Bujumbura n’est pas épargnée par les effets du changement climatique comme les inondations, les éboulements des terrains, les incendies, etc. Les victimes crient au secours, mais ils semblent oublier leur part de responsabilité. N’est-ce pas temps de changer pour participer dans la prévention et gestion des catastrophes ? Décryptage.
A Mutanga Nord, récemment, tout un bar s’est totalement effondré. Il ne reste que des ruines. Les maisons environnantes sont fissurées, avec des propriétaires qui dorment désormais la peur au ventre. Les plus peureux, eux, ont déjà déménagé.
A Mugoboka, les habitations sont menacées par des ravins, les éboulements, et l’effondrement des rives de la rivière Ntahangwa, côté Mutanga-Sud.
A Gikungu-rural, ce qui s’y passe fait peur. Depuis un certain temps, des maisons s’effondrent. Le ravin Nyanzari ne cesse de s’élargir. Aujourd’hui, beaucoup d’habitants n’ont savent quoi faire ou dire. Heureusement, il n’y a pas encore de morts, mais les pertes sont conséquentes et le pire peut se produire d’un moment à l’autre.
A Kanyosha, Muha, Ntahangwa, c’est la même situation. Sur toutes les lèvres, le même son de cloche : « Il faut que le gouvernement nous aide. Il faut qu’on canalise ces rivières. Il faut construire des murs de soutènement.» La liste des demandes est longue. Et ils sont effectivement dans leurs droits.
Qu’avons-nous appris du passé ?
Inondations de Gatunguru en 2014, Uwinterekwa en 2018, Buterere, etc. Oui, la nature s’est révoltée, mais nous, les habitants de ces quartiers y avons contribué d’une façon ou d’une autre. Sans doute que s’il y avait un bon aménagement dans les quartiers, des infrastructures pour canaliser ces eaux, certains dégâts auraient pu être évités.
Après les inondations de Gatunguru, des travaux de canalisation de la rivière Gasenyi ont été réalisés. Ce qui est surprenant, certains habitants de cette localité ont participé dans la destruction des ouvrages qui avaient été installés pour leur protection. Aujourd’hui, c’est la reconstruction.
A Winterekwa, les habitants ont indiqué que le ruisseau Cari avait débordé. Il y a eu de fortes pluies, c’est vrai, mais c’est parce que des gens se sont installés anarchiquement tout près de ce ruisseau qu’il a débordé. D’autres l’ont même bloqué ou ont tenté de le faire changer de trajectoire. Et voilà, résultat : l’eau a balayé tout sur son passage.
Or, le Code de l’eau dans son article 5, exige une certaine zone tampon de 25 mètres pour les rivières qui traversent la ville de Bujumbura, 150 mètres pour le lac Tanganyika. Mais la réalité sur terrain est troublante. Il y en a même qui construisent presque dans le lit majeur de la rivière.
La balle est avant tout dans notre camp
Que faisons-nous pour que nos rivières et nos lacs soient protégés ? Pour que ces ravins ne naissent pas ou ne continuent pas de s’élargir ? Pour que nos habitations soient durables ? Quelle est la part de chacun.e. pour rendre Bujumbura plus résiliente ? Certes, des experts environnementaux donnent des directives pour y parvenir, mais le constat est que ces conseils restent lettre morte. Les gens continuent, par exemple, à s’installer dans des zones à risques, sur les montagnes surplombant la ville de Bujumbura, ou aux bords des rivières.
N’est-ce pas nous, les habitants de Bujumbura qui continuons à faire des constructions anarchiques ici et là, facilitant à long terme des dégâts humains ou matériels, en cas de fortes pluies, de ravinement, etc.
Quid des espaces verts, qui n’existent pratiquement plus ? Qui est responsable de la déviation des ruisseaux, des conduits d’eau pluviale pour y installer une maison, un kiosque, une boutique, etc.?
Qui refuse ou se passe d’installer des systèmes de gestion des eaux pluviales dans sa parcelle ? Qui refuse de céder ne fût-ce que 1 mètre de sa parcelle pour le traçage des routes, des avenues pouvant servir de passage aux ambulances par exemple en cas de secours ?
Qui jettent les ordures ménagères dans les rivières qui se déversent dans le lac Tanganyika et demain reviennent pour exiger de l’eau potable en suffisance ? Nul n’ignore pourtant que plus de 90 % de l’eau consommée à Bujumbura provient du lac Tanganyika. Mais allez voir ce qui se passe à l’endroit dit Kumase, dans la zone Ngagara. Regardez le tas de bouteilles en plastique, de déchets jetés dans des caniveaux, dans les rivières, … et tous finissent dans le lac Tanganyika.
Or, des experts ont averti que Bujumbura se trouve entre deux milieux naturels hostiles, ce qui la rend plus vulnérable en cas de catastrophes. Sommes-nous conscients du danger de cette situation ?
A bon entendeur, salut !