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Qui privilégier entre l’homme et les hippos ? 

Ces derniers temps, des hippopotames sortent des rivières, du lac Tanganyika pour brouter. Malheureusement, actuellement, ils n’ont plus assez de marge de manœuvre. Leur zone tampon qui devait servir de pâturage étant déjà envahis par des maisons, des champs agricoles, etc. Ainsi, les hippos et les humains se retrouvent face à face. Une cohabitation conflictuelle. Léonidas Nzigiyimpa, environnementaliste nous dit quoi faire. 

Après les hippopotames qui s’étaient installés non loin de la route Bujumbura-Rugombo, à Buringa, commune Gihanga, province Bubanza, cette fois-ci, un hippopotame terrorise les habitants du quartier Gisyo, zone Kanyosha, commune Muha. Selon les dires des habitants, cela fait déjà plus d’une année que cet amphibien vit là. Ils affirment que leurs vies sont en danger. Des morts auraient même déjà eu lieu selon les témoignages qui demandent que cet animal soit relocalisé ou tué.

Néanmoins, Léonidas Nzigiyimpa, environnementaliste et président de l’ONG 3C (Conservations, Communautés de Changement) trouve qu’au lieu de se lamenter, il faut reconnaître que l’homme est allé agresser ces animaux.  « La zone tampon du lac et de ses affluents est aujourd’hui occupée par des maisons et des champs agricoles. Or, il était recommandé de laisser au moins une zone de 150 m pour le lac et 25 m de part et d’autre des rivières qui s’y jettent. C’est dans cet espace que les hippopotames devraient trouver des pâturages. Et les hippopotames passent presque toute la journée dans l’eau et sortent le soir pour brouter.  Quand il n’y pas cette zone tampon, ces animaux s’attaquent aux champs agricoles qui s’y trouvent », explique-t-il. 

A ceux qui pensent à abattre ces animaux ou les vendre comme solution, cet environnementaliste indique que cela ne tient pas. D’abord, il signale que le nombre des hippopotames a sensiblement diminué.  

A ceux qui pensent qu’il faut privilégier l’homme en défaveur de ces animaux, sa réponse est claire : « Les animaux et les humains doivent cohabiter pour maintenir l’équilibre écologique, et biologique ». Pour lui, les Burundais devraient considérer ces animaux comme une richesse et arrêter des stratégies pour leur protection : « Avec le développement du tourisme, ces animaux peuvent faire entrer beaucoup d’argent dans le pays ». 

Il trouve d’ailleurs qu’il faut laisser ces animaux vieillir et mourir d’une mort naturelle, car, explique-t-il, cela fait partie de l’équilibre biologique et environnemental : « Aujourd’hui, les gens se demandent pourquoi la production des poissons a chuté. Cela est lié, en partie, à la diminution de l’effectif de ces animaux. Quand ils passent toute la journée dans l’eau, ils défèquent là. Et leurs excréments contribuent à l’augmentation des phytoplanctons, aliments des poissons ».

Il rappelle par ailleurs que ces animaux sont protégés par des conventions internationales voire des textes nationaux que le Burundi a ratifiés. Il cite la Convention CITES de Washington, le nouveau code forestier du Burundi, le code de l’environnement et la loi portant création et délimitation des aires protégées au Burundi.

Apprendre à cohabiter avec les hippopotames

Au lieu de s’en prendre à ces animaux, M. Nzigiyimpa trouve au contraire qu’il faut enseigner à la population le comportement à adopter devant eux. Par exemple, quand on se rend dans le lac pour puiser de l’eau ou nager, il faut d’abord se rassurer qu’il n’y a pas d’hippopotames dans les sillages. 

« Ce n’est pas conseillé de se plonger directement ou de s’approcher. Il faut attendre entre 10 à 15 minutes. Car dans la plupart des fois, il arrive qu’un hippopotame soit là mais en profondeur.  Et quand il entend quelqu’un se jeter dans l’eau, il peut remonter subitement et s’attaquer à l’individu.  C’est bon alors d’attendre. Parce qu’après 15 minutes, il doit remonter pour respirer. Et quand tu constates qu’après ce temps, aucun hippopotame ne se manifeste, cela signifie qu’ils ne sont pas dans les environs », détaille-t-il. 

Et quand on croise un hippopotame, M. Nzigiyimpa souligne qu’il ne faut pas s’attendre à ce que cet animal te laisse le chemin : « Il revient à toi de t’écarter de sa trajectoire et le laisser continuer ».   D’après lui, c’est très rare qu’un hippopotame s’attaque à une personne s’il n’est pas provoqué, dérangé. Il devient seulement violent, offensif quand il a un bébé à protéger. 

 

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