Le Congo Brazzaville semble intéresser les dirigeants burundais depuis quelques années. Après son accession au pouvoir, Evariste Ndayishimiye a manifesté la volonté de renforcer son amitié avec le régime de Denis Sassou Nguesso. Retour sur cette amitié qui interroge l’opinion.
Le Chef d’Etat Burundais vient de rentrer de sa visite de travail au Congo Brazzaville où il a fait un séjour de 48 heures. Répondant aux questions des journalistes, les deux présidents se sont essentiellement exprimés sur la sécurité régionale, le renforcement de la coopération bilatérale et salué l’amitié de leurs pays.
Vers l’invention d’une coopération économique ?
Le discours sur les relations burundo-congolaises tourne toujours autour d’une possible coopération économique. En 2013, à la veille du bouleversement sécuritaire de 2015, Denis Sassou NGuesso a été accueilli en grande pompe au Burundi. Le but avoué de ce rendez-vous entre les deux présidents était la signature des accords de coopération bilatérale. Sur les micros de la RFI, Sassou Nguesso avait affirmé que la volonté était de ressusciter les accords anciennement signés qui n’ont pas été mis en œuvre. « C’est dans ce contexte que nous avons décidé de mettre en œuvre des accords, mais en poursuivant des objectifs précis et il va falloir que nous agissions concrètement », avait affirmé le président.
En janvier 2022, Albert Shingiro, chef de la diplomatie burundaise a rencontré son homologue Congolais pour reparler de la coopération entre leurs pays. Lors de cette rencontre M. Shingiro a levé le voile sur la coopération voulue par le Burundi. Il s’agit notamment des échanges commerciaux, l’attrait des investissements étrangers, la promotion des transferts de technologie et le développement des infrastructures.
Le Congo, un bon choix pour un partenariat à intérêt fiable ?
Ces deux pays se heurtent pratiquement contre un défi énorme qui rend presqu’impossible toute coopération économique. Cependant, les conditions géographiques constituent un grand obstacle pour des pays dont la coopération économique porterait sur les échanges des matières premières. Séparés par plus de 2000 km, les deux pays ne disposent d’aucun moyen de transport qui faciliterait les échanges commerciaux. Ni la voie terrestre, ni la voie maritime ou aérienne ne lie directement ces deux pays.
Au-delà des défis géographiques, le Congo est un pays économiquement défavorisé, même si elle est en bonne posture par rapport au Burundi. Quelques données permettent d’illustrer la situation économique de ce pays de l’ouest du continent le plus pauvre. Le taux d’extrême pauvreté atteignait 52 % en 2021 selon les statistiques de la banque Mondiale. La dette publique s’élevait quant à elle, à 102% la même année tandis que la mortalité infantile est de 33 pour mille d’après cette institution de Bretton Woods.
Au moment où le Burundi cherche à booster son économie en berne depuis 2016, il y a lieu de se demander pourquoi le Burundi se rapproche à des pays moins performant en termes de développement. Curieusement, le vrai intérêt résiderait au niveau diplomatique. D’ailleurs, Evariste Ndayishimiye n’a pas oublié d’exprimer sa reconnaissance à son homologue qui a soutenu le Burundi pendant les moments « difficiles ».