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Burundi : la chicote est-elle le meilleur moyen d’éduquer nos enfants ?

Au Burundi, comme partout en Afrique, les châtiments corporels possèdent une place particulière dans l’éducation de l’enfant. Mais est-ce la meilleure façon d’éduquer nos enfants ?

La scène se passe dans un bus. Une femme, environ 30 ans, gronde son fils, de cinq ou six ans. L’enfant se met à pleurer. Pour le « calmer », elle lui assène alors une gifle magistrale. L’enfant se met à crier de plus belle : de douleur, mais aussi d’humiliation. Il lance un regard implorant autour de lui à la recherche d’un secours parmi les passagers. L’un d’entre eux ne peut se retenir et dit à la mère qu’elle exagère. « Ceci n’est pas une façon d’éduquer. Ce n’est qu’un enfant. Il ne comprend encore rien », plaide-t-il. La mère l’envoie promener et le prie sèchement de s’occuper de ses propres affaires : « Je frappe mon enfant ! »

La polémique est lancée. Le gamin, lui, continue à fondre en larmes. Sur un siège près de la portière, une maman, mère de deux enfants, sursaute et assure qu’elle ne frappe ses enfants que s’ils l’ont bien mérité, pour leur faire peur : « J’utilise le bâton seulement une fois pour que l’enfant sache ce que c’est. Après je m’en sers pour le menacer quand il commet une faute. »  Un homme qui se dit père de cinq enfants, n’est pas tout à fait d’accord. Pour lui, il y a  deux étapes pour punir ses enfants : « Je les frappe d’abord, ensuite je leur explique pourquoi j’ai été sévère avec eux. Je leur montre clairement quelle a été leur faute, que ce n’est pas bien du tout. » Il explique que punir sans conseils n’est qu’agir dans le vide comme le dicton burundais le spécifie « inkoni ishikira igufa ntishikira ingeso » (Le bâton fait mal mais ne change pas la mauvaise habitude).

Les échanges secouent un jeune garçon assis à mes côtés qui décident de témoigner : «  Aujourd’hui j’ai 23 ans, je suis cadet d’une famille de quatre enfants. Ma grande sœur avait l’habitude de me battre parce que je bénéficiais d’un certain favoritisme de la part de mes parents. C’est en partie grâce à elle que j’ai quitté le stade d’enfant gâté pour devenir un homme qui a pu faire les bons choix dans sa vie. La chicote est nécessaire à la maison. »

Un couteau à double tranchant

Au Burundi, comme partout en Afrique, la chicote possède une place particulière dans l’éducation de l’enfant. Il n’en demeure pas moins que les parents pourraient changer de mentalités et  trouver un meilleur moyen d’éduquer leurs enfants. Je ne dis pas qu’il faut abolir complètement la chicote, mais savoir se retenir face à des situations qui ne nécessitent pas une punition aussi sévère que la chicote. En d’autres termes, ne pas en faire un rituel quotidien quelle que soit la faute commise.  

Anne Bacus, psychologue clinicienne française, expliquait déjà sur le site « magicmaman » qu’ «  à force d’être battu, certains enfants  deviennent malins et repoussent sans cesse les limites pour chercher l’amour et l’attention de leurs parents, alors que d’autres vont se replier sur eux-mêmes, comme s’ils avaient renoncé à cet amour tant recherché ». Toutefois, insiste-t-elle, « attention à ne pas généraliser.  Tout dépend en effet du tempérament de l’enfant, mais aussi du climat familial. Si l’enfant se sent aimé, s’il a une base affective solide, les fessées, gifles ou autres formes de punition seront sans conséquence. Et heureusement ! Le manque d’amour peut en revanche avoir de graves répercussions chez l’enfant. »

A ceux qui croient que l’enfant battu dès son jeune âge sera mieux éduqué que celui qui n’est pas battu, une mentalité répandue non seulement au Burundi mais aussi dans presque tous les pays africains, cette philosophie pèche même dans son fondement. Combien d’enfants battus très sérieusement dans leur enfance mais qui sont devenus  des délinquants, consommant des drogues et autres produits illicites ?

 

                                                                                    

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