article comment count is: 0

Où en est le secteur de l’assurance, plus de trois ans après les 1ers états généraux ?

Pour avancer, chaque secteur de la vie du pays doit savoir porter un regard rétrospectif sur son action, sa manière de faire et les résultats obtenus. Cela permet de trouver un nouveau souffle et de repartir sur de bonnes bases. Le secteur de l’assurance l’a fait en novembre 2018. Des recommandations avaient été faites pour atteindre l’objet fixé par l’ARCA de doubler le chiffre d’affaires en 2022. Qu’en est-il maintenant? Quelques éléments de réponse.

Les états généraux de l’assurance (EGA) au Burundi s’étaient tenus à Ngozi en novembre 2018 sous le patronage du 2ème vice-président de la République de l’époque, Joseph Butore qui se trouve être le secrétaire général de l’Agence de régulation et de contrôle de l’assurance (ARCA). Et cette institution dont il est responsable vient de sortir son rapport annuel. L’objectif fixé par l’ARCA était de porter le chiffre d’affaires de ce secteur qui était de 40,6 milliards de FBu en 2018 à plus de 80 milliards en 2022. Ce chiffre a été de 52,4 milliards de FBu en 2019 et 62,8 milliards de FBu en 2020. Quant au taux de pénétration qui est l’autre indicateur de l’implantation de l’assurance, il était de 0,75% en 2018. En 2019 il a été de 0,87%, pour s’établir à 0,93% en 2020. Sans doute un pas dans la bonne direction, mais encore loin de 1,5% sur lequel on tablait au départ. A ce sujet, ne passons pas sous silence que le Burundi n’est pas bien positionné dans l’EAC car il est dans le même sac que l’Ouganda et le Soudan du Sud. Les autres pays de la sous-région (Rwanda, Tanzanie, Kenya) s’en sortent bien avec un taux de pénétration de plus de 2%. En ce qui concerne la densité de l’assurance qui est en fait le rapport entre le chiffre d’affaires du secteur et la démographie, elle était de 3533 FBu en 2017. Elle est passée 4511FBu en 2019 à 5049 FBu en 2020.

Quid des recommandations des 1ers EGA?

Les EGA avaient accouchés d’une série de recommandations pour revigorer l’assurance au Burundi. Il avait été question de revoir le cadre réglementaire pour doter du secteur de l’assurance des instruments à même de permettre le développement de ce secteur. À ce niveau les choses semblent avoir bougé car la loi régissant l’assurance a été révisée. Mais tout n’est pas encore rose, car les textes de mise en application n’ont pas suivies. L’autre volet où les choses semblent aller dans la bonne direction est la branche de l’assurance Vie. C’est l’assurance Non Vie qui se taillait la part du lion avec de 26,1 milliards de FBu contre 14,5 milliards pour l’assurance Vie en 2017. Il avait été recommandé de développer l’assurance Vie pour augmenter le chiffre d’affaires et le doubler en 4 ans. Qu’est-ce qu’il en est maintenant ? Le chiffre d’affaires de cette branche est passé de 17,3 milliards de FBu en 2018 à 27,1 milliards en 2020. Le rapport annuel de l’ARCA affiche un rythme de progression de 22,06% contre 8,9% pour la branche Non Vie sur la période 2016-2020, ce qui est plutôt une bonne chose.

En ce qui concerne par exemple la prime d’assurance dans la branche automobile (dans la catégorie de l’assurance Non Vie) la question qui avait retenu l’attention des participants aux EGA n’était pas se savoir s’il fallait revoir à la hausse la prime, mais plutôt à quelle hauteur il fallait l’augmenter. Un délai de 3 mois (dès la fin des EGA) avait même été fixé aux intervenants en assurance pour trouver un tarif technique d’équilibre. Cette prime est toujours de 23 600 FBu par trimestre pour les motos et les véhicules de 4 places par exemple. A ce propos, M. Tatien Sibomana, secrétaire général de l’ASSUR (Association des Assureurs), indique quand même  qu’une étude sur le calcul technique d’équilibre en assurance RC Auto a été menée même si ce dernier n’est pas encore mis en place

Des loupés dans la mise en application des EGA

Des problèmes, il y en eu. En ce qui concerne le suivi, M. Jean-Paul Roux, consultant international en assurance, trouve qu’il aurait dû y avoir le point étape pour évaluer l’état d’avancement des mesures qui avait été proposées. En ce qui concerne la prime d’assurance Responsabilité Civile Obligatoire qui constitue le point important dans l’assainissement de la branche automobile, M. Roux trouve qu’il y avait pourtant des moyens de la concevoir autrement en tenant compte de l’utilisation du véhicule (usage promenade et trajet et usage affaires), de sa puissance (entre 4 C et 15 CV), de la localisation de l’utilisateur (selon la sinistralité dans les provinces). Pour celui qui roule avec sa voiture pour se rendre à son boulot et rentrer le soir  à son domicile et celui qui passe toute la journée à rouler pour ses affaires, les risques d’accident ne sont pas les mêmes. Conséquemment, les deux ne devraient pas payer la même prime. De même, le conducteur qui roule toute l’année à Bujumbura (où le risque d’accident est élevé)  devrait payer une prime plus importante que celui qui circule entre Cankuzo et Ruyigi, d’après le Consultant International. Mais M. Roux  est satisfait que les choses aient quand même évolué  suite aux recommandations des EGA. C’est par exemple concernant le volet de la réglementation où même le Code  des assurances a été révisé en  2020.  Il se félicite aussi de l’adoption du constat amiable (une des autres recommandations importantes des EGA) qui sera bientôt en vigueur au cours de  l’année  2022 à la place du contentieux judiciaire qui alourdissait sérieusement le processus d’indemnisation des sinistres.

Pa rapport au chiffre d’affaires, M. Tatien Sibomana note qu’ « au cours des trois derniers exercices, il y a eu une augmentation du chiffre d’affaires à hauteur de 21,5 milliards de FBu. Si la progression est maintenue à cette allure, on sera proche des 77 milliards FBu à la fin de l’année 2022 », ce qui n’est pas loin de l’objectif que l’ARCA avait fixé. Toutefois, il déplore  le fait que certaines recommandations des EGA n’ont pas été mises en application. Et de citer à titre d’exemple l’instauration d’un système de caution financière des entreprises au sein de l’ASSUR. 

 

Est-ce que vous avez trouvé cet article utile?

Partagez-nous votre opinion