Le paiement des dossiers judiciaires, les redevances de la municipalité, et autres se fait à l’Office Burundais des Recettes (OBR). Et quand vient le moment de payer son diplôme, on dirait qu’on n’est pas pris en compte. Ceci est une mésaventure d’une étudiante dépitée qui a passé des jours et des jours pour décrocher son diplôme d’Etat.
7 h 30 du matin. Je prends la moto, direction l’OBR. Je boycottais la classe ce jour-là. Tant pis pour l’appel. J’y vais croyant être parmi les premiers. Pauvre de moi, une foule est déjà amassée dans la cour de l’office. Je me dirige vers les autres pour enregistrer mon nom. Je reçois le numéro 77. Un ami à moi me voit et commence à rire : «Tu viens d’arriver ? Je te plains. Je suis là depuis 5 h15 min et je suis le 21ème. Je pense que je vais être reçu après la pause de midi et toi t’es la 77ème (rire)? Tu peux rentrer chez toi pour revenir demain ». Je souris, mais le cœur n’y est pas. C’est la 3è fois, je me présente à cet office.
Nous voilà donc à attendre. D’autres personnes arrivent en masse, les unes rentrent découragées vu la lenteur de l’accueil. La veille, seulement treize personnes avaient été accueillies tout l’avant-midi et quelques-uns dans l’après-midi. Mais très déterminés, nous nous installons à l’écart avec d’autres personnes pour bavarder, histoire de ne pas s’ennuyer.
Nous voilà donc à attendre. J’espère aujourd’hui décrocher la lune, car je suis le 16ème », nous raconte quelqu’un en riant tout en se moquant de moi qui me lamentais de ma troisième fois à l’OBR. De quoi me donner matière à réfléchir. «Mais pourquoi, c’est si lent ? Ce n’est qu’un nom à mettre dans l’ordinateur et c’est fini, non?», me demande-je. La même personne me répond : « Il n’y a qu’une seule personne pour nous accueillir et en plus de cela, il y a certaines personnes qui viennent pour chercher beaucoup de reçus, tout comme il y en a qui passent à côté des files » (si vous voyez ce que je veux dire).
Finir par se lasser
Impossible pour nous de prendre notre mal en patience. Petit à petit, le groupe se désintègre. Certains abandonnent, d’autres rentrent pour revenir dans l’après-midi. Des têtes affamées peuplent la cours de l’OBR. Celui qui enregistre prend une pause. Il n’a pourtant accueilli que quinze personnes. Mon espoir se meurt petit à petit. Une dernière personne accueillie sort en disant : « Jewe kiraciyemwo » (moi, je viens d’avoir ce que je cherchais). On comprend vite comment il a procédé. Il revient vers nous pour nous dire qu’il y a quelqu’un qui pourrait nous aider : « C’est simple, c’est 2.000 BIF par bordereaux et on a son reçu dans l’après-midi vers 15h ». Un sentiment de révolte et de colère m’anime. Je prends une moto pour rentrer. Aucune chance pour moi.
Sur le chemin, je me demande où on va alors que recevoir un simple reçu pour son diplôme d’Etat demande des semaines et des semaines pour une histoire de manque de personnel et de la récurrente question des dessous-de-tables ? Équité, où t’es ?