Les bouteilles de vin ou de liqueur les plus chères ne leur font pas peur. Aucun hôtel, restaurant ou bar n’est au-dessus de leurs moyens. Non seulement, ils sont encore très jeunes, mais ils n’ont pas de travail connu et quasiment pas de revenus. D’où provient alors cet argent qu’ils dépensent sans compter ?
S’il vous arrive de fréquenter les endroits (de préférence huppés) où se rencontrent celles et ceux qui veulent étancher leur soif, vous avez sans doute croisé ce jeune homme, chommeur devant l’Eternel, qui enchaîne des tournées comme si l’addition ne lui faisait pas peur ou cette jeune femme, sans travail connu, qui, accompagnée par ses copines, n’hésite pas à commander deux bouteilles de vin à plus de 500 000 BIF. Vous ne vous êtes jamais demandé comment arrive-t-on à mener un tel train de vie dans ce Burundi où la majorité de la population croule sous la pauvreté ? Récemment, nous vous parlions de Divin (étudiant), de son emploi du temps de la semaine et de ses dépenses.
Sugar mommy et Sugar daddy comme sources de revenu
Il se murmure qu’à Bujumbura, il y aurait des hommes d’un certain âge et très riche qui choisissent une jeune femme et la comble de biens. Eh bien, ce n’est pas Jasmine* qui dira le contraire. Du haut de ses 23 ans, elle a déjà visité Dubaï, Mombasa et Zanzibar, elle possède une voiture et sa propre maison. « J’ai eu à voyager dans de très bons endroits, et tout ça, grâce à un homme plein aux as. Je ne manque de rien avec lui. Les week-ends, il m’envoie toujours une somme pour sortir, moi et mes amies », confie-t-elle.
Et il n’y a pas que les filles qui se font entretenir comme des reines. Du côté des jeunes hommes, il y en a aussi qui se font traiter comme des Kings. Blaise*, a 24 ans. Mais il n’est pas rare de le croiser dans l’un des restaurants VIP de Bujumbura à l’heure du déjeuner en train de se servir un buffet à 35 000 BIF. Et pourtant, ce jeune homme ne fait rien dans sa vie. Il a tout simplement une Sugar mommy (Maman-sucre) qui lui procure biens et espèces sonnantes et trébuchantes. « Je ne manque jamais d’argent pour sortir, depuis que j’ai des femmes, certes plus âgées, qui n’hésitent pas à m’aider financièrement. Il m’arrive de claquer 1 million BIF en un seul week-end ».
Et si vous croyez que c’est seulement les Fbu qui assurent la vie de nos jeunes bujumburois, vous êtes à côté de la plaque : des fois, ce sont des billets verts qui atterrissent dans leurs poches.
La diaspora ou le « ATM machine » ?
En 2019, la diaspora africaine est devenue la principale source de financement du continent. Si l’argent que la diaspora envoie aux familles restées au bled aide grandement à combler certains problèmes financiers, il y a aussi une part qui tombe dans les poches de jeunes hommes et femmes, qui leur permettent de se la couler douce à Buja-la-Belle.
Il y a quelques mois, j’ai vu une story Instagram qui disait : « Aba diaspora, murungike inoti kabisa, habavye ! » (Diaspora, envoyez la monnaie, les temps sont vraiment durs ! Ndlr). J’ai eu la curiosité et j’ai demandé à l’auteur du stroy si réellement, c’est facile de berner un « diaspora » pour qu’il envoie de l’argent juste pour s’enjailler. Il m’a répondu avec un large sourire : « Bien sûr! Ce n’est même pas compliqué. Les diasporas qui envoient 100 ou 200 USD, tu crois que c’est pour faire des projets ou quoi que ce soit ? C’est de l’argent juste pour s’amuser, pardi ! ». J’étais surpris mais …pas vraiment. Trop de choses se passent sous le ciel de Buja.
Il y a quelques semaines, un autre ami qui traversait « aga crise », me disait que son problème va être résolu par quelqu’un de la diaspora, « sa copine », pour être précis. Deux ou trois jours après, il m’envoie un message : « Viens, on va sortir !». Où a-t-il trouvé de l’argent aussi rapidement ? Dans son téléphone, il me montre un virement de 600 000 BIF qui lui est parvenu. Je ne vais pas tarder à apprendre que quelqu’un de la diaspora est la copine de mon ami qui, effectivement, vit à l’étranger.
Ce ne sont pas uniquement les deux sources de financement citées ci-haut qui sponsorisent le style de vie extravagant de certains jeunes de Bujumbura. Il y en a aussi ceux qui fréquentent les expatriés basés au Burundi. Sans oublier ces jeunes qui s’endettent pour mener un train de vie digne d’un prince saoudien. C’est le cas de Mike dont on vous parlait il y a peu.