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Barrages Jiji-Mulembwe : des reports de mise en service jusqu’à quand ?

Le directeur général de la Regideso a récemment annoncé le report de la mise en service des barrages hydroélectriques Jiji et Mulembwe (49,5 MW) en construction depuis 3 ans. Sauf que ce report n’est pas le premier et ne sera probablement pas le dernier. Que se passe-t-il réellement ?

La centrale hydroélectrique de Jiji sera mise en service au plus tard le 30 décembre 2024 et la Centrale hydroélectrique de Mulembwe sera mise en service au plus tard le 30 mars 2025, a déclaré Dr Ir Jean Albert Manigomba, directeur général de la Regideso, après une visite sur les deux barrages en construction, le 13 février 2024.

Le projet de construction des barrages hydroélectriques Jiji (32,5 MW) et Mulembwe (17 MW) rentre dans un vaste chantier du gouvernement du Burundi de construction des barrages hydroélectriques (Ruzibazi, Kabu16, Rusumo falls, etc.), afin d’augmenter la production de l’électricité et ainsi booster l’économie nationale.

Lancés en décembre 2019 par l’ancien deuxième vice-président Dr Joseph Butore, les travaux de construction de ces barrages sur les rivières Jiji et Mulembwe, se trouvant dans la commune Songa de la province Bururi, devaient au départ durer 42 mois et se clôturer en décembre 2023. Ce méga projet est cofinancé à hauteur de 270, 40 millions d’USD par l’Union Européenne (49 %), la Banque Mondiale (37 %), la Banque Africaine de Développement (8 %) et le gouvernement du Burundi (6 %). 

La construction des barrages est exécutée par le groupement des sociétés CMC (italienne) et ORASCOM (égyptienne), l’entreprise indienne KEC Intenational pour les lignes de transmission et l’entreprise française VINCI pour les postes associés.

Un report qui n’en est pas à son premier

Ce report d’au moins une année pour la fin des travaux de construction des deux barrages n’est pas le premier. En janvier 2023, une grande délégation des représentants des bailleurs (BM, UE et BAD) et les autorités burundaises, dirigées par le ministre en charge de l’énergie, avait fait le déplacement sur presque tous les sites où se déroulent les activités. Compte tenu de l’état d’avancement des travaux, le groupement de construction de ces infrastructures avait estimé la mise en service du barrage Jiji à mai 2023. Pour Mulembwe, les travaux n’étaient pas du tout avancés. 

Parmi les défis avancés, les entreprises de construction évoquaient la pénurie du carburant qui a frappé le pays ces dernières années. Elles ajoutaient aussi les glissements de terrains pendant les périodes pluvieuses faisant que les zones d’action deviennent difficilement praticables.

Ir Ibrahim Uwizeye, ministre en charge de l’énergie, avait accusé le conflit entre la Russie-Ukraine et la Covid-19 comme la racine de tous les maux. Ce dernier aurait perturbé l’approvisionnement du matériel, impactant ainsi l’avancement des travaux et aurait également influé sur la variation des prix du matériel. Le ministre a par ailleurs profité de l’occasion pour demander aux bailleurs des financements additionnels pour achever le projet. Chose due : le 10 janvier 2024, le conseil d’administration de l’IDA a approuvé un don de 50 millions d’USD en faveur du Burundi pour le financement additionnel de ces centrales hydroélectriques.

Toutefois, dans sa dernière sortie, le directeur général de la Regideso s’est réjoui que le matériel utilisé pour la construction de ces barrages est de qualité. Une nouvelle qui devrait donc nous rassurer. 

Encore du chemin à faire

Le Burundi a encore du chemin à parcourir pour résorber le déficit énergétique. En 2020, le taux d’électrification se pointait à environ 12 %. La production actuelle de l’énergie tourne au tour de 100 MW. Cela au moment où le Plan National de Développement 2018-2027 présage que le Burundi aura besoin de 400 MW pour tourner son industrie et environ 412 MW pour exploiter sa richesse minière en 2027.

Selon les prévisions inscrites dans la stratégie sectorielle de mise en œuvre du PND du ministère en charge de l’énergie, la puissance totale installée sera au moins de 287,141 MW à cette période. Le déficit énergétique sera donc de 500 MW. Il faudra donc fournir beaucoup d’efforts pour arriver au Burundi émergent en 2040 et développé en 2060 avec ce taux. 

Avec ce report, le constat est que pas mal de travaux restent à faire. Certes, le gouvernement se préoccupe de l’augmentation de la production de l’énergie, mais le mieux serait aussi d’accélérer les travaux et d’éviter les cas de certains barrages comme Kabu16 en construction depuis 2017 ou encore celui de Mpanda qui s’est écroulé sans fournir aucune miette du courant, et engloutissant 54 milliards de Fbu

Il serait également urgent de s’occuper de la problématique de la vétusté du réseau électrique. Malgré la mise en service des barrages Ruzibazi et Rusumo Falls, les coupures intempestives du courant s’observant ces derniers jours paralysent les activités économiques.

 

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