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Rumonge : des cultures menacées par des invasions récurrentes d’escargots et chenilles

Située au sud-est du Burundi, la province de Rumonge subit des « assauts » des escargots et des chenilles. Avec plusieurs hectares de cultures endommagés, l’agriculture souffre et les paysans sont dans le désarroi. Reportage.

« Depuis un certain temps, à chaque saison culturale, nous faisons face aux escargots et autres parasites. Cette saison, ils se sont manifestés dans quatre communes », déplore Ir Abel Ndayishimiye, directeur du Bureau provincial de l’Environnement, Agriculture et l’Elevage à Rumonge.

Il est 14 h. Nous sommes à la sous-colline Kirama de la commune Buyengero. En ce moment, le bon temps d’après la bruine règne sur cette montagne surplombant la ville de Rumonge. Partout c’est la verdure mais il ne faut pas se faire d’illusions, rien ne garantit que la récolte sera au rendez-vous. Le ver est dans le fruit, il ne faut pas se fier aux apparences.

Les habitants rencontrés dans cette localité ne vont pas faire durer le suspens. « Il y a des années, sur notre sous-colline, que les cultures comme le haricot, le manioc et les patates douces se font attaquer par des escargots », révèle Zacharie Nkeshimana, 54 ans.

De l’autre côté en zone Gatete sur la colline Mutambara, les riziculteurs de Kagoti sont en deuil pour leur 97 ha ravagés littéralement par des chenilles. Marcien Nsambaniruka, 80 ans, indique que ces chenilles viennent de ressurgir après 17 ans d’accalmie dans les rizières. 

La cause ?

Marcien Kabura, 74 ans explique la genèse de ce phénomène qui prend aujourd’hui des allures inquiétantes. Au mois de mai, raconte-t-il, aucun signe ne montre l’existence de ces escargots, mais quand la période pluvieuse commence, il se développe au niveau de feuilles de petits œufs. « Quand on pratiquait l’agriculture sur brûlis, ces escargots ne se remarquaient pas trop comme aujourd’hui ». 

Pour l’Ir Abel Ndayishimiye, ce fléau est lié aux changements climatiques. Il s’explique : « La province Rumonge se trouve en plaine de l’Imbo avec un climat carrément chaud, et quand il y a des perturbations climatiques, la situation s’aggrave. Ces ravageurs des plantes se multiplient vite pendant la saison sèche et quand la pluie tombe, ils apparaissent en grand nombre pour chercher l’humidité ».

Les garde-bœufs en sauveurs de la situation

Des riziculteurs de Kagoti n’ont qu’une prière, ils en appellent à la réapparition des garde-bœufs pour les débarrasser des chenilles qui déciment leurs champs. 

Le directeur du BPEAE, Ir Abel Ndayishimiye évoque que le ministère de l’Agriculture a livré pour toute la province seulement 100 kg de pesticide de type « métaldéhyde » et 10 l de pesticide de type « iron » pour  le lancement d’une campagne de pulvérisation. Selon lui, cette quantité ne suffit pas. Bien plus, les riziculteurs qui ont déjà utilisé le pesticide de type « iron » se plaignent qu’il n’est pas tout à fait efficace au vu de la dose prescrite.

Un ainé agriculteur de 80 ans de cette localité, témoigne qu’en 1962, un fléau du genre s’est manifesté, mais que ces chenilles sont devenues un régal pour les garde-bœufs. Par malheur, ces sauveurs divins tout blancs n’existent plus dans cette contrée du sud-est du Burundi. Seuls quelques corbeaux se donnent rendez-vous dans ces rizières.

Les paysans de la sous-colline Kirama menacés par les escargots se plaignent que quand les cultures commencent à pousser, un nouveau travail, plus harassant commence pour essayer de sauver leur récolte. « Il faut se réveiller tôt. Depuis 5 heures du matin jusqu’à 10 heures voire 11 heures, tout le monde ramasse les escargots. Je ne quitte le champ que quand le soleil commence à taper fort. Le soir ou quand la pluie tombe, il faut y retourner pour faire la même chose.  Quand ces bestioles sont rassemblées quelque part on met de la cendre dessus ou du savon en poudre avec un peu de sel », indique Violette Ntakarutimana, 25 ans, agricultrice.  

L’ampleur des dégâts 

« En une seule journée, les chenilles ont ravagé mon champ de riz d’un demi-hectare. J’y avais investi plus de 250 mille BIF. Je ne vois pas ce que je pourrais faire pour nourrir mes enfant», se lamente Annonciate Niyoyitungira, 32 ans, mère de 5 enfants.

Dans toute la province, les dégâts causés par ces ravageurs de cultures ne sont pas négligeables. Selon le directeur du BPEAE de Rumonge, entre 50 et 40 ha ont été déjà endommagés par les escargots, surtout sur les collines proches du lac Tanganyika et à peu près 100 ha de champs de riz ont été attaqués par des chenilles. 

Et comme conséquences, les prix des denrées alimentaires se sont envolés dans les localités touchées par ces parasites. Autre perte soulevée, c’est le temps passé à ramasser ces escargots ou à lutter contre les chenilles alors qu’il devrait être consacré aux autres activités.

 

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