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Les tontines, dans le viseur de la BRB

Depuis juillet 2022, la Banque de la République du Burundi tente de réglementer les activités des groupements financiers communautaires (GFC). Du cadre légal à la suspension de leur enregistrement, les mesures prises par la BRB ne rassurent pas et font craindre le pire à une catégorie de la population qui tire déjà le taureau par les cornes.

Le 14 juillet 2022, la Banque de la République du Burundi (BRB) a rappelé que « l’ouverture des agences et guichets, l’ouverture des comptes, la collecte des dépôts publics, la domiciliation des salaires et l’octroi des crédits au public ne sont pas autorisés aux GFC ».

Le groupement financier communautaire, encore appelé tontine, n’est pas un phénomène nouveau et encore moins spécifique au Burundi. Emmanuel Bidzogo, qui s’est penché sur le cas des tontines au Cameroun, nous explique le principe de ces dernières : « Un groupe d’amis ou de proches décident de se réunir régulièrement pour mettre leur épargne en commun. Chacun apporte régulièrement une somme fixe ». (Emmanuel Bidzogo, 2012)

Dans les pays où les services financiers traditionnels sont rares ou inaccessibles, les groupements financiers communautaires s’offrent donc comme une alternative. Selon l’enquête nationale sur l’inclusion financière de 2012, seulement 3,7% de la population burundaise adulte a un compte dans une banque et 8,8% dans une microfinance. Tenez, dans certains coins du pays, la plus proche banque se trouve à 20km. C’est notamment le cas à Bwagiriza dans la commune Butezi de la province Ruyigi.

S’il est vrai que l’Etat doit assurer la sécurité des fonds public, la mesure de la BRB de suspendre les GFC non enregistrés met cependant dans de beaux draps les milliers de Burundais qui comptaient sur ces groupements pour faire face aux aléas de la vie ou répondre simplement aux besoins élémentaires que l’Etat providence est censé fournir. 

Dans ce dossier, Yaga a voulu en savoir plus sur ces groupements financiers communautaires, leur fonctionnement, les avantages qu’ils procurent à leurs usagers, mais également les conséquences possibles de leur fermeture sur la population et au-delà sur l’économie nationale.

Nous reviendrons en outre sur la réglementation de ces GFC, au Burundi mais également ailleurs. Nous citerons l’exemple du Bénin et du Cameroun où les activités des tontines illégales « adôgbè » ont été interdites, ou pour certaines imposées au même titre que les organismes servant des crédits à la consommation, les PME, etc.

Enfin, nous nous interrogeons dans ce dossier sur ce qu’il aurait fallu faire. Est-ce que les institutions bancaires ne sont-elles pas passées à côté d’une partie de la réalité financière de notre pays ?  Les réponses sont variées,  tandis que pour certains l’émergence des tontines relève de l’échec du secteur bancaire burundais, Gilbert Niyongabo, expert en macroéconomie estime que « ces mesures de la BRB sont louables car elles viennent assurer la sécurité de l’épargne publique. Lorsque la BRB ne contrôle pas les activités des groupements, il pourrait y avoir le détournement des fonds ou l’abus de confiance. »

 

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