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En finir avec les abandons scolaires : quatre pistes de solution

En dépit des efforts consentis pour permettre à tout enfant en âge de scolarité d’accéder facilement à l’école, les abandons scolaires constituent indéniablement une entrave majeure. La coalition Bafashe bige propose quelques pistes pour réduire les cas d’abandons scolaires.

Les faits sont têtus, dit-on. Les chiffres des abandons scolaires sont très inquiétants. Par exemple, dans la province de Makamba, 239 cas d’abandons scolaires ont été recensés dans la seule direction communale de Kibago au cours du premier trimestre de l’année scolaire en cours. Plus de 2000 élèves risquent d’abandonner l’école cette année, selon les propos du directeur de l’enseignement de cette commune rapportés par la Radio Télévision Isanganiro au mois de mars dernier. 

La même situation s’observe en province de Ruyigi. La direction provinciale de l’enseignement a enregistré plus de 4800 cas d’abandons à l’école fondamentale et post-fondamentale pour un trimestre, ce qui nous paraît plus qu’inquiétant. 

La gratuité des frais scolaires ne suffit pas

Selon Jean Samandari, représentant légal de la coalition Bafashe bige, « La gratuité des frais de scolarité à l’école fondamentale a réduit les cas d’abandons scolaires car certains parents ne pouvaient pas payer ». Cependant, même si la politique du gouvernement de rendre gratuit l’enseignement fondamental a fortement augmenté le taux de scolarité, le nombre d’élèves qui abandonnent l’école reste élevé. 

D’après ce défenseur des droits des enfants, cette mesure ne résout donc pas totalement le problème. La pauvreté reste une des causes majeures des abandons scolaires, car certains élèves quittent l’école parce que leurs parents sont incapables de payer les frais demandés par les écoles pour assurer les petites réparations, l’achat du matériel scolaire, etc. En outre, les élèves désertent l’école par manque de matériels scolaires suffisants. « Les matériels octroyés par l’Unicef ne suffisent pas. Chaque enfant de la première année ou de la deuxième année de l’école primaire a reçu deux cahiers », précise ce responsable de Bafashe bige. La réalité est que pour avoir un kit scolaire complet, les parents doivent puiser dans leurs poches, ce que certains ne peuvent pas faire à cause de la pauvreté. 

Les élèves préfèrent partir en Tanzanie

A cause de la précarité de la vie, les élèves des provinces frontalières de la Tanzanie sont contraints d’abandonner l’école pour aller travailler dans ce pays.   

Quant aux cantines scolaires, elles ne sont présentes que dans quelques provinces. Même là où elles sont présentes, elles ne sont que dans quelques communes, indique le responsable de Bafashe bige. En conséquence, les écoliers démunis fréquentant les établissements ne bénéficiant pas de cet appui abandonnent à cause de la faim.

D’après toujours M. Samandari, le chômage des jeunes pousse aussi les écoliers à abandonner l’école.  « Par exemple, lorsqu’un élève remarque que ses aînés diplômés sont désœuvrés, il se décourage et jette l’éponge »

Toutefois, il ne faut pas non plus ignorer que certains cas d’abandons sont la conséquence de l’échec scolaire. Certains élèves ne supportant pas l’échec,  lorsqu’ils échouent en première et deuxième année, ils se découragent et abandonnent.

Enfin, les conditions d’apprentissage ne sont pas bonnes dans certains établissements. Il y a des écoles qui ont des effectifs pléthoriques. Tous les élèves ne peuvent pas trouver où s’asseoir. « C’est épuisant pour les enfants de passer 4 heures debout. Les moins persévérants abandonnent », souligne Jean Samandari

Quelques pistes de solutions

Pour permettre à tous les écoliers de rester à l’école, Jean Samandari propose quelques pistes de solutions.

Premièrement, en plus de la gratuité des frais de scolarité, l’Etat doit financer tous les frais liés au bon fonctionnement des établissements scolaires. Ainsi, aucun élève n’abandonnera l’école parce qu’il ne peut pas payer les frais inhérents à la scolarité.

Deuxièmement, l’Etat doit étendre la politique des cantines scolaires à tous les établissements. Car pour le moment, peu d’écoles bénéficient de ce programme.

Troisièmement, l’Etat doit repenser la mesure de fourniture gratuite du matériel scolaire. Actuellement, dans certaines écoles, le matériel disponible a été distribué à tous les élèves sans distinction. Même les enfants des députés, des commerçants, des enseignants…en ont bénéficié au même titre que ceux des familles défavorisées. Un élève n’a reçu que deux cahiers. De ce fait, les plus nécessiteux n’ont pas pu avoir un matériel complet alors qu’ils en avaient le plus besoin. A ce niveau, il faut plus d’équité dans la distribution gratuité des kits scolaires. 

Enfin, pour améliorer les conditions d’apprentissage, l’Etat doit continuer de construire les salles de classe et fournir des bancs pupitres suffisants, car, on l’a vu, dans certaines écoles les élèves s’assoient par terre pour suivre les cours.

 

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