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Centrale Kabu 16 : l’histoire d’un barrage mal barré

Les dates de remise des travaux de la centrale hydroélectrique dite Kabu 16 ont été largement dépassées. Cela a mis en jeu la confiance du Burundi auprès d’Exim Bank, source du financement, qui a exigé le remboursement avant que Kabu 16 ne fonctionne. Après plus de 5 ans de retard : des questions, des leçons et des victimes. Dossier.  

Le projet Kabu 16 de construction d’un barrage hydroélectrique sur la rivière Kaburantwa naît en 2011, avec son adoption par l’Assemblée nationale du Burundi. Le marché de son exécution est accordé à l’entreprise indienne, Angelique International Limited (AIL). La banque indienne, Exim Bank accorde un prêt de 76 millions de dollars au gouvernement du Burundi pour ce projet. Avant le début des travaux, AIL demande un ajout de 10 millions de dollars (avenant au contrat initial) ; ce qui porte le crédit à 86 millions de dollars. 

Le démarrage des travaux est fixé pour la mi-novembre 2012 pour une durée de 34 mois. Pourtant, lesdits travaux ne commenceront qu’en 2017, avec un retard de 5 ans. A un certain moment, les estimations fixaient la date de fin des travaux au 31 mars 2023. Une année plus tard, la fin se fait toujours attendre. 

Dans la séance orale du 2 octobre 2023, le Premier ministre Gervais Ndirakobuca annoncera que le taux d’exécution des travaux de construction de ce barrage est de 94 %. Le barrage devrait pouvoir fournir 20 MW. 

Entre temps, la banque indienne exige le début du remboursement du crédit et des arriérés avant l’entrée en fonction du barrage, d’une part. D’une autre part, l’entreprise indienne AIL demande la rallonge du financement à cause de la fluctuation des prix des équipements et le dépassement des délais initialement prévus. Des facteurs externes, notamment les inondations du site et le Covid-19, sont incriminés comme ayant occasionné des influences négatives sur la célérité des travaux. 

Mais alors…

Comment se fait-il qu’un barrage hydroélectrique dont la construction devait commencer en 2012 pour se terminer en 2015, n’a pas encore fourni ne fut-ce qu’un seul KW en 2024, 12 ans après ? Pourtant, Exim Bank, la banque indienne avait accordé un crédit suffisant au gouvernement du Burundi pour le projet. Quant au prêt et les avenants à rembourser, bien entendu, assortis d’intérêts de retard et des arriérés qui s’accumulent, quelles sont les responsabilités à établir, alors que cela risque de coûter cher aux contribuables burundais ?

Certes, il y a eu le Covid-19 et la crise de 2015, mais n’y a-t-il pas eu une sorte d’amateurisme, de laxisme, d’achat de conscience, de corruption, ce qui aurait tout ankylosé ?

Les autorités habiletés devraient fournir des réponses à toutes ces questions.

Dans la suite du dossier, vous lirez l’entretien réalisé avec le ministre Ibrahim Uwizeye, en charge de l’hydraulique, énergie et mines, ainsi que les témoignages d’anciens et actuels travailleurs de la société maître d’ouvrage.

 

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Les commentaires récents (4)

  1. On ne parle nulle part de contrôle, d’audit, de responsable,
    Les ministres successifs
    O
    ont ils jamais été sur les lieux.
    Posés des questions
    Comprennent ils les enjeux pour le pays
    Des années de retard….,
    Que fait la justice, pourquoi on ne porte pas plainte
    2040/2060……. vous pouvez oublier