Au mois de juillet 2021, quelques accords commerciaux ont été signés entre le Burundi et la Tanzanie pour faciliter les échanges entre ces deux pays. Selon les données publiées par l’ISTEEBU, au cours de ces cinq dernières années, c’est la Tanzanie qui a le plus profité du marché burundais. Vrai ou faux ? Quelques éléments de réponse.
Lors de la récente visite de Madame Samia Suluhu Hassan, présidente de la République Unie de la Tanzanie, nos deux pays se sont engagés à renforcer leurs échanges commerciaux. Pas mal d’accords ont été signés. Ces deux pays prévoient même l’installation d’un centre logistique à Kigoma pour faciliter le commerce. Les marchandises en transit vers le Burundi auront un espace au port sec de Kwala. Autant dire que les importateurs burundais vont désormais jouir d’un accès privilégié au port de Dar-es-Salaam.
Les hommes d’affaires burundais s’inquiètent
Il semblerait pourtant que les solutions qui visaient à favoriser les hommes d’affaires burundais ont plutôt profité au marché de l’autre côté de la Malagarazi. Les commerçants burundais ont tendance à croire que la Tanzanie profite du marché burundais pour écouler leurs produits. Lors du forum rassemblant les hommes d’affaires burundais et tanzaniens qui s’est tenu à Bujumbura le 17 juillet dernier, Audace Ndayizeye, président de la Chambre fédérale de commerce et d’industrie du Burundi (CFCIB) n’a pas mâché ses mots : « Nous importons plus que nous exportons en Tanzanie ». Cela signifie que le Burundi achète plus qu’il ne vende en Tanzanie.
Pendant les cinq dernières années, la balance commerciale avec le pays de Nyerere a toujours été déficitaire. C’est un fournisseur commercial historique. En 2015, elle figurait parmi les cinq premiers principaux pays fournisseurs du Burundi. La Tanzanie est le premier pays africain qui vend beaucoup de produits au Burundi. Plus de 84, 8 milliards de BIF ont été dépensés pour importer les marchandises de la Tanzanie.
Ce sont les commerçants tanzaniens qui tirent l’épingle du jeu
Plus de 161 mille tonnes de marchandises y ont été achetées, soit 25,3% de nos importations. Pour cette même année, le Burundi a importé 635 171 tonnes de marchandises. En 2020, la valeur des importations d’origine tanzanienne était estimée à 149,4 milliards de BIF. Cela représente 47,6% des importations en provenance de l’EAC. Selon les récents chiffres publiés par l’ISTEEBU, au premier trimestre de 2021, les exportations tanzaniennes représentent plus de 11,7% de nos importations.
En ce qui concerne les exportations vers la Tanzanie au cours de ces cinq dernières années, elles n’ont pas dépassé 25 milliards de BIF. Ce n’est pas tout. L’enquête sur le Commerce Transfrontalier Informel montre que les importations informelles s’évaluaient à 59,3 milliards de BIF en 2019. Les provinces de Makamba (46,2%), Rutana (18,5%) et Cankuzo (16,6%) regorgent des principaux points d’entrée de marchandises « informelles ». Plus de 92% des produits importés proviennent de la Tanzanie. En 2018 c’était 95,3% contre 92,8% en 2019.
Ces accords permettront-ils de renverser la tendance ?
C’est une réalité, les accords signés accordent aux importateurs burundais un espace aux ports pour faciliter la circulation des marchandises. Cela permettra d’une part aux commerçants burundais d’accéder facilement à l’océan Indien. D’autre part, cela pourrait réduire les prix de produits importés. En outre, ils auront l’accès aux entrepôts pour conserver leurs marchandises. Mais, cela suffira-t-il pour rééquilibrer la balance commerciale avec la Tanzanie qui a été déficitaire pendant plusieurs décennies? Ce n’est pas la seule question qu’on peut se poser : avec ces accords, les hommes d’affaires burundais exporteront-ils vers la Tanzanie plus qu’avant ? Le temps nous le dira.