De passage dans une école de l’intérieur du pays, précisément à Kayanza, une blogueuse de Yaga a été interpellée par les conditions dans lesquelles les enfants apprennent. Une vision insoutenable qui lui a inspiré un récit à vous fendre le cœur.
De jeunes enfants assis à même le sol, jambes croisées, d’autres, les jambes bien allongées. Pour les plus «fortunés» (ceux qui ont des babouches), ces espadrilles servent de tapis pour éviter le contact froid avec le ciment. Certains élèves se courbent en dessinant dans leurs cahiers. Tous semblent fatigués ou angoissés….
Je me faufile dans les petits sentiers laissés pour le passage de l’enseignant afin de visiter les «chanceux» de derrière (dans la partie du fond, il y a trois rangées de bancs pupitres où ils s’assoient à quatre). Dans un petit coin un peu à l’écart, une fillette de 7 ans adossée au mur pleurniche, la pauvre s’est cassée la cheville pendant la récréation.
Ces enfants, dont l’âge est compris entre 6 et 10, doivent apprendre à écrire. Oui, comprenez bien apprendre. Ils n’ont pas eu la chance de fréquenter l’école maternelle. Non. Ils sont là pour apprendre à dessiner les lignes droites, les lignes croisées, les lignes obliques, les lettres, les chiffres, …bref, la base de tout ce qui est apprentissage scolaire.
Froid au cœur
Sans crier gare, mon enfance me revient en tête. Rassurez-vous, je n’ai pas vécu ce calvaire, j’ai eu droit à une scolarisation «digne». D’ailleurs, c’est la toute première fois que je vois une telle situation, j’en avais seulement entendu parler.
Je me souviens de comment on apprenait à dessiner. On était à trois sur un banc pupitre. Un jour, l’enseignant m’a placée au milieu et j’ai pleuré toute la journée arguant que je ne pouvais pas écrire. C’était difficile d’apprendre à écrire étant assis au milieu. J’ai honte en y repensant, maintenant que je vois la situation de ces jeunes enfants.
Je me rappelle des fois, on retournait le petit cahier de calligraphie pour nous faciliter la tâche. On avait des bancs pupitres où poser et tourner ces cahiers. Mais ces petits chérubins, aujourd’hui en 2018, posent les cahiers sur leurs petites cuisses pour apprendre à dessiner leurs premiers chiffres et lettres. Je retiens difficilement mes larmes.
J’essaie d’éviter de penser aux conséquences néfastes que peut causer cette situation. J’imagine ce que ça fait de passer une demi-journée accroupi sur le ciment glacé. Autrefois, on nous disait que c’est nuisible à la santé… L’effet de cette position sur la santé, sur l’apprentissage, sur le plan psychologique…J’aurais aimé que ça soit un rêve et que les bruits des oiseaux me tirent de ce cauchemar mais malheureusement….
Aux âmes bien nées…
Sous d’autres cieux, les enfants vont dans des écoles bien construites, s’assoient sur des chaises ou banc pupitres appropriés, ont des enseignants bien formés, ils sont même sacrés meilleurs élèves, avec les félicitations et primes de la Ministre de l’éducation en personne.
Les résultats le témoignent bien, l’école n’offre pas les mêmes chances à ses élèves selon l’endroit où ils vivent. Parmi les dix premiers lauréats au concours national de 9e de l’édition 2017-2018 qui ont été primés ce vendredi 16 novembre, neuf sur dix sont de la direction provinciale de l’enseignement de la mairie de Bujumbura. Sept viennent d’une seule école de la capitale.
«Inka ikamwa ico yariye» ou «on ne récolte que ce que l’on a semé», dit-on. Avant de nous atteler à raser la tête de tous les élèves ou à vérifier la couleur de leurs ongles, il est grand temps d’analyser les vrais maux qui hantent le secteur de l’éducation au Burundi.
j valide votre observation ; l’injustice règne tjrs c’est la fille du ministre qui est primée. comment vs parvenez à donner un soi-disant concours aux enfants qui n’ont pas étudie ds les même conditions ?
Mon dieu🙈🙈🙈🙈c’est ahurissant.je ne savais pas que ça existe