Cryptomonnaie : les larmes des Burundais arnaqués

Les victimes de Berry endurent leur souffrance en silence, sans que la société en soit consciente. Certaines des victimes ont accepté cette dure réalité : leur argent ne leur sera jamais restitué. D’autres refusent catégoriquement d’accepter qu’ils ne récupéreront jamais leurs fonds.

Après cinq mois, les victimes ont vite compris qu’elles sont tombées dans l’arnaque. Certaines ont choisi de tourner la page s’efforçant de continuer leur vie du mieux possible malgré les difficultés. Pour d’autres, c’est le déni total. Elles espèrent un jour récupérer leur argent. « Avant de me coucher, je vérifie systématiquement si la plateforme Berry est de nouveau opérationnelle. Et dès que je me réveille, je fais la même chose. », confie Jules, un jeune homme qui a mis tout son crédit sur les plateformes d’échange de cryptomonnaie. 

Ce jeune homme raconte son calvaire : « Il y a quelques mois, ma vie a basculé dans un véritable cauchemar. J’ai été victime d’une arnaque liée à une cryptomonnaie qui m’a dépouillé plus de 50 millions BIF». Son argent, dit-il, s’est volatilisé en un clin d’œil, le plongeant dans un profond désarroi. Son seul espoir est qu’un jour cette plateforme se rétablisse et retrouve son bon fonctionnement. Il refuse d’accepter que tout son argent ne lui sera jamais remis. « C’est une panne technique. Il faut patienter. », se convainc-t-il. 

Désormais, la confiance qu’il a placée dans ce business s’est transformée en une profonde déception. « J’ai été aveuglé par les promesses de rendements élevés et les perspectives de gains rapides, mais tout cela s’est avéré une illusion.»

Aujourd’hui, Jules lutte pour se remettre de cette arnaque. Ses nuits sont agitées, ses pensées tourbillonnent sans relâche. « Je me sens trahi, impuissant face à cette escroquerie.», avoue-t-il. Les conséquences sont bien réelles : ses économies se sont envolées, ses projets sont anéantis. 

24 mille dollars volatilisés

Pour Teddy, une autre victime, il n’y pas d’espoir. « La plateforme est ouverte, mais mon compte est vide.» Tout a commencé le 11 octobre de l’année dernière, avec un capital de départ de 50 dollars. Il achetait deux fois par jour, suivant les instructions données par le système. Lorsque l’heure d’achat arrivait, explique Teddy, c’était généralement à 19h 30, un signal était donné pour acheter du bitcoin. Les participants avaient 30 min pour vendre leur bitcoin.

Selon cet homme, les bénéfices étaient alléchants. Si l’achat était effectué à 500 dollars, il était possible d’obtenir entre 515 et 520 dollars lors de la vente. « C’était trop beau pour être vrai ! », regrette-t-il.

Au fil du temps, il a commencé à encaisser les profits. La première fois, il a fait un retrait 300 dollars, qu’il a échangés contre plus d’un million de BIF. La deuxième fois, il a récupéré 50 dollars. « Ces retraits ont renforcé ma confiance dans le système et j’ai continué à acheter, espérant augmenter ainsi mes gains.»

Le 25 février, Teddy a connu une journée exceptionnelle en retirant une somme de 15 millions BIF. « A partir de ce moment-là, il a adopté une stratégie appelée ‘’compound’’, où il achetait et vendait, mais il s’était fixé une date définitive de retrait du 1er juin 2023.» Lorsque la plateforme a fermé, il avait accumulé 24 mille dollars. Son objectif était de retirer 30 mille dollars le 1er juin, mais il voulait également laisser une partie de ses profits pour réaliser son projet d’achat de véhicules et des mobiliers. Des projets qui ne verront désormais jamais le jour.