Dans la commune Gashikanwa, des femmes surnommées « mama muco » mènent un combat sans relâche et bénévolement contre la malnutrition des enfants, en éduquant les mères sur une alimentation saine et équilibrée.
En date du 21 septembre 2023, nous avons mis le cap sur la commune de Gashikanwa. Droit devant nous, des véhicules de l’Unicef s’imposent et filent à toute vitesse vers la destination. Au programme du jour, la délégation de l’Unicef Australie vient s’enquérir des travaux de l’Unicef Burundi qui s’inscrivent dans le projet de la lutte contre la malnutrition à travers la fondation Stamm. Tous sont de la partie lors de cette visite y compris le gouverneur de la province de Ngozi. Arrivés au foyer d’apprentissage de Gashikanwa, la responsable de ce foyer, Christine Sibomana, vient nous accueillir chaleureusement à la burundaise.
Les mama muco au service de la communauté
Je jette un regard à celles que tout le monde surnomme « mama muco » ou « maman lumière ». Elles sont souriantes et radieuses. Je découvre que les mama muco sont des femmes qui sont élues par le voisinage et qui ont la lourde tâche de s’occuper des enfants malnutris d’autant plus que la malnutrition est un véritable problème de santé publique.
Dans le foyer, nous retrouvons, assises sur des bancs, des mamans portant leurs enfants âgés de moins de trois ans, en majorité. Elles viennent participer aux activités et témoigner de l’impact de ce foyer sur la santé de leurs enfants, comme c’est le cas pour Dukundane Sheilla, 19 ans : « Je suis venue pour la première fois avec mon fils à ses 6 mois alors qu’il pesait 5 kilos. Ça fait 4 mois que je l’emmène régulièrement ici et il a gagné 5 kilos de plus. »
Christine Sibomana m’apprend un peu plus sur le travail des mamans lumière dans la lutte contre la malnutrition des enfants : « Pour accueillir un enfant dans notre centre, nous pesons son poids et nous nous servons d’une bandelette MUAC sur son bras pour définir le degré de malnutrition. Ce foyer d’apprentissage s’occupe des enfants souffrant de malnutrition modérée (couleur jaune sur la bandelette). En cas de malnutrition sévère (couleur rouge), l’enfant est conduit à l’hôpital. À ce jour, notre foyer a déjà aidé 555 enfants malnutris.»
Ces héroïnes enseignent également aux mères de famille comment s’alimenter d’une façon saine et équilibrée en variant les glucides, les lipides et les protéines. Pour ces enfants malnutris de 6 mois à 23 mois, ces mamans lumière recommandent d’ajouter dans la nourriture un complément alimentaire composé de vitamines, de fer, de zinc, d’iode, etc.
Des défis à relever !
Le défi majeur est sans nul doute la pauvreté qui menace les familles avoisinantes. Christine Sibomana est consciente de la situation financière qui s’effondre dans la plupart des ménages aux alentours : « Beaucoup de familles vivent dans la précarité. Quand ces mamans viennent dans le foyer, elles apportent ce qu’elles peuvent trouver chez elles tels que les bananes, les légumes et les patates douces. Non seulement, nous leur apprenons à varier leur alimentation avec le peu qu’elles peuvent se procurer, mais c’est une occasion pour leurs petits de partager la nourriture en assaisonnant avec le complément alimentaire pour les moins de 2 ans. »
La responsable de ce foyer remercie l’Unicef Burundi via la fondation Stamm qui leur apporte du soutien et de l’aide si besoin. Cependant, elle ajoute : « Notre travail devrait être valorisé, car nous allons dans les communautés pour dépister les enfants malnutris et œuvrons pour qu’ils suivent un régime approprié sans un petit encouragement. Aussi, nous devrions nous munir d’un uniforme qui nous est spécifique quand nous nous rendons dans la communauté. »
Les activités de ce programme se sont achevées par un repas varié et équilibré, préparé par Adam Liaw, le chef cuisinier et représentant de l’Unicef Australie. Un repas en l’honneur des enfants et leurs mères conviés aux cérémonies. Un geste qui nous a laissés ébahis par les talents culinaires de cet homme.