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Allô Mr President… faites quelque chose, le peuple souffre !

Depuis au moins deux ans, avoir le passeport burundais relève du parcours du combattant. Les autorités compétentes semblent se complaire dans des explications qui ne convainquent plus personne. Dernièrement, même le ministre ayant ce service dans ses compétences s’y est mis. Devant tant d’inerties, ce blogueur a  trempé sa plume dans l’encre du désespoir pour écrire au Premier des Burundais.

Monsieur le Président, 

C’est un spectacle désolant, cette petite foule de gens, documents en mains, qui s’agglutine quotidiennement devant les bureaux du Commissariat général des migrations (CGM). C’est honteux les sommes faramineuses issues de la corruption qui se brassent en sous-main. Même le formulaire de demande de passeport est devenu payant. Un parcours du combattant car quand on parvient à se le procurer et à le compléter, il arrive qu’on vous dise de revenir le déposer dans un mois (je parle du simple formulaire de demande de passeport). Quand, au bout du compte on parvient à le déposer avec les documents requis, parfois on vous demande de revenir dans 8 mois pour récupérer le document de voyage. Des fois, je me demande où on est, M. le Président. 

Les citoyens burundais ont le droit absolu d’avoir les documents auxquels ils ont droit dans les conditions fixées par la loi. L’administration est l’émanation du pouvoir que le peuple exerce par l’intermédiaire du vote. Les élus sont les délégués du peuple qui exercent en sa place le pouvoir. Vous êtes le Premier des élus du peuple, M. Président. Si vous confiez la responsabilité d’un service technique à quelqu’un et qu’il ne l’exerce pas correctement, vous devriez vous en séparer parce qu’il est en train de saper les efforts que vous fournissez pour inculquer les principes de la bonne gouvernance à l’administration. 

M. le Président, le peuple fulmine 

J’ai entendu le responsable du CGM dire en substance : « On a une capacité de produire 1000 passeports par jour ». Plus tard on apprendra qu’une commande 30 000 passeports avait été faite. Sauf que les Burundais sont plus de 12 millions et que tout ce beau monde peut prétendre avoir un passeport.

« Il y a chaque jour plus de 500 demandeurs de documents de voyage dans les bureaux de Bujumbura. C’est pratiquement impossible d’accueillir ce nombre dans une journée », c’est la même personne qui parle, et moi je ne peux m’empêcher de me poser une question : où est la cohérence dans tout ça puisque rien n’a changé. 

M. le Président, s’il y a une règle basique pour un responsable chargé d’un service public, c’est l’anticipation. Un gestionnaire doit savoir faire des projections et anticiper ce qu’il y a à anticiper. Imaginez si les responsables des services de santé agissaient comme sieur Maurice et n’anticipaient pour commander les médicaments dont ils auront besoin ? Ce serait une hécatombe, les gens mourraient comme des mouches. Dans l’émission publique que vous avez animée le 30 décembre 2022, le ministre ayant le CGM dans ses responsabilités a abondé dans le même sens et s’est perdu dans des explications. Mais il avait quand même fini par promettre que 30.000 documents de voyage seront disponibles fin janvier 2023. Depuis, 3 mois sont passés et les demandeurs de passeports n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Un autre fait : le passeport burundais fait partie des passeports les plus chers de la zone EAC. 2 35 000 Fbu contre 150 000 Tsh (133 053 Fbu) pour le passeport tanzanien). Pourtant le PIB par habitant du Burundi est le plus faible de la zone (221,5 dollars contre 1099,3 pour la Tanzanie en 2021). N’est-ce pas paradoxal ?

M. le Président, le peuple rumine  

Un des avantages d’appartenir à l’EAC est la libre circulation des biens et des personnes. Comment les Burundais peuvent-ils perdre les acquis de l’intégration sous régionale à cause de l’incompétence des agents de l’administration ? « Akanyoni katagurutse ntikamenya iyo bweze »,  M. le Président. L’expérience de la Serbie a montré que nos concitoyens ne reculent devant rien quand il s’agit d’aller voir là où l’herbe est la plus verte. La diaspora peut apporter une pierre au développement du pays et vous l’avez bien compris, compte tenu de l’encadrement que votre administration veut faire à l’égard de ces Burundais « d’ailleurs ». Cependant, si on continue à mettre le bâton dans les roues de ceux qui veulent partir, c’est contreproductif par rapport à cette nouvelle dynamique. Récemment, une de mes cousines m’a appelé pour me dire ceci : « Toi qui es journaliste, tu saurais comment on fait pour avoir un passeport ? Après toutes ces années de chômage, je viens de tomber sur une opportunité de travail dans un pays arabe ». Je lui ai répondu que je ne savais absolument pas comment on fait pour avoir ce sésame. Quelques heures plus tard, elle m’a rappelée, abattue, pour me dire que ses amis lui ont dit qu’elle n’avait aucune chance de l’avoir, à moins de débourser 1,5 million de Fbu pour graisser la patte à quelqu’un. Voilà une énième future « diaspora » ratée, qui ne verra ni les dattes ni le désert, encore moins les pétrodollars des pays du golfe.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. La bonne gouvernance est la base de la démocratie et le développement du pays.Aucun pays au monde ne peut pas se développer avec une corruption si glande comme celle de notre pays le Burundi. Tant que les gens qui ne respectent la loi ne sont pas inquiètés, si le corrompus ne sont châtiés .les Burundais seront des exclaves dans leur pays.le Burundi devait recruter les gens selon la compétence non sur base d’être membre du parti au pouvoir .

  2. Vivement que Dieu se réveille pour chasser Satan de l’Afrique et ses valets humains. Courage, lutter toujours la victoire sera de coller le cercle et ça roulera assurément.