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Le féminisme en perpétuelle chirurgie esthétique. Quel est finalement son vrai visage ?

Les changements profonds qu’a subis le mouvement féministe au cours de l’histoire ont fait régner la confusion quant au contenu du mot féminisme. Qu’est-ce qu’une féministe ? Sur quel critère te bases-tu pour t’appeler féministe ?

 Chers lecteurs et blogueurs, j’ai été heureux de te lire en date du 17 Février 2023. Loin de clore le débat et de répondre à toutes vos questions, j’ai voulu apporter une pierre de fondement au débat commencé déjà il y a quatre ans mais dont la date de fin nous échappe, si bien que même le sujet traité est loin de trouver sa stabilité. Définir ou reconnaitre le féminisme sans connaitre son époque, sans considérer avec prudence ses combats, restera une tâche ardue.

Classification historique du mouvement féministe

Le féminisme n’est pas l’histoire des filles, mais d’un humanisme révolutionnaire qui a bouleversé le monde. Nous pouvons pour le moment déceler 3 vagues du féminisme donnant l’impression erronée d’une certaine homogénéité à l’intérieur de chacune d’entre elles.

La 1ère vague commence vers la fin du 19èmesiècle. Les femmes dites les suffragettes en Grande-Bretagne commencèrent à mener le combat pour le droit de vote des femmes. Elles obtinrent le droit de vote (restrictif) en 1918 et ouvert à toutes en 1928. Elles finirent difficilement à conquérir même des droits politiques. Cette première vague féministe s’enracine dans les écrits théoriques du philosophe britannique John Stuart Mill dont les deux ouvrages, Considerations on Representative Government et Subjection of Women ont, bien après la mort de leur auteur en 1873, alimenté le mouvement suffragiste. Elles étaient aussi dans la lignée des philosophes des lumières qui prônaient l’égalité de tous les hommes.

La  2ème vague apparaît dans les années 60 avec la « révolution sexuelle ». Beaucoup des enjeux de cette époque touchent l’autonomie corporelle des femmes avec, par exemple, la légalisation de l’avortement et de la contraception. L’essai de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (1949), est alors prometteur pour les penseuses de l’époque et renouvelle la pensée féministe en désacralisant  la maternité. Elle considéra le patriarcat comme un régime d’oppression contre les femmes. Le concept du Gender apparait pour la première fois sous la plume d’Ann Oakley dans son livre Sex, Gender and Society en 1972. Le fameux slogan « mon corps m’appartient » gagna du terrain. En ce moment, le féminisme doit déconstruire tout ce qui, dans l’idéologie fait obstacle à l’égalité entre les femmes et les hommes. (Johanna Dagorn, Les trois vagues féministes, une construction sociale ancrée dans une histoire)

La 3ème vague arrive dans les années 1990, de nombreuses réflexions, qui portaient autrefois sur le statut ou la condition de la femme, semblent se déplacer vers des sujets portant sur les sexualités et les identités de genre. Ce féminisme entretient un lien ambigu avec ce qui le précède. Les féministes de la troisième vague prônent un « féminisme de la rue » par opposition à un « féminisme de la chaire » et veulent revaloriser le rapport théorie/pratique qui a pesé de façon décisive dans le caractère profondément subversif du féminisme de la 2èmevague. Si la psychanalyse (2ème vague) a fortement influencé le courant radical de la différence, on voit que par l’influence de la philosophie et la sociologie de la déconstruction, ce féminisme remet en question la différence des genres masculin et féminin et des catégories de sexualité.

Un ras-le bol manifeste au sein du mouvement féministe

« Nous voulions donner un nouveau visage au féminisme et l’identifier à de nouveaux visages. Nous voulions le rendre actuel, sexy et à nouveau révolutionnaire…». Ces propos d’un féministe militant montrent le grand souci de toutes les générations féministes d’aérer la maison féministe. La situation est tellement complexe qu’il est toujours même difficile de savoir si nous sommes encore actuellement dans la 3ème vague. Certains spécialistes commencent à penser à une possibilité de la 4èmevague, un post-féminisme.

Le féminisme contemporain est trop focalisé sur la visibilité et la connectivité sur internet, ce qui le prive d’un réel impact social ou juridique comme au départ. (Le mouvement Me too). Les personnalités d’influences au sein du féminisme ne sont plus des universitaires mais surtout des vedettes exemple des stars comme Beyoncé ou Emma Watson, qui se définissent ouvertement comme féministes. Mais la question de la transmission rend instable le mouvement quand les jeunes féministes sont ingrates et ignorantes du féminisme de leurs mères.

Dis-moi tes combats, je te dirai de quel féminisme tu es

Cher lecteur blogueur, vous avez énuméré une série de raisons qui pourrait fonder votre cause et vous mettre dans le moule d’un féministe. Oui, j’en conviens, peut être que nous sommes féministes sans le savoir, mais le féminisme ne coïncide pas nécessairement avec le militantisme. Il existe aussi un féminisme à l’échelle personnelle, comme la revendication de la dignité de l’individu : faire entendre sa voix, se battre pour ses droits, être solidaire de l’autre, protéger la maternité, etc.

Par ailleurs, le féminisme de toutes les générations a subi un certain remodelage. Le deuxième sexe de Beauvoir est devenu le fondement de la notion du « gender ». Cette théorie cherche cependant à saper les structures anthropologiques de l’être humain en faisant l’impasse sur des caractéristiques anatomiques propres à chaque sexe. Actuellement, certains féministes évoluent vers une misandrie prononcée comme le prouve ce livre Pauline Harmange « Moi, les hommes, je les hais ». Malheureusement, le problème fondamental des féministes postmodernes est de penser que les hommes sont responsables de la souffrance des femmes et de leur situation au sein de la société. Or, le féminisme revanchard, vengeur et justicier nous condamne à percevoir dangereusement les relations entre les hommes et les femmes, disait Thérèse Hargot sexologue essayiste et philosophe qui répondait à ce livre par une tribune du 13 Octobre 2020 au figaro intitulé : Moi, les hommes je les aime !

Pour clore, l’ignorance est toujours mauvaise conseillère. Le mot féministe est devenu un mot à la mode qu’on étiquette à toute personne de sexe féminin qui veut défendre ses droits. Cette appellation devrait tenir compte du contenu et du processus de la révolution culturelle. L’essentiel n’est pas que vous soyez féministe cher lecteur mais le pourquoi de cette appellation. N’attendez pas que les confusions soient levées, je pense que ce n’est pas pour aujourd’hui. Mais le féminisme qui implique tous les droits qui émanent de l’inaliénable dignité humaine et du génie féminin, le monde en aura toujours  besoin.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Du feminisme de chaire au feminisme de la rue peut etre on évoluera vers un feminisme virtuel. Quel instabilité interne du mouvement! Rien n, est étonnant car le propre de la postmodernité, c’est la confusion du language, des concepts tjrs la confusion partout afin que la vérité soit occultée!

  2. Merci pour ce partage. Le feminisme je trouve se montre aussi sous differentes facette selon l’emplacement geographique et l’histoire d’un pays. Je trouve qu’au Burundi il faut plus d’hommes qui se revendiquent féministe sans gène et honte. Moi en tant que homme Murundi me considère Feministe sans gène et avec fierté même. 😊
    Merci en tout cas