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L’institution d’Ombudsman : jeter le bébé avec l’eau du bain ?

Le 17 Novembre, les deux chambres du Parlement du Burundi ont approuvé Mme Aimée-Laurentine Kanyana comme troisième Ombudsman de la République. Plus de 15 ans après la mise en place de cette institution, sert-elle vraiment à quelque chose ?, s’interroge ce blogueur. 

L’ancienne ministre de la Justice et actuelle cheffe de cabinet civil adjointe du président Evariste Ndayishimiye s’est confortablement installée dans le fauteuil laissé par Edouard Nduwimana (lui aussi ancien ministre de la justice). Avant, Mohammed Rukara avait été le premier à occuper ce poste. Sa mission de médiation, bien que figurant dans la Constitution de la République, est-elle devenue anachronique, comme le disent certains ? 

Le pays s’est doté de mécanismes qui laissent planer des doutes sur le rôle et l’importance de la mission de médiation de l’Ombudsman. La communication avec la présidence ou les ministères est devenue directe depuis 2020, lors qu’a été supprimé le ministère de la Bonne Gouvernance. Même le petit paysan du Burundi profond peut connaître le numéro de téléphone du Président et des ministres. A tous les niveaux, des missions d’écoute des doléances des populations sont régulièrement organisées. De qui, l’Ombudsman est donc médiateur ? 

On pourrait conclure que les autres missions de l’Ombudsman se gèrent au sein des ministères, comme celui de la Justice, et dans certaines institutions étatiques comme le Conseil National des Droits de l’Homme (CNIDH), etc. 

Un épouvantail ?

Quel est, dans ce cas, ce citoyen qui ira trouver l’Ombudsman, un homme qui vient protocolairement en bonne place, mais dont le travail ne se résume qu’à rédiger des recommandations qui, pour la plupart, restent lettre morte ? 

L’Ombudsman semble être lui-même conscient que son pouvoir est symbolique et protocolaire. Récemment, lorsque les motards et les chauffeurs de tricycles sont allés lui exposer leur problème au sujet de la nouvelle délimitation du périmètre interdit à la circulation de leurs engins, l’Ombudsman n’a pipé mot. 

Là où le bât blesse est que cette institution aux résultats moins probants est dotée d’un budget plutôt conséquent de plus de 1,5 milliards Fbu, soit 61.620 pupitres, à raison de 25 mille Fbu le banc-pupitre. 

Il est donc regrettable que les élus députés et les honorables sénateurs aient approuvé la reconduction pour encore 6 ans d’une institution aussi inutile et dont même le bilan de son prédécesseur – autant que le premier – est mitigé. L’institution de l’Ombudsman et d’autres organisations étatiques peu productives devraient être tout simplement supprimées. 

Un rejeton  de l’Accord d’Arusha

Pour rappel, l’institution de l’Ombudsman est apparue dans le paysage politique burundais en vertu de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi signé en 2000. Cet accord fixait les institutions qui devraient être mises en place dans l’optique de mettre fin à la guerre civile consécutive au putsch sanglant de 1993. Sa mission est consignée dans l’article 243 de la loi fondamentale burundaise. 

 

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