Tout le monde a crié haro sur le baudet quand ils ont découvert que ce jet-setteur de Bujumbura a détruit une infrastructure publique pour ses besoins personnels, sans permission, dit-on. Mais est-il le seul coupable dans un pays où certaines personnes qui détiennent ne fut-ce qu’une parcelle du pouvoir se croient tout permis ?
Ce n’est pas n’importe qui. Jean Marie Rurimirije, ancien conseiller des présidents Pierre Nkurunziza et Evariste Ndayishimiye a été arrêté puis libéré l’après-midi de ce jeudi 2 mars 2023. Il a été accusé de détruire la route RN4 qui va vers la République du Congo. Et si on sanctionnait aussi les autorités qui barricadent les routes ?
L’arrestation temporaire de Jean Marie Rurimirije, un homme d’affaire et ancien proche des présidents Nkurunziza et Ndayishimiye, a étonné plus d’un. Surtout chez ceux qui connaissent sa puissance cachée.
« L’homme d’affaire Jean Marie Rurimirije a coupé la route pour faire passer les câbles d’alimentation de sa propriété en eau et en électricité », a expliqué au ministre de l’intérieur, Martin Niteretse, après la descente sur terrain avec le ministre en charge des infrastructures, le procureur général de la République, l’Inspecteur général de la Police, le Directeur général de la Régideso, le service des renseignements et le Maire de la ville le lendemain de l’arrestation de Rurimirije.
Entre temps, Jean Marie Rurimirije a dû verser 8,5 millions pour réparer les préjudices causés par cette destruction, a communiqué le ministre des infrastructures Capitaine Dieudonné Dukundane.
Après la descente sur terrain des deux ministres, le chef du quartier Industriel, le chef de zone Ngagara de la commune urbaine de Ntahangwa et le responsable des services secrets dans cette localité ont été démis de leurs fonctions pour défaillance.
Rurimirije n’est pas le seul, hélas
Dans différents quartiers de la capitale économique Bujumbura où se trouvent les « demeures » des autorités administratives, parlementaires, policières et militaires, les routes vers ces habitations sont barricadées. Les voisins de ces « serviteurs » du peuple vivent dans le calvaire. Pour accueillir un invité à la maison, il faut d’abord aviser. Il faut avoir le laisser passer pour rentrer chez soi.
« La nuit, on n’est pas libre de rentrer ou de sortir parce que la rue est patrouillée par les forces de l’ordre. C’est comme la prison », J.N s’indigne un habitant de la zone Ngagara dont le voisin est une autorité. On ne parle pas des gens qui sont souvent tabassés parce qu’ils traversent les barrières érigées par les agents assurant la sécurité des hautes autorités.
Hier, c’est un haut gradé de l’armée burundaise qui a mis le sable et du moellon dans la route bloquant ainsi le passage aux autres. Il a fallu l’intervention des services de la présidence après avoir évoqué la question dans une émission publique.
Ce n’est pas cela seulement. Il est de notoriété publique que dans les quartiers de la ville de Bujumbura, ceux qui construisent ne se gênent pas de verser les matériaux de construction ( sable, moellons, briques cuites, etc.) sur la voie publique comme si elle leur appartenait.
La loi est plutôt très douce en la matière
D’après les textes en vigueur, l’auteur ne fait que réparer les dommages causés par la destruction de la route. Concernant les barricades, elles sont définies comme « entassement de matériaux et d’objets divers servant à interdire le passage sur une voie routière », comme d’ailleurs défini dans le décret présidentiel du 13 avril 2018 portant mesures de contrôle et réparation des dégâts causés au domaine routier du réseau national routier.
Cette loi concerne les routes principales. Au niveau de l’article 10 de ce texte, il est stipulé que « quiconque érige une barricade sur une voie routière s’expose au paiement d’une amende de 15.000 francs burundais à 50.000 francs burundais.»
Ne faut-il pas que la circulation soit libre ? En tout cas si Rurimirije a été sanctionné, il faut prouver qu’il n’a pas été la « tête de Turc », si ce n’est un arbre qui cache la forêt.