Le 25 févier 2023, lors de la marche de soutien au président de la République, son vice Prosper Bazombanza a recommandé que les activités commerciales continuent 24h/24. Toutefois, il y a beaucoup de préalables, selon l’ancienne ministre du commerce. Cette bloggueuse a fait le tour de la question.
A la tombée de la nuit, la ville de Bujumbura et d’autres centres urbains au Burundi sommeillent en même temps que leurs habitants. Les activités commerciales s’arrêtent la nuit. Il est jeudi 21h30. Je rentre du boulot. Au centre-ville de Bujumbura, des bruits interrompent le silence. Je les entends de loin mais ils proviennent du parking de bus assurant le transport en commun vers les différents quartiers de la capitale économique du Burundi.
Les derniers citadins quittent la ville. Je prends le temps d’observer autour de l’ancien marché central de Bujumbura. Les policiers se pressent à fermer les passages à l’aide des concertinas. « Ubundi twugara sa tatu, mwari hehe ? Twari twagoswe », traduit littéralement par : « Normalement on ferme à 21h, où est-ce que vous étiez ? On avait trainé », lâche un agent de police s’adressant aux citadins qui courent pour monter dans les derniers bus.
Je trainaille un tout petit peu. Le parking est vide. Il n’y a plus aucun bus pour rentrer à la maison. J’entends des murmures en langue nationale des gens qui sont dans la même situation que moi : « C’est vraiment honteux. Ailleurs, c’est maintenant qu’ils commencent à travailler et ici, nous rentrons dormir ! Pire encore, nous ne trouvons même pas comment rentrer », s’indigne un citadin à côté de moi.
J’approche les taxis voitures qui transportent plusieurs personnes qui vont dans la même direction. C’est cher. Le lendemain, je rencontrerai les gens exerçant des activités commerciales pour leur demander pourquoi ils ne travaillent pas 24h/24.
« La sécurité et le transport d’abord »
Les gens exerçant des activités commerciales en mairie de Bujumbura affichent la volonté de travailler de façon continue. Mais, ils évoquent les problèmes sécuritaires et de transport. « C’est bien de travailler 24h sur 24… mais au regard de la situation qui prévaut au Burundi, je pense qu’il faut arrêter des mesures de renforcement de la sécurité », s’exprime un commerçant mentionnant aussi que les Burundais ont d’abord besoin d’être sensibilisés.
Une autre femme propriétaire d’une maison d’habillement trouve qu’il faut d’abord que ça commence par les transporteurs. « C’est une bonne idée de travailler 24h/24 mais les obstacles restent. Par exemple, je rentre à 20h et je peine à avoir un bus de transport. Il faut aussi s’assurer qu’on aura les clients. Moi je propose que toute la population soit d’abord sensibilisée », suggère Aline.
Ils adhèrent à l’idée de développer le pays comme c’est le cas dans d’autres pays de la communauté Est-africaine. Cependant, ils évoquent des défis incontestables.
« Les Burundais ne sont pas enthousiastes au niveau du travail »
Euphrasie Bigirimana a géré le ministère en charge du commerce du 29 janvier 2009 au 29 août 2010. Selon elle, les Burundais devraient d’abord accroitre leur capacité à travailler 24h/24. Elle propose aussi que les frontières du Burundi avec d’autres pays soient ouvertes nuit et jour comme c’est le cas dans d’autres pays de la communauté Est-africaine.
« Les Burundais ne sont pas enthousiastes au niveau du travail. Il n’y a pas de dynamisme. Mais, il y a des services qui ont déjà commencé en l’occurrence les pharmacies même si ce n’est pas toutes. Il y a des défis bien évidemment : la sécurité des gens, la sécurité des biens que l’on vend. Il est rare qu’on trouve même des boutiques qui ouvrent jusqu’à 22h parce que les gens ont peur des voleurs », estime-t-elle.
Cet ancien membre du gouvernement trouve que le comportement des Burundais reste le défi majeur du moment car il y a même aujourd’hui des gens qui ne travaillent que 2 ou 3h par jour. Le problème réside aussi au niveau du pouvoir d’achat insuffisant des Burundais, constate Euphrasie Bigirimana.
Cependant, le Vice-Président de la République a donné des orientations au maire de la ville de Bujumbura, le 25 févier 2023, lors de la marche manifestation de soutien au président de la République. « Il faut que les citadins exercent leurs activités commerciales 24h/24 et les policiers vont continuer à assurer leur sécurité », a recommandé Prosper Bazombanza.
L’appel de la haute autorité du pays et la volonté des citadins de Bujumbura sont clairs. Ils sont sans appel. Je me demande qui a le dernier mot pour que les barrières policières soient enlevées pour permettre aux gens de travailler 24h/24 et enfin accroitre l’économie du pays. Le fait que la ville ne soit pas éclairée constitue aussi un grand défi. Mais je rêve d’une ville qui reste en mouvement nuit et jour. « I have a dream », dirait Martin Luther King.