le feu, qui était rouge, vient de passer au vert, et le chauffeur continue d’avancer comme si de rien n’était. Cela suscite des réactions de presque tous les passagers. Maman Leke hausse le ton : « Una bahati shenzi singekulipa, unadupeleka kama mizigo ? » Le chauffeur, agité, commence à manœuvrer de manière peu orthodoxe pour échapper aux bouchons. Il murmure des insultes à l’égard des autres conducteurs, comme s’il n’avait pas à patienter comme les autres.
Certains chauffeurs foulent le Code de la route aux pieds
Nous sommes nombreux à critiquer la conduite des chauffeurs de bus. Il est rare de passer une journée sans voir un accident impliquant un bus. Il est encore plus rare de conduire au centre-ville sans qu’un bus ne te coupe la priorité. Cela soulève une question : les bus sont-ils si difficiles à conduire ? Quelle est la solution pour améliorer la sécurité routière ? Je l’ignore. Une anecdote : une connaissance, dont la voiture a été impliquée dans un accident, m’a invité à l’accompagner, lui et le conducteur du bus responsable de l’accident, pour faire la déclaration auprès de son assureur. À l’assurance, l’auteur de l’accident a avoué : « Ils vont finir par me donner une chaise ici. Rien que ce mois-ci, j’en suis à ma troisième déclaration. » Cette anecdote m’a poussée à revoir ma manière de conduire et celle des autres. Après quelques heures d’observation, je me suis transformé en juré amateur des conducteurs de Bujumbura. Les croisements au centre-ville sont souvent mal conçus, car les feux de signalisation sont à deux voies au lieu de quatre, et les passages piétons (zebra cross) sont à peine visibles, quand bien même peu d’entre nous les respectent. En plus, certains conducteurs de gros véhicules ne cèdent pas le passage aux ambulances ou les cortèges VIP, comme le prévoit le Code de la route. Plus préoccupant encore, les routes sont mal éclairées et parsemées de nids-de-poule, ce qui ajoute le mal au mal.
Vraiment nous les voyons nous tous