Deux chanteurs burundais, D-One et DJ Fernando, viennent de dépasser un million de vues sur YouTube, ce 30 janvier, quelques semaines après la sortie de leurs tubes. Si cela semble être un exploit dans le Buja Fleva, ramasser les vues est presque un jeu d’enfant… à condition de maîtriser les réseaux sociaux.
1 014 932 vues pour Bellissima et 1 016 407 pour Sitaki au moment de la rédaction de ce billet sur YouTube. Depuis sa création en 2006, cette plateforme est devenue une vitrine pour les chanteuses et chanteurs, et cela, au niveau planétaire. Pour une industrie musicale qui cherche encore sa place sur YouTube que Bellissima et Sitaki atteignent un million de vues dans un temps inhabituel dans le « Buja Fleva », c’est à saluer. Le nombre de vues qu’engrange une chanson est signe de son succès.
Et si réellement ce n’était pas si difficile que ça pour conquérir Youtube et d’autres plateformes d’écoute ? Existe-t-il un cheat code pour rejoindre la case des millionnaires en « views » ?
Tiktok & Co, la voie vers le succès
Notre façon de consommer la musique évolue avec le temps. Trente ans en arrière, la radio représentait pour la plupart des Burundais (et pas que) le seul accès à des hits du moment. La télévision s’est invitée dans les foyers. Puis les lecteurs MP3. Et les iPod au milieu des années 2000 ont révolutionné la façon d’écouter la musique. Ils ont été les chouchous de la génération Y et Z. Aujourd’hui, c’est Spotify, Youtube et surtout Tiktok qui ont dans leur main la musique.
Tous ces changements ont fait en sorte que des chanteuses et chanteurs émergent et certains se fassent éclipser (par manque de maîtrise des tendances du moment). Chaque nouvelle révolution a ses victimes et ses gagnants.
Les réseaux sociaux ont particulièrement révolutionné notre rapport à la musique. Non seulement, ils ont facilité l’accès à la musique, mais ont permis à des nouveaux chanteurs de se faire connaître. Un article publié sur la plateforme Sourdoreille en 2021 revient sur l’influence des réseaux sociaux dans la propagation de la musique. Jean-Charles Mariani, responsable du digital chez Universal Music, interrogé dans cet article mentionne qu’« il y a “une vraie évolution” du système de découverte de la musique, en particulier pour les cibles les plus jeunes. Les réseaux sociaux sont devenus un pan promotionnel incontournable à investir, mais ce n’est pas tout, ça complète la radio et les réseaux traditionnels ».
Un autre intervenant, Ruben Cohen, cofondateur d’une agence de communication spécialisée dans l’industrie musicale a ajouté : « Les réseaux sociaux sont vraiment au cœur des problématiques des artistes. Un artiste sans followers n’est pas regardé par les labels, donc c’est central ».
Grosso modo, sortir une chanson, la faire connaître aujourd’hui sans l’aval des grandes maisons de disques et les labels, c’est facile. Surtout qu’il existe un réseau social dont le fonctionnement est calqué sur la musique : Tiktok.
Lorsque Tiktok voit le jour en 2017, peu de personnes prédisaient son impact sur l’industrie musicale mondiale. Aujourd’hui, il suffit d’uploader votre chanson sur cette plateforme, une petite partie, pour que du jour au lendemain, elle vous fasse ouvrir les portes du succès. Et si les chanteurs burundais pouvaient faire cela le plus souvent ? Certes, ils ont découvert cette méthode, mais est-ce que tous les Burundais pourront consommer leurs chansons avec le faible accès à Internet ? Diamond, le chanteur tanzanien, a peut-être trouvé la solution.
Diamond : le succès grâce aux réseaux sociaux
En 2020, la BBC désigne Diamond parmi les stars YouTube les plus populaires d’Afrique. A l’époque, « Simba » domine les « charts ». La BBC écrit qu’une partie de son succès, la star du « Bongo fleva » la doit à sa maîtrise des réseaux sociaux.
DJ Edu, animateur de l’émission de musique panafricaine hebdomadaire This Is Africa pour BBC World Service, analyse : « Instagram doit être davantage considéré comme un influenceur du mode de vie et que les nouvelles plateformes telles que TikTok, qui permet une utilisation sans droits d’auteur des chansons pendant 30 secondes, sont un excellent moyen d’obtenir des fans plus jeunes. »
Selon DJ Edu, certaines chansons deviennent virales grâce à TikTok, comme Quarantine, le tube de Diamond Platnumz, sorti en 2020. Il renchérit : « Et c’est de cette façon que les fans arrivent sur YouTube, où l’on peut gagner de l’argent grâce à des publicités. Au cours des dix dernières années, YouTube a donné plus de visibilité internationale à de nombreux musiciens en Afrique, leur permettant d’accéder directement à leur public, plutôt que de dépendre des chaînes de télévision ou de radio ».
Revenons sur Fernando et D-One. Ces deux chanteurs ont su utiliser le pouvoir des réseaux sociaux pour faire connaître leurs chansons. Sur Instagram, D-One a publié de petits extraits de Sitaki. Et il est d’autant plus surprenant quand on visualise le clip vidéo de Bellissima, tourné avec les moyens les plus rudimentaires, mais qui pourtant fait la belle du net. Au Rwanda et ailleurs, cette chanson a envahi Tiktok. Sur X, on en parle.
There’s this new Burundian song that I’m addicted to and it goes like “ntibisanzwe aho bigeze nge numva nenda gusara….ayiwee…mana weee…” stuff nkizo😂😂 Uyizi andabure izina ryayo😫🙏
— Sane_19 (@ONI___11) January 13, 2024
Alors aux Bujaflaveurs, à vous d’épater. Les réseaux sociaux ne sont pas qu’un fléau comme les sceptiques du New Age le font comprendre. Ils restent une aubaine pour faire connaître votre talent.
ntamakur ufis