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Le Tanganyika de nouveau en colère

Comme il y a deux ans, les eaux du lac Tanganyika débordent de ses rives.  Les plages de Kajaga ne sont plus fréquentables. Et comme un malheur ne vient jamais seul, les infrastructures socio-économiques sont menacées, tandis que les propriétaires vivent la peur au ventre. Nous avons fait un petit tour. 

Il est 16 h 50 min. Nous dépassons la rivière Mutimbuzi. Dans quelques instants, nous débarquons sur la plage Petit Bassam. Un grand espace y est aménagé. Des espaces et jeux de loisirs pour les enfants. Un grand cours de sable est également aménagé. Une star de l’industrie musicale burundaise est sur place pour un photoshooting. Pas de vagues. L’eau du lac est plutôt calme contrairement à d’autres jours pendant ces heures. Mais, une partie non négligeable de la cour est déjà bien envahie par les eaux. 

Notre tour continue vers le New Karera Beach. Deux groupes de personnes sirotent la sainte mousse. Un homme nous accueille. « Soyez les bienvenus mais, vous ne pouvez pas atteindre le lac Tanganyika ». En réalité, la grande partie de la cour intérieure est sous eau. « Pourtant les deux dernières semaines, nous pouvions atteindre le lac facilement. Cette eau n’était pas encore présente », affirme un serveur. 

Au niveau de Saga plage, le constat est le même. Mais de son côté, le propriétaire a anticipé et s’est préparé en construisant au-dessus de l’eau. 

Le Bora Bora Beach est un cas particulier. L’eau qui ait monté il y a deux ans n’a pas quitté l’endroit. Pire, la petite partie aménagée au près du lac semble être sous la menace de l’eau. 

Les plages Caprera, Big One, Black and White, etc. ne sont pas épargnés non plus. Les propriétaires veulent hausser le niveau en amenant du sable mais l’eau s’infiltre et finit par envahir les cours intérieures.

Pour les propriétaires de certaines plages rencontrées, les pertes sont déjà enregistrées. Le nombre de personnes qui fréquentaient les lieux a chuté, impactant leurs entrées. 

Ce ne sont pas seulement les plages qui sont menacées. Les habitats des quartiers Mushasha ont été obligés de quitter à nouveau les lieux suite à la montée des eaux du lac renforcée par les inondations de la rivière Rusizi. Les écoles de Mushasha sont sous l’eau.

Un phénomène lié au changement climatique ?

Lors des précédentes montées des eaux du lac Tanganyika en 2021, différents experts évoquaient le changement climatique comme cause de ces malheurs. Les fortes précipitations qui s’observent ces derniers jours dans la région favoriseraient les crues des affluents du lac Tanganyika.  

La montée du lac est un phénomène cyclique qui se produit tous les 50 à 60 ans.  Le phénomène n’est pas nouveau. Il s’était déjà manifesté en 1963-1964.

Gabriel Hazikimana, Directeur de l’environnement pour l’autorité du lac Tanganyika au Burundi précisait qu’une étude faite en 2021 montre que la température dans la région va probablement continuer à augmenter, et cela pourrait engendrer davantage de précipitations. Pour Bernard Sindayihebura, expert en environnement et aménagement, il faut au moins 7 ans pour que les eaux du Lac Tanganyika reviennent à leur ancien niveau. 

Est-il possible d’éviter les dégâts causés par la montée des eaux du lac Tanganyika ? Albert Mbonerane, environnementaliste et président de l’association Ceinture Verte, insiste sur le respect du Code de l’eau promulgué en 2012, notamment en son article 5 qui établit la zone tampon dans les 150m à partir du littoral du lac Tanganyika. Selon lui, les 150m ne devraient pas être comptés à partir du bord du lac mais plutôt en tenant compte de la montée des eaux la plus élevée. 

 

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