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Peut-on espérer sauver le secteur agricole avec la houe ?

La production agricole nationale n’arrive pas à satisfaire les besoins locaux. Les prix des denrées alimentaires flambent sur le marché. 43% de la population sont menacés par l’insécurité alimentaire. La modernisation de l’agriculture semble être la bonne solution pour combler les besoins alimentaires des burundais avant de penser à l’exportation que les autorités rapellent de leurs vœux.

Le gouvernement chinois vient de livrer la première partie de son aide de riz promis au Burundi. Ce n’est pas la première aide alimentaire que le Burundi reçoit de la part des « bienfaiteurs ». Il y en a eu plein d’autres ces dernières années

« (…) j’ai vu la quantité d’eau qu’il y a dans ce pays, les terres riches, les populations jeunes. Il est inadmissible qu’on attend le blé qui vient de l’Ukraine, le maïs venant de je ne sais où… », a lâché Moussa Faki, président de la commission de l’Union Africaine au terme d’une visite qu’il vient d’effectuer au Burundi. 

Il y a plus d’un an, le Chef de l’Etat, Evariste Ndayishimiye a déclaré l’an 2022 « année de la révolution agricole  ». Dans son discours à la nation, le numéro Un burundais insistait sur ce secteur pour la relance de l’économie nationale. Il assurait que tous les atouts étaient là pour le développement du secteur agricole.

Force est de constater que les vœux du Président n’ont pas été exaucés. Les défis auxquels ce secteur fait face persistent encore. C’est à partir de cette année que les prix des denrées alimentaires se sont envolés. Le taux d’inflation des produits alimentaires a atteint la barre fatidique de 41,5% au mois de janvier 2023. Pire, ce sont les principales cultures qui sont les plus touchées. 128,9% pour les haricots secs, 51,9% pour le maïs, 45,3% pour la farine de manioc et 43,1% pour le riz, selon la Banque Centrale.

Comment se porte le secteur agricole ?

Le Chef de l’Etat aime le répéter, le Burundi a un potentiel pour développer son  agriculture. Les terres arables, l’abondance de l’eau, la pluviométrie abondante (plus de 8 mois de pluie par an), la population jeune, etc. 

Malgré tous ces atouts, ce secteur connaît plusieurs contraintes. L’agriculture burundaise est une agriculture de subsistance. Les exploitations sont dispersées. La houe est le principal outil utilisé. Il est caractérisé par des exploitants pauvres qui consomment une grande partie de leurs productions, reconnaît Faustin Ndikumana, directeur national de Parcem.  « Moins de 15% de la production va sur le marché. La production autoconsommée ne suffit plus. Le lendemain des récoltes, les petits producteurs vont sur le marché parce que leurs productions n’ont pas pu satisfaire », explique-t-il. 

En outre, l’insuffisance des fertilisants handicape l’agriculture burundais. La réduction de la fertilité du sol, le changement climatique également. Le manque de recherches suite à l’insuffisance des subventions pour l’Institut Supérieur Agronomique du Burundi met à genou le secteur.

Faustin Ndikumana note aussi une diminution progressive de la gamme des produits cultivés notamment les tubercules (colocase, patate douce) qui composaient l’alimentation de base dans les années passées. 

La modernisation de l’agriculture comme remède

En tout cas, on ne peut pas compter sur l’utilisation de la houe pour faire de l’agriculture le moteur du développement économique du pays. Il faudra songer à la modernisation comme le prévoit d’ailleurs le Plan National du Développement (2018-2027). C’est également l’une des recommandations que Salvator Kaboneka, professeur à la Faculté d’Agronomie et de Bio-Ingénierie (FABI) de l’université du Burundi a faite lors du forum national sur le développement qui a eu lieu en novembre 2021.

Cet expert propose la mécanisation. Certaines actions préalables devront être faites. Etant donné que la population burundaise vit dispersée sur des collines, on doit envisager la villagisation. Cette alternative va permettre de libérer les terres cultivables et faciliter la mécanisation. Il insiste aussi sur le remembrement, la mise en commun ou la gestion communautaire des terres au niveau familial, etc. 

La gestion de l’eau est également incontournable selon le Pr. Kaboneka. Les rivières, les plaines irrigables sont nombreuses au Burundi. Il faut miser sur l’irrigation. L’expert suggère la mise en place des réseaux d’irrigation-drainage dans différentes régions entre autres Imbo, Bugesera, Moso. 

 

Il faut aussi un système de collecte, de stockage et de valorisation des eaux de pluie pour faire face aux changements climatiques.

En plus de rendre disponible les fertilisants, les semences en quantité et en qualité suffisantes, Faustin Ndikumana insiste sur les recherches et les statistiques agricoles. Cela permet de connaître les productions et les besoins en consommation. Les recherches permettront de développer les cultures et de faire face aux maladies des plantes.

 

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