Depuis plus de deux semaines, le charbon de bois est devenu une denrée rare. D’une part, les vélos ont été interdits d’accès à une grande partie de la capitale économique, d’autre part des camions de transport sont à sec. Une situation qui plonge les citadins dans le désarroi.
Il est 10 heures à la sixième avenue de la zone Kamenge. Le lieu est connu comme point de vente de sacs de charbon, spécialement transportés à vélo en provenance de Mubimbi ou Bugarama. La place est déserte. Un groue de gens semble attendre, en silence. « A cette heure-ci, on devrait au moins avoir acheté deux ou trois sacs de charbon. Mais à cause de l’interdiction des vélos d’arriver ici, on n’a rien », se lamente un des acheteurs de charbon, venu du quartier Cibitoke. A côté de lui, une femme prend un appel, un de ses fournisseurs a été arrêté sur la rivière Gasenyi, à une cinquantaine de mètres du palais présidentiel. « Je me demande comment je vais récupérer mes deux sacs en taxi, avec la course qui coûte les yeux de la tête », lance-t-elle. Pour elle, au-delà des prix conventionnels, elle devra aussi ajouter le coût de transport. « Il y a un mois, un sac moyen qui se négociait à 25.000 BIF est aujourd’hui à plus de 35.000 BIF. Le grand sac de 42.000 BIF est actuellement entre 65 et 70.000 BIF », précise-t-elle.
Le carburant et les taxes, des catalyseurs
Un peu plus loin sur la station située non loin du bar appelé « Iwabo w’abantu », une chaine de camions s’observe devant les pompes visiblement à sec. Un des chauffeurs, patiemment allongé dans la cabine de son camion marque Fuso raconte qu’il a passé la nuit là-bas : « On nous a dit que le camion-citerne va arriver tard la nuit. Nous sommes venus, mais jusqu’à cette heure, plus rien », s’indigne-t-il. Son boss Samuel, qui lui a loué le camion pour transporter le charbon vers Kayanza n’en revient pas. « Le prix de location a monté, et voilà maintenant qu’on fait face à une pénurie de carburant. A côté de cela, nous devrons nous acquitter des taxes communales chaque fois qu’on entre dans une commune. Les prix des produits doivent absolument monter », souligne-t-il. Et d’ajouter : « Avant, je louais un camion de type Fuso à 400.000 BIF. Actuellement, c’est entre 550 et 700.000 BIF qu’il faut pour en avoir un ».
Ce dernier soutient que les commerçants en charbon paient aussi beaucoup de taxes : « Depuis le mois de septembre dernier, la taxe communale par sac était entre 200 et 300 BIF. Mais, aujourd’hui, c’est 1.000 BIF. A cela s’ajoute la taxe de l’OBR qui est de 1.200 BIF. Et quand nous entrons dans la mairie de Bujumbura c’est 400 BIF le sac ».
Pour lui, ils travaillent actuellement à perte. Certains transporteurs, au lieu de passer des jours sur les stations-services, préfèrent se rabattre sur le carburant du marché noir pour continuer leur business. « Si tu trouves un litre de mazout à 4.500 BIF au lieu de 2.350 BIF, comprenez bien que tout ce qui va avec le transport doit monter de prix », ajoute-t-il.
Pour rappel, la loi sur la fiscalité au Burundi n’institue pas la taxe de chargement au profit des communes. Sur la liste de dix catégories de taxes, cette dernière n’apparaît nulle part.