Alors que depuis le 2 janvier 2023, la choléra sévit dans certaines parties de Bujumbura et qu’une grande partie de la ville manque d’eau potable, la Regideso ‘’tranquillise’’. Oui, les réseaux sociaux offrent des facilités pour communiquer, mais la gravité de la situation n’a-t-elle pas échappé au communicant ?
Ce 6 janvier, au bon matin, je me prépare pour me rendre au travail. Finissant mon petit-déjeuner, je prends un verre et je me dirige vers la grande bouteille qui, d’habitude, contient de l’eau à boire. Mais je n’y trouve aucune goutte. « On va se rabattre sur l’eau du robinet, au final l’eau, c’est l’eau », je me dis. J’ouvre doucement le robinet. A mon étonnement, il est sec comme un désert. Stupéfait, telle une gifle que je reçois en plein visage, je prends mon téléphone pour surfer, et je découvre que la grande partie de Bujumbura n’a pas d’eau potable, comme le cas de mon quartier (Kibenga).
Alors que je me rends à l’arrêt-bus, je tombe sur un tweet de la Regideso qui est en train de circuler sur les réseaux sociaux.
En substance, le tweet dit : «Travaillant même la nuit, l’équipe technique, sous la supervision du D.G, @Regideso_bdi fait tout son possible pour que @MairieBuja soit réapprovisionnée en eau potable», avec des photos de nuit pour bien montrer que réellement « l’équipe technique fait tout son possible ».
Des mots ou des actes ?
Certes, on ne prévoit pas les pannes techniques. Et, à l’heure des réseaux sociaux, si on ne communique pas sur ce qu’on fait, la tendance est de croire qu’on ne fait rien. Mais il y a de ces moments où on doit peut-être garder son silence ou parler par des actes. Et si la Regideso avait fait ainsi, et tout simplement décidé d’envoyer quelques camions-citernes d’eau dans les quartiers ? Cela peut sembler à de l’illusion, mais vu l’urgence pour palier la cholera, tous les scenarios possibles devraient être pensés.
Quant à la communication régulière de la Regideso, elle me ramène curieusement à un flash-back de la photo d’un D.G qui s’est pris en selfie en train de savourer un sandwich au bureau, pour montrer sa dévotion au travail. Sa suite est connue.
Je me rappelle aussi d’une petite boutade d’un sage qui m’a dit un jour qu’avoir ‘’le clavier facile’’ est parfois un péché impardonnable à l’ère de Twitter, Instagram et Tik tok.
Mon corps me rappelle à la raison et réclame : «De l’eau s’il te plaît». Je décide d’acheter de l’eau en bouteille. La petite coûte 1 000 BIF, tandis que la grande bouteille vaut le double. Avec cette spirale inflationniste dans laquelle s’enfonce le pays , acheter une bouteille d’eau minérale devient un luxe.
Bouc émissaire ?
En bus, assis à côté d’une fenêtre, je contemple Bujumbura et repense au choléra qui risque d’envahir la ville entière si l’eau potable continue à manquer. Peu de Burundais peuvent se permettre d’acheter de l’eau minérale. Perdu dans mes réflexions morbides, je me rappelle qu’il y a quand même le lac Tanganyika. Le Tanganyika, diantre !
Mais on a une réserve inépuisable d’eau fraîche tout près de la ville qu’il faut juste traiter et envoyer dans les ménages de la ville de Bujumbura ! A cet instant même, je me rappelle les propos d’un collègue qui m’a révélé que dans son quartier, plus de 48 heures peuvent s’écouler sans eau potable dans les robinets. Il m’a même montré une photo des enfants et des femmes de son quartier, en train de puiser et boire l’eau du Lac. J’ai sursauté. Pendant que le choléra est en train de réapparaître, des ‘’Bujumburois’’ consomment l’eau du lac ? Avec les saletés qui s’y déversent ?
Dans le cas d’espèce, la situation devrait non seulement interpeller la Regideso et le ministère de tutelle, mais devrait être une alerte à l’urgence nationale, à absolument prioriser.
Les gens, je me sens dans l’obligation de partager l’article 👏👏 chapeau à toi Carmel.