Si le reste du monde entier ne semble pas vouloir dormir avant la fermeture des bureaux de vote américains, l’Afrique s’est trouvé un autre sujet intéressant. C’est le scandale du désormais célèbre Guinée-équatorien, Balthazar Ebang Engonga. Entre les deux, les jeunes de Bujumbura ont leur façon de voir les choses différemment. Chronique.
Ah, Bujumbura ! Là où l’actualité mondiale prend parfois des tournures inattendues.
Le monde entier est en effervescence. A qui va revenir la victoire entre Kamala Harris et Donald Trump ? Il est 9h45 à Bujumbura, je suis au bureau, concentré sur mon agenda de ce mercredi. Je décide de prendre une petite pause. Un court message à un ami qui est au Canada : Hello ! Tu es là ? Dans ma tête, il doit être en plein sommeil, avec le décalage horaire qui nous sépare.
Surprise ! « Oui. Je suis là, pour l’instant. Il est 2h45 ici », me répond-il, promptement. Il me laisse savoir qu’il est plus intéressé par l’issue des « aventures » de Kamala Harris et Donald Trump. Je décide de le laisser un peu pour aller squatter les autres bureaux, ici. Le travail ne semble pas être la priorité ce matin. C’est le débat qui prend le dessus. Mais, il ne se situe pas vraiment là où on l’aurait attendu.
Trump ou Bathazar ?
D’un côté, un groupe défend avec ferveur l’importance de discuter du scandale du désormais tristement célèbre expert guinéen en finances, Balthazar Engonga. De l’autre, une faction, tout aussi passionnée, s’empare du sujet des élections américaines, célébrant ou maudissant la nouvelle victoire de Donald Trump. Deux camps, deux visions, et un fossé qui en dit long sur la préoccupation des Burundais.
Imaginez un bureau à Bujumbura, rempli des jeunes, chacun y allant de son opinion. Les uns analysent, avec un zèle sociologique digne des plus grands chercheurs, les conséquences culturelles et morales du scandale Balthazar, pointant du doigt la « décadence » et les dangers qui assaillent l’humanité. Un véritable tribunal de la vertu, où chaque avis semble plus tranchant que le précédent. À croire imminente la présentation d’une thèse de doctorat sur « l’effet Balthazar ».
Juste à côté, une autre table bouillonne. Ce sont au moins cinq paires d’yeux qui ne veulent pas bouger de leurs smartphones. Là, ce sont des experts autoproclamés en géopolitique américaine. Ils décortiquent, point par point, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, spéculant sur les répercussions mondiales, comme si un tweet de Trump pouvait influencer le prix du sucre à Kamenge, à Nyakabiga, à Kanyosha ou pouvait du coup inonder d’essence les stations-services à sec depuis trois ans !
Le « Great Again » mangé à toutes les sauces
Mes compatriotes ont l’air d’avoir lu la bible ……à l’envers. « Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre », dit Colossiens 3 : 2. Ces jeunes sont très loin des préoccupations du royaume de Ntare et Mwezi. Ils ne pensent qu’aux chimères du rêve fou de Trump. Dans ces conditions, 1 Chroniques 22:19 devrait s’écrire comme suit : « Appliquez maintenant votre cœur et votre âme à chercher le ‘’Green Card’’, votre Visa, levez-vous, et bâtissez les Etats Unis d’Amérique, afin d’amener le sable du Lac Tanganyika à Donald Trump dans la maison qui sera bâtie au nom du « Great Again ». » Mais, Hélas !
Et moi, simple spectateur de cette scène haute en couleurs, que faire ? Choisir un camp ? Se lancer dans l’argumentaire moral du scandale Balthazar ? Se glisser dans le rôle d’analyste politique international ? Ou bien simplement observer, sourire, et réaliser que, parfois, nos débats n’ont rien à envier à la complexité du monde.
Mais, bon, qu’on le veuille ou non, l’essentiel est de discuter, de se passionner, et, surtout, de toujours y aller avec style. C’est aussi de cette manière que Bujumbura se prépare aux prochaines échéances électorales ; les fameuses #Amatora2025.