Le Burundi vient de décrocher, pour la toute première fois de son histoire, son billet pour la Coupe d’Afrique des Nations Féminine. Malheureusement dans le pays, aucune vague de sympathie. Pourtant, en 2019, lors de la qualification de l’équipe masculine, l’ambiance était toute différente. Et le principe « à travail égal, traitement inégal » dans tout ça ?
La bonne nouvelle est tombée le 21 février. Après le Maroc, qualifié en tant que pays-hôte, et l’Ouganda, passé sur tapis vert suite au forfait du Kenya, le Burundi est la première équipe qualifiée pour la CAN féminine 2022. Oui, elles l’ont fait. Après leur carton 6-1 à l’aller, le Burundi a encore déclassé le Djibouti lors du match retour des éliminatoires.
Comme lors du premier match, l’hirondelle Bizimana a ouvert majestueusement le score dès la 9e minute. Impuissantes, les Djiboutiennes vont tant bien que mal résister jusqu’à six minutes de la fin de la première mi-temps, moment choisi par l’hirondelle Aniella pour doubler la mise. Au retour des vestiaires, Bizimana corse l’addition pour le troisième but. Aniella imite quelques minutes plus tard sa compatriote, et marque le quatrième et cinquième but. Ainsi, le Burundi était qualifié pour la toute première fois de son histoire, dans cette prestigieuse compétition.
Bémol
Il y a trois ans, le Burundi décrochait un ticket pareil pour la CAN 2019. La seule différence, c’était avec les hirondelles masculines. Je me souviens de ce 22 mars 2019 comme si c’était hier. Le stade était plein à craquer. Ce qui n’était pas le cas à Ngozi lors de la qualification des Intamba féminins. Avant le match, aucun soutien des supporteurs. Contrairement à 2019, les supporteurs avaient déjà commencé la répétition des chants d’animation, trois semaines avant le match.
Au cours du match, aucune retransmission en direct à la RTNB et dans les média locaux. Silence absolue aussi sur les réseaux sociaux. Après la victoire, aucune liesse populaire. Pourtant, en 2019, c’était tout un peuple qui se reconnaissait à travers et autour des jeunes hirondelles garçons. Sur twitter, à part la première dame du Burundi, la plupart des autorités ont fait la sourde oreille.
Du côté des primes, catastrophique. Bien que la performance exigée est la même de la part des deux genres, les primes versées aux joueuses sont six fois plus faibles que celles versées à l’équipe masculine. La fédération du football du Burundi a donné 500 000 Fbu à chaque joueuse alors qu’elle a donné 3 000 000 Fbu à chaque joueur en 2019. Comment expliquer cette différence de traitement ? A quand l’application du principe « à travail égal, traitement égal » ?
Changeons de mentalité
Tentant d’expliquer la raison, un membre du FFB, sous anonymat, confie que le football féminin rapporte moins d’argent, car moins regardé à la télévision, et génère ainsi moins de droits de publicité que son homologue masculin.
Au-delà des profits et mentalités discriminatoires, la qualification du Burundi à la CAN 2022 féminine devrait être une fierté nationale. Que ce soit les hirondelles garçons ou filles, c’est le Burundi qui gagne. Ce 21 février, elles ont investi la pelouse de notre stade et ont prouvé qu’elles méritaient tout notre amour. Corrigeons le tir, et soyons tous derrière nos braves Hirondelles, pour qu’elles défendent vaillamment les couleurs nationales du 02 au 23 juillet 2022 au Maroc.
Vous vous êtes trompé quelque part… c’était le 23 mars quand les hirondelles masculins ont décroché la qualification et non le 22