Dans différents partis politiques, des ligues des femmes et des jeunes existent. Et ces deux catégories jouent un rôle dans la vie de leurs organisations politiques. Néanmoins, ces derniers trouvent que leur représentativité dans les institutions ne correspond pas à leur effectif dans le pays.
« C’est notre droit de participer dans les partis politiques et de faire entendre notre voix. D’ailleurs, nous sommes très nombreuses dans le pays. Et la politique nous concerne, car quand ça tourne mal, ce sont les femmes qui souffrent beaucoup », indique Caritas, une jeune fille, croisée non loin de Saint-Michel. Etudiante, elle se garde de dévoiler son parti et affirme qu’elle est membre d’un parti politique. Elle indique qu’aujourd’hui, il y a une avancée significative en ce qui est du rôle de la femme dans les partis politiques. « Il y a des femmes, des filles qui occupent des postes de responsabilité dans les partis politiques. Ce qui se remarque même quand il s’agit de la composition du gouvernement, de l’Assemblée nationale, etc. En tous cas, on avance. », se réjouit-elle.
Idem pour Violette, une vendeuse de fruits à Bujumbura : « Oui, nous voyons des femmes dans les partis, à l’Assemblée nationale, etc. Quand on écoute les radios ou regarde la télévision, on les voit. Ce qui est une bonne chose. »
Néanmoins, cette mère de six enfants trouve que l’esprit solidaire n’est pas encore une réalité entre les femmes : « Vous êtes souvent témoins des mauvais traitements dont nous sommes victimes. On nous bat souvent, on nous malmène, on piétine nos produits. Mais, je n’ai jamais vu une femme politicienne venir plaider pour notre cause. Elles visent souvent leurs intérêts. »
Jacqueline Uwizeye, cadre du parti CNL, trouve que les femmes ont un rôle important dans la vie des partis politiques. Elles sont représentées dans tous les organes. « Et elles remplissent convenablement leurs tâches », affirme-t-elle, notant qu’il arrive même des cas où elles se démarquent des hommes.
Lors des élections, Mme Uwizeye indique les femmes sont présentées sur les listes. « Aujourd’hui, les femmes s’intéressent de plus en plus à la politique. Elles donnent des idées constructives ». Pour elle, le pourcentage de 30 % réservé aux femmes devrait être revu à la hausse. Dans certaines institutions ou organes de prise décision, elle déplore que même ces 30% ne soient pas respectés. Pour preuve, explique-t-elle, actuellement, il y a peu de femmes à la tête des provinces. Il faut ajouter que sur une trentaine de partis politiques, trois seulement sont dirigés par des femmes à savoir le parti ADR-Imvugakuri ; RPB ; PML-Abanywamwete : « Il nous faut au moins 40 %, car nous sommes très nombreuses dans le pays et nous pouvons accomplir des tâches au même titre que les hommes », réclame-t-elle.
Et les jeunes dans tout ça ?
« Nous sommes présents et actifs dans les partis politiques. Nous sommes conscients que nous devons jouer un rôle dans la vie des pays », confie Bukuru, un jeune membre du parti Cndd-Fdd. Croisé au centre-ville de Bujumbura, il signale que dans son parti, les jeunes participent dans la mobilisation des membres, dans le recrutement des nouveaux membres, etc.
« Nous sommes aussi présents côté sécuritaire. Tout jeune est appelé à veiller sur la sécurité, à voir ce qui ne marche pas dans son quartier, et quand il constate un cas suspect, il est appelé à alerter les forces de l’ordre et de sécurité », ajoute-t-il, notant que le rôle de la jeunesse de son parti est remarquable dans les comités mixtes de sécurité.
Innocent Ndayisenga, jeune membre du parti Uprona, reconnaît lui aussi que les jeunes jouent un rôle important dans les partis politiques. Ce qui remonte même d’avant l’indépendance. « En tous cas, les jeunes ont joué un rôle dans la recherche de l’indépendance », mentionne-t-il. Aujourd’hui, poursuit-il, ils sont encore très actifs dans les partis politiques. « Vous trouverez que chaque parti a une branche, une ligue des jeunes. Ce qui signifie qu’ils sont présents.». Ces propos sont également confirmés par I.K, membre du parti CNL, précisant que leur rôle est surtout centré sur la mobilisation et la sécurité des responsables du parti.
Le revers de la médaille
Malgré leur présence et leur rôle dans les partis politiques, les jeunes interrogés trouvent que leur bien-être n’est pas une grande préoccupation de certains responsables des partis politiques. Innocent Ndayisenga de l’Uprona déplore que dans certaines circonstances, les jeunes profitent seulement des boissons. « Quand il arrive le moment de nommer des gens aux postes de responsabilités, les jeunes ne sont pas prioritaires. Ce sont ceux qui ont de l’argent qui sont mis en avant ».
Il souligne qu’il arrive des cas où des gens qui ne participent dans les réunions soient nommés parce qu’ils ont beaucoup contribué en termes financiers. Il trouve aussi que certaines personnes se classent dans la catégorie des jeunes alors qu’elles ont déjà dépassé l’âge de 35 ans.
Et à I.K de mentionner qu’à voir le pourcentage des jeunes au sein de la population, les dirigeants devraient se focaliser beaucoup plus sur le développement de la jeunesse. « Allez voir comment se porte la seule Université publique, vous remarquerez que les jeunes ne sont pas prioritaires ».
Sans donner de chiffres, il signale que même dans les institutions pénitentiaires, on y trouve beaucoup de jeunes. Il se rappelle qu’en 2015, beaucoup de ceux qui ont été arrêtés et emprisonnés étaient des jeunes. « Une preuve de l’instrumentalisation dont les jeunes sont victimes. Et ce, à cause de la pauvreté, du chômage, etc. », commente-t-il.
Pour lui, il y a des politiciens qui exploitent les jeunes pour arriver à leurs intérêts personnels. Et de faire un clin d’œil à la jeunesse : « Oui, nous devons participer dans les partis politiques parce que nous sommes les futurs gestionnaires du pays. Mais, il faut un esprit de discernement et ne pas croire à tout ce que nous disent nos politiciens, à leurs fausses promesses. »
De son côté, Bukuru indique que normalement, il devrait y avoir un ministère chargé exclusivement de la jeunesse. « Et à la tête, on devrait placer un jeune et pas un homme de plus de 50 ans. Il y a des jeunes de 35 ans capables d’organiser un ministère, ou 40 ans tout au plus. »
Se défaire du poids de la tradition
Gaspard Kobako, politicien, la majorité de la population burundaise est jeune. « Parmi cette majorité, il y a une majorité de jeunes et de femmes. C’est dans les proportions de 65 % et plus et de 25 % respectivement. Et le rôle des jeunes et des femmes doit être, par conséquent, prépondérant dans les partis politiques naturellement », analyse-t-il.
D’après lui, par définition, la démocratie est le gouvernement de la majorité. « L’on ne saurait en effet bâtir cette démocratie, au sein des partis politiques sans tenir compte de ces composantes de la société burundaise ».
Toutefois, nuance-t-il, il faut des jeunes et femmes qu’il faut dans des postes qu’il faut. « Nous nous inscrivons en faux contre des positionnements de façade ou de type fourre-tout, pour juste satisfaire des règles édictées par la législation y relative en vigueur en termes de pourcentage à respecter.»
Compte tenu des tares, du poids de la tradition, des us et coutumes et de la mentalité qui veut placer les femmes au second rang, voire aux calendes grecques, M. Kobako encourage la promotion volontariste des femmes pour les faire figurer dans les organes de prise de décisions : « Elles sont capables de beaucoup de choses y compris en politique. Mais, il faut qu’elles soient encouragées et soutenues par des hommes pourvu qu’elles y répondent favorablement et positivement. Le poids de la tradition a tellement pesé sur leurs épaules qu’il semble les maintenir. Ainsi, le constat amer est que les femmes entre elles ne s’élisent pas à cause de cette tradition. »
Pour bien jouer leur rôle dans les partis politiques, M.Kobako suggère que les femmes soient libérées de certaines tâches qui tendent à les maintenir loin des activités politiques tels que les travaux champêtres, ménagers, encadrement des enfants, etc.
En effet ils, jeunes et femmes Burundais, nous faut révoir notre façon de faire la politique. Je suis pour un Burundi représenté par les jeunes et les femmes de tous bords dans les postes de décisions.