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Je vais parler peu et ne parler que maths

Le 14 mars est la journée internationale dédiée aux mathématiques. La date a été choisie en référence aux trois premiers chiffres du nombre π (3,14). C’est une excellente occasion de pouvoir discuter de cette discipline qui est passion pour d’aucuns et aversion pour d’autres. Vastes, variées et pluridisciplinaires, les mathématiques se posent comme indispensables à bien des égards. Toutefois, on peut légitimement se poser des questions sur l’efficacité de son enseignement.


Récemment, nous avons vu passer sur les réseaux un questionnaire de test d’aptitudes des enseignants des trois premiers cycles de l’école fondamentale. Le moins que l’on puisse dire est que ce test est interpellant. L’une des questions qu’on puisse se poser est de savoir si réellement cet examen atteste de la capacité d’un enseignant en mathématiques.

Un test de niveau à l’intention de qui, comment ?

Le premier constat qu’on peut faire est qu’il est à l’image des évaluations faites dans l’enseignement en général. On teste rarement les connaissances, mais souvent la mémoire et la rapidité. Ledit test est composé de trois parties : maîtrise de la matière, maîtrise de discipline et démarches méthodologiques. Concernant les deux premières parties, l’on peut se demander dans quelle mesure un questionnaire de 8 questions peut évaluer la maîtrise d’une discipline aussi vaste que les mathématiques. La troisième partie qui questionne sur la pédagogie est quant à elle pondérée sur seulement 10 % de la note totale. Il n’est pas utile d’être mathématicien pour saisir le paradoxe de la situation.

Étant donné que cet examen était destiné à des enseignants déjà en poste, la quasi-totalité des lauréats devrait avoir la note maximale ou presque. Sinon, il faudrait vraiment s’inquiéter. À mon humble avis, au lieu de demander des réponses ouvertes aux questions, on pourrait par exemple demander d’établir une grille de correction. C’est un exercice des plus techniques et des plus cohérents avec le but recherché en organisant ce genre d’épreuve. Cela aurait été aussi une bonne manière d’évaluer la pédagogie de l’enseignant.

Des programmes inadaptés à notre époque

L’idée derrière ce test est louable même si son exécution comporte plusieurs points à améliorer. L’enseignement en général et plus particulièrement en mathématiques a besoin de sérieuses réformes. Les bases qui sont données à l’école primaire constituent un corpus de connaissances mathématiques que tout un chacun devrait acquérir. On devrait alors s’assurer que les instructeurs de l’école primaire sont bien qualifiés pour assumer ce rôle. Pour le collège et le post-fondamental, le programme a besoin d’être révisé pour avoir plus de cohérence avec notre époque. A titre d’exemple, on enseigne toujours les tables logarithmiques alors que ces derniers sont devenus obsolètes. L’État devrait plutôt investir pour avoir des calculatrices ou faciliter l’achat de ces derniers pour que les élèves apprennent à programmer et à automatiser les calculs, comme c’est le cas aujourd’hui.



Il serait aussi grand temps, pour les enseignants, d’abandonner l’idée que les maths sont « la discipline » par excellence. Avoir une bonne note en maths n’est pas un gage d’intelligence et l’inverse n’est pas plus vrai. Un élève passionné de lettres à qui on empêche d’avancer de classe parce qu’il ne maîtrise pas un théorème portant le nom d’un Grec de l’époque antique est d’une profonde absurdité. C’est le travail des enseignants de savoir bien équilibrer les sujets d’examens et pondérer de manière qu’on ne casse pas systématiquement un groupe d’élèves pour de mauvaises raisons.

Bref, notre système éducatif a pris un retard certain, il serait alors indispensable que nos décideurs s’y penchent. Notre pays a besoin de créer sa propre science qui répond à des besoins bien spécifiques au Burundi. Peut-être un jour, nous mettrons-nous à la table des grandes nations dans la recherche scientifique.

 

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