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Glissement de terrain : « Un phénomène naturel »

Récemment sur les réseaux sociaux, une vidéo montrant un glissement d’une montagne au Burundi a fait beaucoup parler les gens. Dans des groupes WhatsApp ou sur Facebook, les commentaires ont évoqué des phénomènes surnaturels. Nous avons approché un expert en Géosciences pour élucider le phénomène. Il précise que le phénomène est plutôt naturel.

La sous colline Misave, zone Kibuye, commune Isale de la Commune Bujumbura a été touchée par un glissement de terrain en ce début du mois de mars 2023. Plus de 16 maisons se sont effondrées et des champs ont été emportés. 

La mairie de Bujumbura n’est pas épargnée non plus. En décembre 2022, un glissement de terrain a touché le quartier Mutanga Nord. Au moins 4 maisons dont le bar Bamako se sont effondrées. Le phénomène s’est également observé en début 2022 dans la commune de Kabezi où plus de 60 hectares ont été menacés par les glissements.

« Ce sont des phénomènes naturels », informe Dr Désiré Kubwimana, expert en géosciences-risques géologiques. Selon ce chercheur et professeur d’université, ces glissements sont liés à la position (géolocalisation) de la région (blanche ouest de l’Afrique). Ce sont des phénomènes observables à plusieurs reprises dans la région du couloir ouest du Burundi (depuis la province Cibitoke jusqu’à Nyanza Lac, sud-ouest).  C’est une région à une géodynamique active, qui est sensible à des mouvements de masse gravitaire. « A Kirundo ou Ngozi, vous ne trouverez pas des glissements de terrain fréquents », explique-t-il. En plus de la géolocalisation, les pentes sont aussi des facteurs déclencheurs de glissement de terrain. La vitesse du glissement est fonction du degré de la pente. La nature de la roche influence aussi le glissement de terrain. Pour cet expert, dans la plupart des cas dans les contreforts, on y trouve des roches fragiles. Cela peut provoquer une coulée de boue.

La pluie est également un des grands facteurs déclencheurs de glissement de terrains. Dans la région du Rift Est africaine les glissements de terrain sont plus déclenchés par les fortes précipitations. Dans sa thèse, Dr Kubwimana a trouvé que plus 90% de glissement de terrain au Burundi sont déclenchés par les fortes précipitations. Les cours d’eau influencent également. Il peut y voir ce qu’on appelle un double drainage (à droite et à gauche). En bas de la colline, un cours d’eau arrache la terre et va déstabiliser une pente qui est déjà instable. Les causes anthropiques dues notamment aux actions de l’homme jouent en outre leurs rôles. 

Deux grands groupes de glissement de terrain

Il existe deux grands groupes de glissement de terrain. Les grands glissements de terrain à grande vitesse et les petits glissements de terrain à petite vitesse (ne pouvant pas dépasser 5 m de profondeur). Ces derniers s’observent dans les plaines. Ce sont les effondrements des berges des rivières. Les ravinements qui sont des grandes érosions et sont le contact entre les contreforts et la plaine. Ce sont des zones de dépôt des alluvions qui viennent des contreforts (ravin de Vugizo, sororezo en mairie de Bujumbura par exemple). 

Il évoque aussi les glissements de terrain se manifestant dans les contreforts. C’est un glissement type qui s’est produit à Isale. C’était un glissement de terrain de grande vitesse. Ce type de glissements est très destructeur. 

Comment éviter les dégâts ?

Le chercheur reconnait qu’éviter ce genre de mouvements est difficile, mais également de les prédire avec précision. « Une rupture de pente ne se fait pas en une journée mais en réalité, la vitesse commence depuis longtemps ». L’expert en géosciences-risques géologiques propose un suivi régulier des régions à risque et la mise en place d’une cartographie détaillée des zones à risques. Il faut des études avant la rupture des pentes. Là, on peut ou ne pas permettre la population d’y construire. 

Selon cet expert, le quartier Mugoboka en mairie de Bujumbura n’est pas à construire. Des arbres sont déjà inclinés. Cela est un signe d’un glissement de terrain. Peut-être, les gens peuvent y cultiver mais pas y construire des maisons ou y ériger des infrastructures comme les routes. 

 

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