Certains d’entre nous, avons suivi, avec le plus grand des intérêts, les récentes échéances électorales françaises, comme si c’était chez nous. Sacrés citoyens du monde ! Aucune seconde du débat politique en France ne nous a échappé. Voici ce que j’en ai retenu.
C’était bon, marrant. Du bilan du président sortant à la guerre entre l’Ukraine et la Russie en passant par les défis socio-économiques internes à la France, nous avons tout appris, tout compris. Certains de mes amis avaient même leurs candidats.
Au-delà de l’engouement que les uns et les autres portaient aux débats politiques, chez nous et dans le monde entier, en dehors des intérêts géopolitiques qui connectent les peuples en brisant parfois les frontières, j’ai lu une soif dans cet atmosphère que les Français viennent de nous faire vivre à distance. Les Burundais ont soif. Soif du débat, du choc des idées, en politique comme en socio-économie.
Chers Européens…
J’ai envie de dire mes remerciements aux politiciens européens en général, et aux Français en particulier. N’en déplaise à nos (pseudo) panafricanistes, nous avons encore beaucoup de choses à améliorer, dans notre famille.
D’abord, la vision. Les candidats avaient chacun une certaine manière de voir les choses. Cela n’a pas occasionné des assassinats entre concitoyens, des disparitions forcées ou des heurts entre partisans. Au contraire, le débat était chaud et tous les coups semblaient être permis, pourvu que cela respecte l’intégrité physique et la réputation des uns et des autres.
Les journalistes, eux, étaient juste fascinants. Ils posaient les questions qu’il fallait, que ce soit à Macron, à Marine Le Pen ou à Eric Zemmour, évidemment sans la crainte que cela soit leur dernière fois de décrocher une interview auprès de cette personnalité. D’ailleurs, les candidats avaient eux-mêmes peur de certains plateaux, sachant qu’aucune question ne devrait être loupée.
Des leçons à qui mieux mieux
J’ai aimé depuis le début, mais j’ai attendu jusqu’à la fin. La fin de tout, la proclamation du gagnant de ce joyeux combat politique. Il y a eu des rumeurs sur une tentative de contestation des résultats, mais cela n’a duré que le temps de la rosée. Comme quoi l’essentiel n’est pas dans qui dirige la nation, mais surtout dans qui la dirige bien? J’ai admiré le fait que pour les Français, la patrie passe avant les partis.
Chez nous autres, Burundais, le débat politique, discuter des questions en rapport avec l’économie ou le social, c’est devenu une réserve des téméraires. Même le peu de liberté que nous avions à une certaine époque du passé est tombé dans les oubliettes. Les journalistes et les médias exercent leur métier avec la peur de toucher les sujets « qui frustrent » ; sûreté et sécurité obligent. Un politicien qui ne partage pas la même vision pour le pays est un ennemi à abattre chez ses concurrents politiques. Le chemin à parcourir est encore long, très long.
Ces élections n’auront fait qu’éveiller en moi un sentiment de nostalgie. Si seulement nos politiciens en avaient tiré des leçons, comme moi.
Ce sont ces pays d’Europe et les États-Unis qui soutiennent indéfiniment nos dictateurs africains et leur police pour nous museler, sinon…