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Rivière Nyabiraba : qui va sauver les berges de l’effondrement ? (suite et fin)

Certains riverains ne cachent plus leur inquiétude face à l’effondrement progressif des berges de la rivière Nyabiraba. En cause, la coupure des jeunes eucalyptus sur les collines voisines. Quant à elle, l’administration rassure. Sans convaincre.

À la sortie du bureau communal, on passe sur le tableau d’affichage. Une liste des produits taxables et les montants y sont affichés. La commune perçoit 100 BIF de taxe sur chaque perche vendue.

L’un des administratifs confie que les habitants de la commune Nyabiraba tirent beaucoup de recettes dans l’exploitation des boisements privés. Les perches viennent en tête de liste : « Un camion plein de perches s’acquitte d’une taxe communale de 100 000 ».

D’après ce chef de colline, l’exploitation des jeunes eucalyptus est alarmante. Ce dernier se propose de nous emmener sur les lieux de vente des perches. Du chef-lieu de la commune jusqu’au centre de Matara, situé à environ 4 km, on compte cinq endroits où sont entassés les jeunes eucalyptus. À Matara, six manutentionnaires embarquent les perches dans un camion de marque Fuso.

Dans cette localité, sont rares désormais les arbres qui atteignent plus de 20 cm de diamètre, surtout chez les propriétaires qui coupent régulièrement les arbres. Jérôme, l’un des habitants, explique ce phénomène : « La vente des perches d’eucalyptus est ancrée dans la mentalité de la population de cette localité. Elle date des années 90. » D’ailleurs, ici, précise-t-il, « les jeunes perches rapportent beaucoup d’argent en peu de temps. »

La couverture végétale en régression

Sylvestre, un commerçant-conducteur du camion fait savoir qu’à Bujumbura, la construction des maisons en étages demande beaucoup d’échafaudages. Un complexe à trois niveaux nécessite environ 5 milles perches issues des jeunes eucalyptus. Ensuite, vient le coffrage pour tenir le béton qui consomme à son tour d’énormes quantités de planches. « À Bujumbura, une perche d’eucalyptus coûte énormément cher, 1500 BIF », martèle-t-il.

Selon le Global Forest Watch, une ONG qui publie les pertes de couvertures d’arbres, la commune de Nyabiraba a perdu un grand nombre d’arbres. Dans la province de Bujumbura, elle occupe la deuxième place après la commune de Mukike. Depuis 2018 jusqu’en 2021, la commune de Nyabiraba a perdu 116 hectares par an.

Quid la politique d’exonération des échafaudages ?

Selon Jacques Nkengurutse, chercheur et enseignant à l’Université du Burundi, la coupe rase des jeunes eucalyptus pourrait menacer le sol et les rivières puisque les propriétaires privés possèdent une grande partie d’eucalyptus.

D’après lui, depuis 2020, le gouvernement a exonéré l’importation des échafaudages métalliques pour permettre la diminution du bois utilisé lors de la construction des immeubles et ainsi protéger l’environnement. « Je me demande pourquoi il y a peu d’importation de ces matériaux de construction ? », s’interroge cet expert.

M. Nkengurutse trouve qu’il faut une étude pour évaluer la politique d’exonération et proposer des solutions pour faciliter l’importation des échafaudages métalliques.

 

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