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Première bougie du PAEEJ : l’intérieur du pays, moins d’idées, moins de financements

Le Programme d’Autonomisation Economique et de l’Emploi des Jeunes (PAEEJ) a un peu plus d’une année en exécution, et à l’heure qu’il est, 13 milliards de Fbu ont déjà été consommés sur les 48 milliards prévus, pour les 4 ans de mandat de la coordination actuelle du programme. Cependant, entre l’intérieur du pays et Bujumbura mairie, un grand fossé existe.

Quand on évoque 48 milliards, surtout à l’endroit de la jeunesse, les esprits se réveillent, les questions font surface : Comment sera gérée cette somme colossale ? Qui seront les véritables bénéficiaires ? Comment ont-ils été choisis ? Quid des projets ? sont-ils vraiment innovants et rentables ? Et si les jeunes bouffaient la cognotte, quelle serait la suite/poursuite ?  Les jeunes des coins les plus reculés ont-ils leur part ? Pour quel taux ?

Et bien, la plupart de ses questions ont des réponses : les jeunes entrepreneurs ont été sélectionnés, autant ceux qui ont déposé en ligne que ceux qui ont participés au concours des projets innovants. Des formations ont été dispensées. Le financement a même déjà été octroyé. Pour toutes les provinces, une enveloppe de 1, 098 milliards de BIF, et pour les communes, la somme est de 2,023 milliards.

Le processus est donc déjà en marche, et du côté du PAEEJ, ils sont dans l’optimisme, et assurent que l’élan est bon. Cependant, un fait saillant se fait remarquer. Les jeunes de l’intérieur du pays ont du mal à proposer des projets innovants, susceptibles de peser en termes de productions tant en quantité qu’en qualité, par rapport aux propositions des jeunes de Bujumbura. 

Les réalités du terrain 

Elie Bucumi préside la « Coopérative groupement économique des jeunes unis de Ruranga» (COJEJURU) en Commune Bukemba de la province Rutana. Le projet de la coopérative est la fabrication du savon de ménage, et au total, 20 jeunes diplômés du secondaire, sans emploi, sont les membres fondateurs de la coopérative. Durant le concours des projets innovants, COJEJURU a été classé 3ème dans toute la province Rutana, pour empocher 12 millions. Elie fait savoir que la coopérative aurait été bien opérationnelle depuis fort longtemps, mais le manque de fonds a été la plus grande balise. « On a beau avoir des idées, mais les poches vides, il est difficile d’avancer. Dans notre coopérative, nous sommes tous des chômeurs. On a même peiné pour avoir tous les papiers nécessaire pour l’enregistrement, sans oublier les documents exigés par le PAEEJ, qui nous coutent de l’argent non négligeable », indique t’il. 

Pour l’originalité et la spécificité de leur projet, Bucumi précise : « Nous avons fait l’étude de terrain. Notre savon est unique dans Bukemba. Pour le reste de la province Rutana, notre objectif est de garnir le marché. Nos prix, adaptés à la qualité feront la différence. Avec l’argent du PAEEJ, nous avons commandé une machine de pointe pour 3 millions et la matière prend 5 millions. » Il est très confiant mais, il lui est un peu difficile de spécifier son produit afin de le distinguer du grand lot d’autres gammes de savons fabriqués à Rutana, ou encore plus, la bonne stratégie de vente. Bien que satisfait, Bucumi aimerait qu’il y ait un système de suivi régulier de la part du PAEEJ, et réclame beaucoup plus de formations, car l’entrepreneuriat s’avère un domaine très vaste.   

Adrien Ngendakubwayo, garant de la Coopérative « Dukunde ibikorwa » orientée dans l’agriculture des champignons, implantée sur la colline Cunda toujours à Rutana, maitrise par cœur son projet, qui a été financé à hauteur de 13 millions.

« Nous venons de faire une année et demi et nous avons déjà un rendement malgré le manque de moyens. 30 termitières de champignons que nous avions cultivés avant le financement du PAEEJ  nous avaient couté 90.000 fbu, la pièce coutant 5.000 fbu, en incluant les frais de déplacement depuis Gitega où nous nous approvisionnons. Avec l’appui du PAEEJ, nous nous lançons avec 200 termitières. Notre objectif est que nos activités soient implantées sur toutes les collines de Rutana. »

La certitude d’Adrien ne se conjugue pas de la même façon chez Emelyne Hatungimana, vice-présidente de la coopérative « Kerebuka » de Jenda Rural, précisément à Vyuya. Leur projet est la culture de la pomme de terre, mais ils ont eu du mal à avoir un terrain locatif, encore moins de l’argent pour les documents demandés, qui avoisinait 100.000 fbu. « Les jeunes membres de notre coopérative ont été réticents pour les cotisations, d’où le retard de lancement des activités ». Effectivement, vers fin octobre, la coopérative n’avait aucun document exigé, ni de terrain pour cultiver. Cela signifiait qu’ils ne pouvaient pas avoir le financement du PAEEJ, avant de remplir les documents obligés.  

En sommes, les jeunes de l’intérieur du pays et leurs coopératives enregistrent des défis non négligeables, En sommes, les jeunes de l’intérieur du pays et leurs coopératives enregistrent
des défis non négligeables, notamment quand il faut réunir les documents requis et qui exigent des déplacements sur Bujumbura ou Gitega, le manque de connaissances sur l’entrepreneuriat, la création des projets innovants et le peu d’accès à l’outil internet 
dont le réassemblage des documents requis qui exigent des déplacements sur Bujumbura ou Gitega, le manque de connaissances sur l’entrepreneuriat et la création des projets innovants et le non accès à l’outil internet.

Par contre à Bujumbura….

C’est l’autre face de la médaille. La quasi-totalité des financements pour ceux qui ont postulé en ligne sont allés dans les comptes des jeunes de Bujumbura et quelques-uns des chefs-lieux des provinces. Cela va de soi puisque les citadins ont un accès facile à l’internet et sont plus ouverts au monde que les jeunes des coins reculés du pays.

Comme le précise bien Désiré Manirakiza, coordinateur national du PAEEJ, l’envoi des projets en ligne qui a été momentanément stoppé à partir du 31 octobre pour redémarrer plus tard, ne spécifie pas les localités de provenance, ce qui explique la dominance de Bujumbura Mairie.

Désiré Manirakiza fait savoir qu’en de telles compétitions, il faut de l’intelligence et de la détermination, ce qui manque aux jeunes postulants. « C’est dommage qu’il y ait des jeunes qui disent que le PAEEJ exigent beaucoup de documents, ou encore une grande liste d’éléments à compléter en ligne, pour avoir un financement de 50 millions par exemple. C’est insensé », déplore le coordinateur.  

 

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