Le 8 mars est maintenant derrière nous. La journée où dans le fond, selon moi, toute prière est acceptée, toute revendication rejetée. Heureusement, mars est le mois de la femme, une occasion pour moi de m’indigner car je suis choquée et en colère. Pourquoi ? Parce que je suis face à une injustice flagrante : le traitement inégal réservé aux femmes burundaises qui se marient à des étrangers.
Mai 2019. Je fais la rencontre d’un homme gentil, calme et souriant, 1m 80. Elancé comme je les préfère. C’est strictement professionnel. En plus, c’est un étranger, un Togolais en court passage au Burundi pour une mission de travail. Non, ce soir-là, je n’ai pas eu le coup de foudre. J’étais loin d’entamer une relation amoureuse. Peu après, il a reussi à me convaincre de lui donner une chance. C’était mon tout premier copain, j’avais 24 ans.
Nous avons eu une paisible relation à distance. Pendant trois ans, notre seul et unique souhait était d’être dans un même pays et vivre ensemble. En fin, en décembre 2022, mon monsieur laisse tout derière lui, à Lomé. On se marie et il s’installe au Burundi, ce beau pays aux collines vertes, comme il aime bien le décrire.
La bataille du visa mensuel commence…
Un mois, deux, trois, quatre mois de Visa. Cela commence à peser sur notre budget mensuel. On parle quand même de 90 dollars, pour un mois de visa. Je commence à me demander que faire pour qu’il puisse avoir la nationalité ou au moins qu’il arrête de payer chaque mois cette somme. Je me renseigne à gauche à droite. Je tombe sur une loi portant réforme du code de la nationalité.
« La femme étrangère acquiert par mariage la nationalité de son conjoint burundais par simple déclaration», lit-on dans l’article 10. Naïve, je suis convaincue qu’il y a certainement une ligne que j’ai sauté. Il y a un autre moyen : la naturalisation. « La nationalité burundaise peut également s’acquérir par la naturalisation. La naturalisation est accordée par le Président de la République par voie de décret. », stipule l’article 6.
A cet instant précis, mon esprit quitte mon corps. Je marmone : « Est ce qu’on se connait, moi et le président ?» Mon cerveau se moque carrément de moi. Ma voix intérieure me dit : « Pauvre Isney, tu n’es qu’une goutte d’eau dans un océan de plus de 8 millions de Burundais, dont la moitié sont des femmes. »
Je refais d’autres recherches. Je tombe sur un autre document qui dit dans son article 7 : « L’intéressé par [la nationalité Burundaise] doit avoir résidé en permanence au Burundi pendant une durée d’au moins dix ans. Ce délai est réduit à cinq ans en faveur des étrangers mariés à des Burundaises ». Ainsi donc, mon mari qui pourra bénéficier de cette petite faveur, mais en attendant, on devra payer les 90 dollars par mois. Cela nous fait exactement un total de 5 400 dollars pour 5 ans de visa (soit 11,091,600 Bif).
Plus une once de doute, il y a un soucis. Si je comprends bien si un homme burundais se marie à une femme étrangère, il a le droit de lui transmettre sa nationalité. En revanche, si c’est une femme burundaise qui se marie à un étranger, elle n’a pas le droit de transmettre sa nationalité à son mari étranger. Comment peut-on justifier une telle discrimination envers les femmes burundaises?
Reta mvyeyi, traite tes enfants de façon égale
Dans notre tradition, on dit qu’n gendre devient un fils par alliance. La discrimination envers les femmes burundaises est une violation de leurs droits et de leur dignité en tant que citoyennes burundaises. N’est-ce pas que reta mvyeyi a le devoir de garantir l’égalité des sexes et le respect des droits de l’homme pour tous les citoyens, sans distinction de genre ?
D’aillleurs, la Constitution du Burundi stipule que tous les citoyens sont égaux devant la loi, sans distinction de race, de sexe, de langue ou de religion. Cette forme de discrimination flagrante envers les femmes burundaises est donc en totale contradiction avec les principes fondamentaux de l’égalité et de la non-discrimination inscrits dans l’article 25 de la Constitution.
En 2023, pourquoi une femme burundaise devrait-elle être pénalisée parce qu’elle a choisi d’épouser un étranger? Excellence, si cela arrivait à l’une de vos filles, que feriez-vous en tant que père ? En réalité, on ne donne que ce que l’on a. Si on ne peut pas donner notre nationalité à notre conjoint, sommes-nous vraiment Burundaises ?
On vit la même Chose ma chère 🤦🤦… Vivement qu’on puisse revoir cette loi!!
Celui qui est pénalisé n’est pas la femme car elle ne paie rien mais l’homme qui paie ces 90$ de visa😀
En attendant que la loi change dans le sens voulu, que le couple aille vivre tranquillement à LOME.
Voilà encore discrimination de responsabilité ! Tu dis quoi? On devient un par union conjugale , les 90$ nous les payons tous les deux non? , ce montant couvrirait les frais sco’aires de notre enfant jusqu’à l’Université .
Bravo de denoncer
La femme burundaise doit pouvoir transmettre sa nationalité a son mari.
La majorité des femmes africaines ne donnent pas leurs nationalités a leurs conjoints resortissants d’utre pays……par manque de législation ou inegalité…
Vous avez totalement raison. Néamoins,y ajouter les références legaleses pour permettre à Celui qui voudra consulter çe document pour bien Vous croire
Je suis désagréablement surprise par cette discrimination . A mon avis , l’activisme n’est pas nécessaire. C’est une violation fragante de la constitution. La Cour constitutionnelle devrait se saisir.
Gihugu
Un Français bien composé, bien articulé avec arguments raisonés!
Vraiment que l’Etat voye cela à la loupe car les femmes ont droit égal-égal aux hommes.
Qu’on lui donne cette nationalité
Egalité
L’égalité des genres est encore très loin au burundi
La route est encore longue . C’est comme ci l’égalité change de signification selon les leiux et les circonstances. C’est quand même une bonne chose de rappeler aux dirigeants que quelques parts il y a nécessité de clarifier les choses et d’être justes. Courage Isney et Ton amour.
À moins que j’aie mal compris, pourquoi ne pas faire une demande auprès des instances appropriées …
La suite, please.