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Secteur minier : investir dans le capital humain serait plus bénéfique

Bientôt deux ans après la suspension des activités des sociétés minières le gouvernement du Burundi, pour négocier les nouvelles conventions, un nouveau code minier avec des « innovations » est en phase d’adoption. Cependant, le gouvernement ne devrait pas oublier d’investir dans le capital humain. Dans la gestion de secteur, il faut de la science.

Le conseil des ministres du mercredi 22 février 2023 a adopté le projet de loi portant révision du Code Minier du Burundi. Les membres du gouvernement notent d’abord que le pays de Ntare dispose d’un potentiel minier et carrier riche et varié. Sa valorisation et son exploitation rationnelle peuvent participer significativement à la croissance socio-économique de notre pays.

Ce code minier en processus d’élaboration est intervenu après la suspension en juillet 2021 par le gouvernement du Burundi des activités des sociétés minières. Cela pour renégocier des contrats dans un esprit gagnant-gagnant. Ir Ibrahim Uwizeye, ministre en charge des mines expliquait que le gouvernement n’en tirait pas profit. Les conventions signées entre le gouvernement et les sociétés minières présentaient un déséquilibre. Le pays était en train de perdre énormément, alors qu’il compte sur ces revenus pour se développer

A titre illustratif, le gouvernement burundais détenait 10% des actions de la société Rainbow Mining Burundi qui exploitait les terres rares de Gakara. 90% des parts étaient détenus par la société britannique Rainbow Rare Earths. La situation était presque la même pour la Société Ntega Mining Burundi. L’Etat ne détenait que 15% des actions.

Quid des innovations ?

Pour le nouveau code minier en processus d’élaboration, les membres du gouvernement proposent des innovations pour que le Burundi profite de son sous-sol. Il s’agit entre autres de l’introduction de la notion de partage de production entre l’Etat et l’exploitant, l’exigence qu’un produit à exporter soit d’abord transformé localement jusqu’à un certain pourcentage, la précision de la période de retour sur l’investissement qui est fixé à deux ans au moment où dans l’ancien Code Minier cette période n’était pas précise, etc.

Mais, au-delà de ces propositions, il faudrait viser plus loin, préparer un avenir de l’exploitation rentable des mines afin d’éviter que le Burundi perd toujours. Et là, la solution plausible est d’investir dans le capital humain. Et de là, d’aucun ne peut se demander combien de Burundais s’y connaissent dans la gestion du secteur minier ? 

« Il faut de la science »

C’est ce qu’a d’ailleurs proposé l’économiste Prof Léonce Ndikumana, éminent chercheur et enseignant à l’Université de Massachussetts aux USA lors d’une conférence organisée en août 2021 par la Banque Centrale sur la problématique du développement au Burundi. Il propose au gouvernement d’investir dans la capacité de gérer ce secteur. Et de préciser : « Dans la négociation des contrats, il faut de la science. Il faut des gens compétents ». L’économiste se demandait par exemple le nombre de juristes ou économistes spécialisés dans la gestion des ressources naturelles ou dans la gestion des contrats d’avenir dont le Burundi dispose. 

Pour lui, il ne faut pas se presser à signer des contrats. L’or ne va nulle part. Prof Ndikumana suggérait de prendre du temps pour analyser les dossiers.

Pour mettre en œuvre ces recommandations de cet éminent chercheur, le gouvernement devrait songer à mettre en place des filières connexes au secteur minier. Faute de quoi, il pourrait octroyer des bourses d’études à l’étranger aux jeunes pour des formations en la matière. Surement qu’ils apporteraient dans une plus-value dans la gestion de ce secteur. 

Ce qui est sûr est que le Burundi dispose d’un sous-sol très riche qui pourrait booster l’économie nationale. De 2017 à 2019, l’or était en tête des principaux produits exportés. Sa valeur des exportations a atteint 123,4 milliards FBu en 2019, selon le rapport annuel de 2019 sur le commerce extérieur des marchandises au Burundi. 

 

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