S’il y a un endroit qui n’échappe pas actuellement aux manigances des arnaqueurs, ce sont les réseaux sociaux. Dans la province de Gitega, des charlatans 2.0 se font passer pour de big-boss et promettent monts et merveilles à ceux qu’ils veulent dévaliser. Récit.
Tout commence par une rencontre sur Facebook vers fin 2023. Kévin*, un jeune adolescent de Gitega qui n’a pas terminé ses études secondaires, se met à la recherche d’un emploi et déniche un petit job dans un ménage à Shatanya. Après quelques mois de petites économies, il lance un petit business dans ce même quartier. Plus tard, il s’offre enfin un téléphone. Comme de nombreuses personnes, il passe alors des heures sur les réseaux sociaux à échanger avec une foule de gens connus et inconnus.
Un jour, il reçoit une invitation sur Facebook qu’il confirme aussitôt sans hésitation. Le nouvel ami prétend être un Burundais qui a réussi sa vie au Kenya. Il veut y faire venir des compatriotes pour un travail bien rémunéré. Kévin se met alors à entretenir le rêve fou de lever l’ancre à la recherche d’une opportunité qui le rendrait fort nanti. Le piège ne pouvait pas le louper, tellement il était excité de devenir un “diaspora’’. Le pauvre a été bien appâté et n’a pas tardé à mordre à l’hameçon.
L’attrape-nigaud
Pour mettre son plan à exécution, le charlatan propose à Kévin des procédures qui cachent en réalité sa combine. Ensuite, il lui fait signer des papiers de voyage. Le voleur envoie lui-même une partie des frais pour mettre sa proie en confiance. Kévin n’en revient pas et se croit le plus chanceux du monde. Mais son “bienfaiteur” ne tarde pas à lui demander de transférer une bonne somme d’argent, un bon paquet de liasses pour, affirme-t-il, les préparatifs de son voyage, le dépôt de son dossier au poste de travail, le logement, etc.
A ce moment, le pauvre a comme un voile sur visage et ne voit pas qu’il est en train d’être mené en bateau. Il se donne toutes les peines du monde pour réunir la somme demandée qu’il envoie aussitôt à son correspondant en ligne. Celui-ci s’empresse de couper la communication, ce que Kévin ne remarque pas tout de suite croyant que son faux ami est occupé à préparer son voyage. Ce n’est qu’après quelques mois que l’adolescent commence à s’inquiéter. Quand il retourne sur Facebook pour demander des nouvelles, il ne trouve pas son contact. Ce dernier l’a déjà bloqué. C’est à ce moment qu’il comprend qu’il a bien été roulé.
Le fripon débusqué
Ses espoirs déçus, ses économies dilapidées, son petit business en faillite en plus des dettes contractées, Kévin est totalement spolié. Il repense tout de même à ce qui s’est passé et comprend vite, un peu trop tard hélas, que son voleur n’habite pas loin de lui. Toutes les transactions effectuées passaient par Lumicash, avec un numéro téléphonique local. Kévin ne s’explique pas comment il a pu être si idiot pour avaler un tel bobard. Mais, il avait été tellement obnubilé par l’idée de partir à l’étranger qu’il n’a jamais songé à une escroquerie.
Sur conseil d’un ami, il se réfère à l’ARCT (Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications) pour faire traquer le numéro de téléphone en question. Vite demandé, vite fait. Si le fripon a effacé toute trace sur Facebook, il a oublié de se débarrasser de sa carte SIM. Et il est rapidement repéré. Il va s’avérer que la personne qui lui a subtilisé environ 4,5 millions BIF est une de ses connaissances. Quand il est finalement appréhendé, il a déjà presque tout dépensé. Après plus d’un mois derrière les barreaux, l’arnaqueur finira par lui rendre son pognon.
Sont-ils nombreux à tomber dans le panneau à Gitega ?
Pas mal d’internautes ont succombé aux charmes manipulateurs par des margoulins du net. Au centre du pays, des cas d’escroquerie en ligne sont légion. D’autres escrocs ont déjà été arrêtés même s’il y en a qui passent à travers les mailles du filet. Leur modus operandi est pourtant bien connu. Un inconnu se pointe et promet à son interlocuteur l’argent facile, un travail ou une commission importante en échange d’un petit service. Les plus audacieux usurpent l’identité des hautes autorités du pays ou des hommes d’affaires pour appâter leurs victimes. Malheureusement, ceux qui se font avoir sont souvent des jeunes facilement manipulables et alléchés par des promesses mirobolantes.
Cependant, les formes d’escroqueries sur le net sont multiples. Vol des mots de passe, logiciels malveillants, faux sites internet, tous ces moyens sont utilisés pour tromper les gens et leur subtiliser leurs biens. Un seul conseil pour se mettre à l’abri : se méfier de ces inconnus trop généreux. Si Kévin de Gitega a mis le grappin sur son arnaqueur, rien ne dit que ce sera pareil pour tout le monde.